Au moment des manifestations pro-démocratiques de 1989 en Chine, Wang Youqun commençait juste sa thèse de doctorat sur la divergence théorique entre la République Fédérale de Yougoslavie socialiste de Josip Tito et l’Union Soviétique.
Les années 80 ont été une décennie de relative liberté en Chine – la Révolution Culturelle était terminée, le pays était reconstruit et ses habitants se demandaient en eux-mêmes à quelle sorte de pays ils allaient aspirer. En même temps, il était difficile d’ignorer les problèmes sociaux et politiques provoqués par une élite communiste corrompue et retranchée.
Comme les étudiants idéalistes sur la Place Tiananmen, Wang a également voulu faire quelque chose au sujet de la corruption endémique en Chine. Mais il a gardé la tête baissée et a décidé de l’attaquer de l’intérieur : en travaillant dans la commission disciplinaire interne du Parti Communiste Chinois (PCC).
Il est finalement devenu un lieutenant clé de Wei Jianxing, chef de l’unité d’investigation interne du Parti et membre du Comité permanent du Politburo, au premier échelon du Parti, l’accompagnant aux réunions les plus secrètes et rédigeant ses discours.
Dans les années 1990, Wang a commencé à pratiquer des méthodes énergétiques traditionnelles chinoises, appelées qigong, qui étaient alors populaires dans le pays. En 1995 il a commencé à pratiquer le Falun Gong, qui est rapidement devenue l’école de qigong la plus populaire en Chine. Les gens étaient attirés par ses enseignements moraux et les améliorations de santé dont ses pratiquants faisaient souvent l’expérience.
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L’élément personnel dans la politique chinoise
Le Falun Gong est une méthode de xiulian – un terme qui se réfère à la transformation par la discipline morale et des exercices méditatifs. Ses pratiquants cherchent à s’assimiler aux principes de vérité, compassion et patience dans la vie quotidienne et voient les difficultés qui leur arrivent comme des opportunités pour s’améliorer intérieurement. Il comprend cinq exercices doux.
Depuis le 20 juillet 1999, le Parti Communiste Chinois a engagé une campagne obsessionnelle pour éliminer la pratique. Il a eu pour cela beaucoup plus de mal que prévu. Les commandes ont été données par l’ancien chef suprême Jiang Zemin, qui se serait senti personnellement insulté par la popularité du Falun Gong. « Se peut-il que nous, des membres du Parti communiste, armés du marxisme, du matérialisme et de l’athéisme, ne puissions pas vaincre cette sottise de Falun Gong ? » avait-t-il écrit dans une lettre distribuée aux membres les plus importants du Parti communiste.
Ceci a déclenché une catastrophe pour les droits de l’homme et lancé la plus grande campagne de mobilisation sécuritaire en Chine depuis l’ère maoïste. Dans le style classique d’un mouvement de masse de type maoïste, pratiquement tout le monde dans la société a été inondé par la propagande anti-Falun Gong et devait manifester son positionnement pour ou contre lui. Des élèves ont été forcés de signer une déclaration identifiant la pratique comme « religion déviée », lors de leur premier jour d’école. Des pratiquants ont été isolés, poursuivis, emprisonnés et torturés.
Des membres importants du Parti et d’anciens fonctionnaires n’ont pas été laissés de côté. De nombreuses familles avaient des proches qui pratiquaient, ils furent considérés comme des ennemis du jour au lendemain.
C’est pour cette raison que beaucoup de pratiquants considèrent cette campagne à leur encontre comme une sorte de seconde Révolution Culturelle. Le premier mouvement de cette politique de masse est largement compris aujourd’hui en Chine et à l’étranger, mais pas le second. Les cibles de cette campagne restent toujours dans l’ombre, parce qu’ils sont encore considérés comme des ennemis.
Le Parti continue en effet à traiter les pratiquants comme des parias en Chine et ce positionnement officiel a déteint sur comment l’histoire du Falun Gong est racontée – ou plutôt passée sous silence – en Occident.
Nombre de ceux qui se concentrent sur les affaires de la Chine n’ont pas une conscience aussi aiguë des histoires et luttes de la population que Wang Youqun, et échouent donc à voir la signification de la campagne anti-Falun Gong, ainsi que dans quelles proportions la persécution du Falun Gong reste un sérieux problème moral et social dans la Chine contemporaine.
