Les autorités chinoises ont lancé une campagne visant à réprimer les sorties de capitaux illicites, au moment même où une fuite de capitaux de plusieurs milliards de dollars menace les réserves de monnaie étrangères. D’après Beijing News, média dirigé par l’État chinois, l’opération, nommée « Aigle d’Argent II » a été déclenchée dès que les opérations de blanchiment ont été connues. Son but : cibler les « boutiques d’argent souterraines ».
D’après Meng Qingfeng, responsable adjoint du Bureau de la Sécurité Publique de Chine, les boutiques d’argent sont devenues un canal important de sortie illicite d’argent pour divers crimes économiques.
Là où le bât blesse, c’est que les transactions individuelles, bien que mineures, se voient gonflées par les liquidités négociées par des banques illégales qui s’y ajoutent. Selon le Beijing Times, au 26 août, 66 filières ont été saisies par les autorités. D’après les découvertes, ces dernières étaient responsables d’un capital de 67 millions de dollars ayant fui le pays. La période de cette fuite n’a pas été spécifiée.
Cependant, ce chiffre en soi n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. D’après le think tank américain Global Financial Integrity, un montant de plus d’un milliard de dollars aurait quitté la Chine entre 2003 et 2012.
Selon le Beijing Times, l’opération Aigle d’Argent II, déclenchée un peu plus tôt ce mois-ci, a ciblé plus de 30 banques illégales à travers la Chine. La police a indiqué que de nombreux cas impliquaient des transferts d’argent par des fonctionnaires corrompus vivant en exil à l’étranger.
Un grand nombre de transferts et conversions illégales ont été menés par des groupes d’individus, souvent des vendeurs de rue dans le sud de la Chine et Hong Kong profitant de règlements bancaires et de négociations d’actions très souples. Selon le Consortium International des Journalistes d’Investigation, 22 000 personnes résidant en Chine continentale et à Hong Kong ont été listées comme ayant des comptes dans des paradis fiscaux qui pourraient être utilisés pour dissimiler ou transférer des richesses illégales.
D’après les autorités chinoises, l’année dernière, un homme seul a été découvert transportant cinq millions de dollars hors du pays.
Limiter les dégâts
La répression semble être une tentative d’aider à stabiliser l’économie chinoise, alors que le marché boursier a plongé et que le yuan a été déprécié. Selon Reuters, au cours des deux dernières semaines, les banques chinoises ont versé 100 milliards de dollars sur les réserves de liquidités étrangères pour étayer la monnaie nationale.
Cependant, comme le rapporte le Beijing Times, le seul fait de réprimer les petites boutiques clandestines serait une fausse bonne idée. Le problème commence très tôt, dans la « chaine alimentaire institutionnelle », comme l’a indiqué Meng Qingfeng. Le responsable a appelé à « débusquer les crimes en amont », commis dans les nombreuses banques publiques de Chine. Car en dépit des règlements, celles-ci encouragent les transactions et les sorties de fonds.
Les banques ont été critiquées. Dans la cadre de la campagne anti-corruption actuelle, Xi Jinping, le dirigeant chinois a réclamé une « discipline interne » de la part des entreprises publiques, y compris dans le secteur financier.
La Télévision Centrale de Chine a diffusé un programme accusant la Banque du Peuple de Chine de préparer de façon dissimulée de grandes quantités de liquidités pour les personnes se préparant à émigrer à l’étranger; une liste de personnes haut placées ayant des comptes dans des paradis fiscaux a aussi été diffusée.
Pour les régulateurs d’État, ces affaires louches sont indissociables des affaires légitimes qui ont aidé à alimenter le développement économique de la Chine au cours des deux dernières décennies. En cela, la Chine se trouve dans une sorte de contrainte ; d’un coté, une fuite des capitaux non contrôlée épuise les réserves des pays étrangers ; dans le même temps, des mesures trop drastiques prises contre les banques signifieraient un commerce international chinois étouffé.
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