« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Cette expression de Francis Bacon, est tirée de son Essai sur l’athéisme écrit au 16e siècle. Cette maxime a été reprise de nombreuses fois au cours des campagnes politiques des derniers siècles et tristement utilisée par des régimes autoritaires pour discréditer un groupe ou une personne.
La semaine dernière, un raz-de-marée médiatique a submergé les Français autour des soupçons d’emploi fictif pesant sur Penelope et François Fillon. Face à cet emballement médiatique de grande ampleur, il a été difficile pour tout le monde de ne pas aller dans le sens du courant. Essayons pourtant de le faire et regardons quelques éléments de l’affaire selon un autre point de vue. En effet, certaines annonces des médias ne collent pas avec des faits que l’on aurait contextualisés.
La première pierre du soit-disant scandale a été lancée par l’édition du 25 janvier du Canard Enchainé. L’hebdomadaire satirique titrait « Les 600 000 euros touchés par Pénélope qui empoisonnent Fillon » (le chiffre a été ramené à 800 000 euros brut dans l’édition du 1er février), décrivant un possible emploi fictif de la femme de François Fillon entre 1988 et 2013 et avoisinant des sommes, prises en une fois, substantielles. S’en est suivi un emballement de la sphère médiatique et du web.
S’il faut attendre la décision de justice et en espérant qu’elle soit impartiale, on s’aperçoit que l’affaire a été « grossie » par la plupart des médias pour la rendre plus sensationnelle qu’elle ne l’est en réalité. Il est possible de vérifier facilement que la somme de 800 000 euros brut avancée par le Canard Enchaîné, une fois ramenée à un salaire mensuel, revient à une somme moyenne de 3700 euros net (Penelope Fillon est diplômé en droit et en lettres) – ceci en se basant sur une période de 15 ans de mission parlementaire entre 1988 et 2013, avec bien sûr des différences en plus ou en moins selon les années. Dire que Pénélope Fillon a touché 800 000 euros d’argent public et dire que Penelope Fillon a travaillé 15 ans pour son mari pour un salaire de 3700 euros net par mois en moyenne, n’a pas du tout la même portée en terme médiatique. Pourtant laquelle de ces deux assertions est la plus vraie ?
Le 2 février, France 2 diffusait dans l’émission Envoyé spécial une interview en anglais de Penelope Fillon, accordée en 2007 au quotidien britannique The Sunday. Dans cette interview, juste après avoir dit qu’elle suivait son mari dans des meetings et aidait à sa campagne, Penelope Fillon a répondu qu’elle n’était pas l’ « assistante » de son mari. Encore une fois, les médias s’emballent. Or, le mot « assistant » en anglais n’a pas la même signification que le mot « assistant » en français. En effet, en anglais, il signifie « secrétaire » et non « assistant parlementaire » et mis dans le contexte de l’interview la signification de sa réponse est bien différente. En France, secrétaire ou assistante sont des postes bien différents, mais peu de médias ont relevé cette subtilité présente dans la traduction.
Ces hypothèses ont été avancées lors de l’émission d’Yves Calvi, 24h en question: « Fillon, avis de tempête » diffusée le 3 février sur LCI. Aujourd’hui, le monde est polarisé par l’information continue et l’internet, eux-mêmes basés sur la réactivité et l’émotivité du moment. Alors une rumeur de ce type peut se transformer en ce qui ressemble de très près à un lynchage médiatique sur la personne des époux Fillon.
Mais dans un État de droit, dans une démocratie, aucun lynchage ne peut être justifié. Il en existe toujours des raisons sous-jacentes obscures. Sur cette affaire, les médias ont choisi dès le début une grille de lecture basée sur la culpabilité des personnes, en oubliant la présomption d’innocence et en se basant sur des éléments caricaturés. Il existe une expression connue parmi les organismes de propagande : « Un mensonge répété dix fois reste un mensonge, répété dix mille fois il devient une vérité ». Toute démocratie devrait avoir la maturité de reconnaître ces procédés de calomnies dignes des régimes autoritaires du siècle dernier et plus loin encore.
Si il faut attendre la décision de justice pour connaître l’innocence ou la culpabilité des intéressés et sans en présumer les conclusions, on peut néanmoins se demander comment une propagande anti-Fillon d’une telle ampleur a-t-elle pu se mettre en place dans les médias et si la grille de lecture utilisée était vraiment impartiale.
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Quand on connaît les sommes colossales d’argent public versées aux médias chaque année – près de 130 millions d’euros par an (dont le Canard Enchaîné), on peut de l’autre côté se poser légitimement la question de leur pertinence et si ces sommes sont bien utilisées.
Il reste bien sûr des éléments que l’enquête devra éclairer comme le fait que Penelope Fillon n’ait pas eu – semble-t-il – de badge et d’adresse email de l’Assemblée, mais sans courir après des raccourcis, d’autres réponses sont aussi possibles pour l’expliquer…
Note de la rédaction : Dans cet article, nous nous sommes interrogés sur la manière dont la propagande anti-Fillon s’est mise en place dans les médias. Nous n’avons pas tous les éléments de l’affaire. Notre grille de lecture a été aidée par la lecture de l’éditorial des 9 commentaires sur le parti communiste publié en 2004 par Epoch Times, qui détaille les différents méthodes de propagande et de calomnie utilisées par le régime communiste chinois et leurs différentes manifestations jusqu’à aujourd’hui.
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