Wang, au moins, semble avoir fait entendre sa voix.
Pendant près d’une décennie, il a écrit des lettres aux cadres du Parti à la retraite et aux membres les plus hauts placés du Parti, défendant le Falun Gong, déclarant son innocence et condamnant la soif de pouvoir de Jiang Zemin. Il écrivait ces lettres dans son appartement fourni par l’État à Pékin, dans lequel il lui a été permis de rester neuf ans après le début de la persécution. Wang attribue ce cas remarquable de clémence à la protection de son propre patron, Wei Jianxing.
Tout en étant chef de l’appareil disciplinaire de Parti, Wei faisait parti d’ un comité qui surveillait le système de sécurité. En 1998, Wang a personnellement livré à Wei, pendant le déjeuner, une lettre au sujet des bénéfices du Falun Gong, demandant à ce qu’il fasse quelque chose pour dissiper la pression appliquée sur celui-ci par ses opposants idéologiques.
Wang a été le premier membre de Parti à être expulsé en raison de ses relations au Falun Gong. « Toutes les unités de travail de l’administration centrale ont eu un rassemblement durant lequel mon nom a été cité. » C’est une technique classique de lutte politique dans l’histoire communiste, dans laquelle des membres du parti rétifs sont choisis et transformés en « exemples négatifs. »
Wang a été emprisonné durant environ quatre mois, contrôlé 24 heures sur 24 et soumis à des sessions d’interrogation intensives. En 2008 – lorsqu’il a écrit une lettre de trop – il a été condamné d’ « utiliser un organisme religieux hétérodoxe pour miner l’application de la loi » et condamné à quatre ans d’emprisonnement. Avant d’entrer réellement à la prison de Qincheng à Pékin, il avait déjà passé plus de 532 jours en centres de détention.
À New York depuis début 2015, il continue sa campagne d’écriture de lettres, expédiant des missives aux cadres du Parti à la retraite et s’adressant au chef du Parti Xi Jinping dans des éditoriaux détaillés.
Wang maintient que son cas est instructif par ce qu’il démontre au sujet de l’élément personnel dans la politique chinoise. Que son patron ait été en mesure de le protéger du pire de l’un des mouvements politiques les plus vicieux du Parti, montre bien le rôle colossal des personnalités dans la détermination de comment et quelles politiques sont formulées et implantées.
La « Chine est une société régulée par l’homme, pas une société régulée par la loi, » explique Wang.
Tandis qu’il est courant parmi les chercheurs occidentaux de mettre l’accent sur la nature institutionnalisée de la campagne anti-Falun Gong et sa continuité politique sur plus de trois chefs du Parti – Jiang Zemin, Hu Jintao, et maintenant Xi Jinping – pour Wang, saisir la signification de l’élément personnel est l’élément clé.
« Le cœur de la question est Jiang Zemin. Peu d’autres ont réellement eu de mauvaises pensées au sujet du Falun Gong. »
Et c’est cela qu’il espère devenir une faille dans le blindage du Parti communiste, afin de permettre une possibilité de changement réel.
Coups de balai anti-corruption
Il y a des signes, en fait, qu’un tel changement est déjà en cours. Tandis que des observateurs se sont concentrés sur la poursuite de la persécution depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping vers la fin 2012, les changements dans les coulisses ont été tectoniques dans les secteurs de l’appareil politique chinois qui touchent à la persécution du Falun Gong.
Celles-ci ont commencé par les arrestations et les poursuites de Zhou Yongkang et Bo Xilai, l’ancien tsar de la sécurité et son remplaçant présumé, qui ont eu lieu de 2012 à 2015. L’arrestation et l’emprisonnement de l’un ou l’autre de ces derniers – en particulier Zhou – avaient été largement considérés comme inconcevables avant qu’ils aient vraiment eu lieu.
Zhou était sans aucun doute un des hommes les plus puissants en Chine, peut-être encore plus que le leader suprême réel étant donné son contrôle sans restriction sur un appareil de sécurité dont le budget dépasse celui des forces armées, et dont le pouvoir avait été en mesure de se développer sans entrave durant plus d’une décennie.
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Zhou Yongkang et Bo Xilai ont tous deux été pistonnés dans le système par leur patron, Jiang Zemin, et ont tous deux ardemment mis en application ses politiques anti-Falun Gong avant d’être introduits dans l’administration centrale par Jiang, comme récompense.
