Bo Xilai condamné à la prison à vie

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
23.09.2013
  • Bo Xilai entre deux policiers lors de son jugement à Jinan, capitale du Shandong (Weibo.com)

Bo Xilai, qui – de mémoire récente – est le politicien le plus important du Parti communiste chinois à avoir été purgé dans le cadre d’une lutte politique, a été condamné à la prison à vie le 21 septembre. Ses droits politiques lui ont été retirés et tous ses biens personnels seront également confisqués. La peine a été prononcée par la Cour populaire intermédiaire de Jinan et diffusée par le biais du compte Weibo (le Twitter chinois) de l’institution, à la fin d’une décision de neuf pages expliquant les détails de la poursuite contre Bo et reposant sur les crimes de «subornation, corruption et abus de pouvoir».

Le procès de Bo Xilai et les événements extraordinaires qui ont mené au procès ont été suivis de près par les observateurs de la Chine durant la dernière année. Le cas de Bo était extrêmement important pour le système politique chinois en raison du danger qu’il représentait pour la direction centrale.

L’annonce du jugement de Bo Xilai le 22 septembre a été précédée d'un niveau intense de spéculations, de discussions et de suspense.

La seule et unique source d’information concernant ce procès était le compte Weibo de la Cour  populaire intermédiaire de Jinan, la capitale de la province du Shandong. Weibo est une plateforme populaire de microblogue en Chine.

Un peu passé 10 heures, le tribunal a affiché sur son compte Weibo : «Le juge président lit la décision.» Dans les minutes suivantes, cette phrase a été retransmise plus de 4000 fois par les utilisateurs.

La décision a été publiée en neuf segments, chacun d'eux étant retransmis des milliers de fois. Une photo de Bo Xilai, debout entre deux policiers plus grands que lui (peut-être par exprès) a également été diffusée.

Dans la décision, le juge a réfuté, page après page, les arguments combatifs de Bo en expliquant pourquoi toutes les accusations étaient maintenues et soutenues par les preuves fournies. «Les arguments et la défense du défendeur et de son avocat ne peuvent être prouvés, et ce tribunal ne les accepte pas», a répété la décision plusieurs fois.

Le tribunal a déclaré que Bo était coupable d’avoir accepté des pots-de-vin de 20 millions de yuans (3,2 millions de dollars), d’avoir détourné 5 millions de yuans (816 000 dollars) et d’avoir abusé de son pouvoir dans le cas de l’assassinat de Neil Heywood, commis par son épouse. De nombreux analystes ont fait remarquer la petite quantité des sommes annoncées, alors qu'on rapporte que des responsables du Parti communiste au niveau des villages s'enfuient avec des centaines de millions de dollars.

«Ce résultat correspond essentiellement à ce que tout le monde attendait», a déclaré dans un entretien téléphonique Shi Cangshan, un analyste indépendant des affaires du Parti et habitant à Washington. M. Shi a affirmé que les accusations auxquelles Bo faisait face aboutissent rarement à la peine de mort, ce qui éliminait la possibilité de le voir être condamné à mort avec sursis.

Avant le 6 février 2012, Bo était connu seulement comme un dirigeant du Parti communiste, ostentatoire et à l’humeur changeante, qui gouvernait la mégapole de Chongqing dans le Sud-Ouest. Il incitait la population à entonner des chants communistes révolutionnaires, à l'instar des rassemblements et défilés de l'air maoïste, et s'en prenait vicieusement à ses adversaires politiques qu'il qualifiait de bandits. Ses services de sécurité, dirigés par son bras droit de longue date Wang Lijun, obtenaient sous torture des confessions de ses compétiteurs d'affaires tout en leur confisquant leurs avoirs.

Cette campagne s'appelait «chanter le rouge [communisme] et frapper le noir [les soi-disant criminels]».

Puis, en février, Wang Lijun a tenté de faire défection au consulat américain à Chengdu, soit à plusieurs heures de route en voiture. Le consulat s’est rapidement retrouvé entouré de véhicules paramilitaires, grâce au soutien de l’un des puissants dirigeants collaborant avec Bo, Zhou Yongkang, l’ancien chef de la sécurité du pays. Plus d’une trentaine d’heures après son arrivée, les responsables américains ont laissé aller Wang, le remettant aux agents de la sécurité centrale du Parti et non aux forces alliées à Bo Xilai et Zhou Yongkang.

Le récit propagé ensuite par les organes de propagande du Parti communiste, et tacitement accepté par les médias occidentaux, fut que Wang Lijun s’était rendu au consulat américain pour dévoiler la tentative de dissimulation de l’assassinat de l’homme d’affaires britannique Neil Heywood, commis par la femme de Bo, Gu Kailai, homme d’affaires avec qui elle était impliquée.

Les cinq jours de procès de Bo, en août, ont été remplis de drames concernant le triangle Wang-Bo-Gu, qui impliquerait une histoire d’amour, mais aussi concernant la dynamique familiale entre Bo Xilai, son épouse et son fils, Bo Guagua, étudiant actuellement à l'école de droit de l'Université Columbia à New York.

Époque Times a rapporté, en se basant sur des informations fournies par des sources en Chine, que Bo faisait partie d'un complot avec d’autres hauts responsables du Parti pour s’emparer du pouvoir. Un des membres principaux de cette alliance était Zhou Yongkang. Zhou est maintenant, selon de récentes révélations, au centre d'une convergence d'enquêtes sur la corruption. Elles portent sur les divers portefeuilles qu'il a tenus au cours de sa carrière, notamment ceux de l’industrie pétrolière et de la province du Sichuan.

Zhou et Bo étaient au cœur de la tentative de l’ex-chef du Parti Jiang Zemin de conserver un fort niveau d’influence dans les opérations du régime, plus d’une décennie après que ce dernier ne tient plus de poste officiel. Cela cadrait avec les tentatives de Jiang Zemin visant à s’assurer que les éléments importants de son héritage politique, en particulier la persécution de la discipline spirituelle Falun Gong, ne soient pas renversés par les prochains dirigeants.

Version en anglais: Bo Xilai Is Sentenced to Life in Prison

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