Dans la province de Sichuan, par exemple, Zhou, comme secrétaire provincial du Parti, avait régulièrement parlé au sujet du besoin de tous les bureaux de joindre le « combat contre le Falun Gong. »
Selon le journaliste chinois respecté Jiang Weiping, dont la biographie de Bo Xilai l’a mené en prison, Bo a été ordonné par Jiang Zemin : « Vous devez montrer votre dureté en traitant le Falun Gong… Ce sera votre capital politique. » Jiang Weiping vit maintenant en exil au Canada.
Le système de camp de travail (laogai), un des outils principaux pour détenir les pratiquants, a également été supprimé vers fin 2013. Cet appareil avait les moyens les plus commodes pour persécuter le Falun Gong et les rapports des médias chinois ont alors rapporté l’énorme résistance interne à son abolition en raison du grand nombre de pratiquants du Falun Gong détenus par eux. (Depuis, d’autres moyens de détention moins formels ont été utilisés.)
Même Li Dongsheng, le chef du Bureau 610 – un organisme secret au plus haut niveau du Parti, chargé de superviser et de coordonner la campagne anti-Falun Gong – a été purgé. Avant sa destitution, Li Dongsheng a rarement utilisé publiquement le titre de l’agence secrète ; il se faisait plutôt appelé vice-ministre de la sécurité publique, son poste d’État officiel. Mais lors de l’annonce de sa purge, c’est son titre du Bureau 610 qui a d’abord été mentionné.
« Je pense qu’il y a une véritable ambiguïté au sujet de ce que tout cela signifie, » a déclaré Andrew Junker, un sociologue à l’Université de Chicago qui écrit un livre concernant le Falun Gong, dans un entretien téléphonique. « Mais cela semble indiquer la possibilité d’un changement politique. »
Il a ajouté que les développements « sont vraiment une chose curieuse et que les décisions pourraient potentiellement mener à une réforme autour de la politique sur le Falun Gong… » « Que signifie le fait que Li Dongsheng ait été déchu du pouvoir ? Est-ce que c’est une coïncidence ? Est-ce une bataille entre factions, ou est-ce aussi au sujet du Falun Gong ? C’est pour le moins ambigu, et cela laisse place à l’interprétation. »
Dans un mouvement oblique, Zhou Yongkang a même été blâmé pour les prélèvements forcés des organes de prisonniers.
Dans une interview faite en 2015 avec la télévision de pro-Pékin Phoenix, Huang Jiefu, le porte-parole du système de greffe en Chine, a fait remarqué : « C’est juste trop évident. Chacun connaît le grand tigre. Zhou Yongkang est le grand tigre. Zhou était notre politicien et représentant légal, initialement un membre du Comité permanent du Politburo… Alors, quant à savoir d’où les organes de prisonniers viennent, n’est-ce pas très clair ? »
Il a ajouté, au sujet de l’industrie de transplantation d’organes : « Elle est devenue dégoûtante. Elle est devenue macabre et insoluble. Elle est devenue extrêmement sensible et extrêmement compliquée, fondamentalement une zone interdite. »
En tout cas, les commentaires de Huang n’ont pas fait mention du Falun Gong. Mais ses déclarations explicites étaient exceptionnelles et ouvrent la possibilité que s’il force la main, le Parti communiste pourrait examiner les crimes de Zhou et de ses alliés pour prendre des mesures.
Les promesses publiques au sujet de l’arrêt de l’utilisation des organes de prisonniers pour des greffes et les reconfigurations récentes dans la gestion des hôpitaux militaires – qui passaient pour être les emplacements principaux des prélèvements d’organes – sont deux autres indications subtiles qu’un nettoyage et une dissimulation des prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong peuvent être en cours.
La charge de prélèvements d’organes systématiques et à une échelle industrielle a toujours été le plus extrême et le plus incroyable des crimes que le Parti passe pour avoir commis envers les pratiquants de Falun Gong. Les révélations d’un génocide médical à grande échelle pourraient avoir d’énormes répercussions pour la légitimité du parti communiste à l’intérieur de la Chine et internationalement.
Sous les projecteurs
Au cours des deux dernières années, l’histoire du Falun Gong a plus suscité l’attention internationale qu’à n’importe quel autre moment depuis le début de la persécution en 1999. Particulièrement, des preuves que des vols d’organes sont effectués à grande échelle ont eu un grand impact sur le public international.
Le signe le plus clair de la lente acceptation internationale de la réalité de ce crime sont un certain nombre de reconnaissances publiques au cours de l’année passée, y compris l’introduction d’une résolution du Congrès américain et deux récompenses majeures – le Peabody et l’AIB Award – données au documentaire « Human Harvest», un film dirigé par Leon Lee, réalisateur à Vancouver.
Le Peabody Award est souvent décrit comme l’équivalent médiatique du Prix Pulitzer et exige le support unanime d’un jury distingué. Ils ont qualifié le film d’« exposé d’un système hautement profitable et monstrueux de donation obligatoire d’organe. »
« Alors que les pratiquants de Falun Gong racontent leurs histoires par différents moyens, les gens vont finir par connaître la persécution, » a déclaré Lee lors d’un entretien téléphonique.
Lee est un représentant d’une nouvelle génération de narrateurs qui expose les crimes commis contre les pratiquants de Falun Gong d’une façon qui touche le public occidental éduqué.
Nombre de pratiquants qui sont venus dans les pays occidentaux ont été bien intégrés en Chine et comme des activistes démocratiques de la première génération, ils utilisent parfois un mode de communication peu familier à ceux utilisés dans leurs pays d’accueil.
De plus, en partie parce que le Falun Gong n’est pas une pratique institutionnalisée – il n’a aucune adhésion, financement ou organisme central –, il manque d’un appareil formel de relations publiques. Il se fonde sur des groupes de volontaires pour effectuer le travail de sensibilisation sur des représentants du Congrès, de mise à jour des informations, d’organisation des événements, ou de communication aux journalistes.
Mais l’apparition sur la scène d’Anastasia Lin, une pratiquante de Falun Gong qui a été nominée Miss Monde Canada en mai 2015, a soudainement attiré l’attention du monde entier sur la pratique.
Après avoir essayé d’assister au concours de beauté tenu à Sanya, en Chine, elle a été renvoyée à l’aéroport de Hong Kong, attirant l’attention des médias internationaux. Dans ses interviews, ses discours et ses apparitions télévisuelles, Lin, qui est née en Chine mais qui a grandi au Canada, a projeté un visage nouveau, non conventionnel et rafraîchissant à la pratique.
Lin n’est ni une porte-parole du Falun Gong ni une experte en la matière, mais la nouveauté de son cas l’a poussée sous les projecteurs. Elle a eu des dizaines d’apparitions dans de grands médias, y compris son histoire en première page du New York Times. Elle a été décrite comme « charismatique, prudente et présentant bien dans les médias… un cauchemar pour les relations publiques de Pékin. »
Dans une interview récente, Lin a de nouveau fait remarquer que dans ses rencontres avec des journalistes et des chercheurs, elle a souvent rencontré un manque général de connaissance sur la pratique. Certains ne savaient pas, par exemple, que le Falun Gong n’a aucune structure organisée formelle, ou quels sont ses principes. « Ce n’est pas de leur faute. Les pratiquants n’ont pas mis en marche une campagne à grande échelle de relations publiques. Ne pas y être familier va aussi : cela nous donne l’occasion de devenir familiers. »
Beaucoup de pratiquants chinois sont venus en Occident comme réfugiés et utilisent ainsi « des mœurs très chinoises, » explique-t-elle. « Cela ne fonctionne pas ici. » Il y a, naturellement, beaucoup d’occidentaux qui pratiquent le Falun Gong, « mais eux travaillent à plein temps. Ils ne passent pas toutes leurs journées sur cette question. »
Cependant, Lin dit qu’elle a entendu dire par des amis que l’image publique du Falun Gong avait changé, et qu’elle devenait maintenant plus proche de ce qu’elle était avant le début de la persécution. L’émergence de Lin dans les plus hautes instantes à l’étranger en tant que pratiquante du Falun Gong et sa propre personnalité – ardente, pétillante, droite – cassent les stéréotypes les plus ancrés.
Un appétit réduit pour le massacre
Au final, bien entendu, les questions clés sur comment le Falun Gong est perçu, reviennent aux pratiquants en Chine et à la situation de la campagne anti-Falun Gong là-bas.
Le tableau est mitigé. L’année passée, un grand nombre de pratiquants en Chine ont porté plainte contre Jiang Zemin, décrivant comment la persécution qu’il a initiée, avait causé la dévastation financière, la torture et les décès de parents. En Chine du nord-est en particulier, épicentre de la persécution, la réaction à ces plaintes légales a été brutale.
En septembre dernier dans la province de Liaoning, comme punition pour avoir soumis une plainte contre Jiang, les policiers ont poussé le pratiquant de Falun Gong Wu Donghui en bas d’un escalier sur son lieu de travail. Plus tard, ils ont extorqué 15 000 yuans à son père (l’équivalent de 2000 €, soit environ 25% du salaire annuel moyen pour un travailleur urbain en Chine).
En janvier, Chen Jing de la ville de Jiamusi sur la bordure sibérienne, a été placée en garde à vue et torturée : elle a été courbée en arrière, a eu les pieds et les mains fixés ensemble par une corde, et a alors été attachée en hauteur à un tuyau.
Cette torture atroce a été répétée de nombreuses fois afin d’essayer de la faire incriminer ses compagnons de pratique. Un policier a alors brisé tous ses doigts, selon un compte-rendu publié sur Minghui.org, qui collecte des informations de première main sur la persécution en Chine.
Mais ces cas doivent être contrebalancés par des expériences comme celle de Shen Xiayun, la belle-mère de la célébrité de Youtube Ben Hedges, dont l’émission « La vision d’un occidental sur la Chine » est transmise sur New Tang Dynasty Television.
Sheng, également en Chine du nord, n’a été ni battue ni torturée. Au lieu de cela, les 10 jours qu’elle a passé en détention après avoir déposé une plainte légale contre Jiang Zemin a semblé être une affaire pour la forme : il lui a été permis de faire les exercices de Falun Gong en détention et elle a même pu récité les enseignements du Falun Gong. Lorsque qu’elle a été relâchée, son ordinateur confisqué lui a été rendu.
« La police traite mieux les pratiquants de Falun Gong ces jours-ci, » a-t-elle indiqué lors d’un entretien téléphonique. « Ils savent que les pratiquants sont de bonnes personnes qui ont été calomniés. Parfois ils n’essayent pas de vous arrêter si vous dites la vérité au sujet du Falun Gong. Il y a des policiers qui connaissent la vérité. »
D’autres ont été en mesure de déposer leurs plaintes légales contre Jiang sans vivre de harcèlement. Il y a 10 ans, faire ceci équivalait à la peine de mort.
« Le Parti n’a pas établi une politique claire depuis le sommet pour interdire cette activité, » dit Xia Yiyang, directeur en chef de politique et recherche à l’Human Rights Law Foundation. Ceci explique les traitements variés qu’ont subi les plaintifs.
La sanction des cadres impliqués est plus parlante. « Même si ce n’est pas un changement politique, lorsque Xi Jinping a pris le pouvoir, les fonctionnaires qui faisaient partie de la chaîne de commandement n’étaient plus intouchables » déclare Xia Yiyang.
Dans le passé, ces cadres étaient déchaînés, car la priorité était la persécution, pas un bon gouvernement. « Les principaux acteurs de cette chaîne de commandement ne sont plus intouchables. C’est un grand changement. »
Bien sûr, la politique officielle contre le Falun Gong n’a pas changé. Et les pratiquants n’espèrent ou n’attendent pas un « pingfan », mot de la nomenclature politique chinoise qui signifie « réhabilitation ». (Le terme est considéré comme problématique en ce qu’il donne implicitement au Parti communiste la prérogative de décider quels groupes sont légitimes ou non.)
Les pratiquants pensent plutôt que la revendication de leur croyance ne prendra place que lorsque le Parti communiste s’effondrera.
Ils ont à la fois entrepris d’aider le peuple chinois à se préparer pour cette éventualité, tout en encourageant Xi Jinping à poursuivre le processus en parallèle, en sécurisant sa propre position dans l’histoire en participant à cette affaire.
La Chine d’après la persécution
La communauté du Falun Gong a depuis 2005 été engagée dans une tentative de saper paisiblement la base même de la règle du Parti : le soutien du Parti Communiste Chinois dans le cœur et l’esprit des Chinois. Ce fut la réaction du Falun Gong lorsqu’il devint clair, vers 2004, que n’importe quelle forme de coexistence avec le régime avait été rendue impossible.
La manifestation la plus concrète de cet ethos est le mouvement « tuidang ». Tuidang signifie « démissionner du Parti » en chinois. Le mouvement fait appel aux Chinois pour prendre un positionnement privé contre le régime en ajoutant leurs noms à la liste de ceux renonçant au Parti communiste et à ses organisations affiliées. Le Tuidang Center, dont la base de données est hébergée sur des serveurs de la version chinoise du journal Epoch Times, a enregistré plus de 200 millions de renonciations jusqu’ici. Ceux pouvant faire leur déclaration incluent non seulement les membres inscrits du Parti, mais n’importe quel habitant de la Chine.
« Ce n’est pas un mouvement politique où nous voulons des gens démarchant dans la rue, » explique David Tompkins, un porte-parole de l’organisation. « Cela concerne des gens brisant les années d’endoctrinement durant lesquelles ils ont grandi sous le Parti communiste, pour se débarrasser du Parti. »
« Tuidang est la vision d’une nouvelle Chine que le peuple chinois peut avoir pour son futur, mais sans le Parti communiste, » a-t-il ajouté.
Il dit que cette année ont été enregistrés beaucoup plus de cas de démissions du Parti utilisant des noms réels plutôt que des pseudonymes. « Les voix de la dissidence s’entendent plus fortement et sont moins craintives de l’oppression ou des représailles du régime. »
Depuis que le Falun Gong a pris position contre la répression menée à son encontre en 1999, il a sans même le vouloir, agi en niant certains des principes les plus fondamentaux du Parti contrôlant la Chine.
Comme le dit David Palmer, un professeur en religion chinoise basé à Hong Kong, dans son livre La fièvre du Qigong : « Le Falun Gong a projeté l’image d’un pouvoir alternatif puissant, capable de mobiliser les masses et qui n’a pas eu peur du Parti communiste chinois. »
Le 25 avril 1999, trois mois avant que la répression ne commence officiellement, près de 10 000 pratiquants du Falun Gong s ‘étaient réunis à Pékin près du bâtiment Zhongnanhai du Parti pour demander un environnement sûr et légal pour leur pratique.
Expliquant ceci, Palmer a écrit : « Jusqu’à aujourd’hui, l’autorité politique en Chine a seulement été exercée par une machinerie de contrôle et de répression, et plus encore par la perception subjective et la crainte de son pouvoir. Le renforcement de telles impressions, par la propagande et la démonstration spectaculaire de son pouvoir, est ainsi crucial. La manifestation de Zhongnanhai a menacé de briser la crainte des gens et de transférer le pouvoir symbolique au Falun Gong. »
L’objectif de la revendication du Falun Gong n’est pas le vœu larmoyant de pouvoir retourner sous le contrôle du Parti, ce que même certains des plus ardents activistes de la démocratie des générations précédentes ont espéré. Pour les pratiquants, il ne peut pas y avoir de réconciliation avec le Parti – mais seulement une nouvelle Chine sans lui.
Étant donné les troubles de l’économie chinoise, que certains décrivent comme une crise, et les divisions sans précédent au sein du Parti communiste, le potentiel d’une modification importante semble inévitable – et c’est quelque chose pour laquelle la communauté du Falun Gong est prête.
Wang Youqun, dans ses interactions avec les cadres de haut niveau du Parti, sent que beaucoup dans le régime ont eu une profonde impression de la résistance inébranlable des pratiquants ces 17 dernières années.
Leur sacrifice pour leur foi est un contraste radical avec l’instinct de conservation et les poursuites matérialistes des fonctionnaires chinois. « Personne ne croit plus au marxisme, » a ajouté Wang. « Personne ne croit au Parti. Les gens cherchent juste à préserver leurs propres intérêts. »
L’idée que la persécution de cette pratique n’est plus en vogue politiquement, ou même qu’elle puisse se terminer, effraie certains dans l’appareil de sécurité. Ils veulent savoir dans quel sens le vent tourne et la purge du système de Xi Jinping pour avoir persécuté le Falun Gong ne les laisse pas en paix.
« C’est un système totalitaire, avec contrôle centralisé et surveillance. Dans chaque secteur, le pouvoir du responsable officiel est total. Mais dès que la personne à la tête changera, tout peut changer, » indique Wang. « Si Jiang Zemin meurt, la politique de persécution pourrait totalement changer. »
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Version originale : Falun Gong Looks Forward to a New China
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