La Japan Expo s’est achevée dimanche dans la bonne humeur générale et sur une note positive: la fréquentation et le déroulement était à la hauteur de la progression spectaculaire enregistrée ces dernières année par les organisateurs.
Les chiffres donnent matière à s’interroger sur l’appétit français en culture nippone. La première Japan Expo, organisée en 1999, accueillait 2500 visiteurs; quinze ans plus tard, les organisateurs indiquaient 240 000 visiteurs. Les Français sont aujourd’hui les plus gros consommateurs de mangas du monde, en dehors du pays du Soleil levant.
Malgré le bourdonnement incessant qui prend le visiteur dès son arrivée sur l’espace Villepinte, le salon garde une proximité avec son public. Au détour des allées, les cosplayeurs de passage sont pris en photo par les visiteurs non-cosplayeurs, et parfois invités sur scène; les auteurs de mangas dédicacent volontiers leurs volumes, les gamers s’installent pour des sessions de 1 à 8 joueurs, des quiz interactifs.
LIRE AUSSI: Japan Expo: Les meilleurs cosplay de la saison 2015
Pour la saison 2015, les organisateurs enregistraient la présence d’invités de marques, comme Shigeru Miyamoto, directeur de Nintendo. Intéressant de constater que le créateur de Mario, absent lors du E3 (Salon mondial du jeux vidéo), glissait ici volontiers quelques anecdotes sur son travail. Loin des conférences technologiques où les interlocuteurs bourrent de punch-line l’auditoire en présentant des teasers, ici, l’ambiance est décontractée, le contact public/exposant très naturel.
D’année en année, la Japan Expo s’est professionnalisée pour accueillir toujours plus d’exposants, et répondre à l’attente du public.« Nous avons des visiteurs qui ont connu les dessins animés des années 1980, notre principal défi est de réussir à proposer des choses intéressantes pour les jeunes et les moins jeunes en un seul endroit », indiquait à l’AFP Thomas Sirdey, organisateur de l’exposition.
« Ici, il y a beaucoup de parents qui viennent initier leurs enfants », remarque Rémi, libraire de mangas à Pika. « Les mangas historiques se vendent toujours très bien auprès de passionnés qui sont plongés dedans depuis quinze ou vingt ans. ‘Dragon Ball’, par exemple, ça marche encore ! » analyse t-il.
LIRE AUSSI: Quand les Français s’inspirent des Japonais pour créer leurs propres mangas
Yuki, exposante d’un stand d’objets traditionnels, remarque l’attrait des visiteurs français pour la culture japonaise. »Prenez ce fūrin (clochette à vent suspendue au toit ou à la fenêtre au Japon), il y a quelques années, personne ne savait ce que cela signifiait. Aujourd’hui, les français le remarquent tout de suite, car ils l’ont aperçu dans un manga », relève t-elle.
Un univers familier, proche pour tout amateur de la culture japonaise. Ou plutôt de la pop-culture. Pour l’oeil non averti, il est effectivement important de comprendre que les japonais adorent déguiser, transformer et adapter leur propre culture. Et la cohabitation n’est pas forcément évidente: les stands d’artisans ou ceux sur la culture traditionnelle échappent difficilement aux rugissement des hauts parleurs. Peut être à l’image de ce qui se passe au Japon, ou la culture traditionnelle s’érode lentement face aux codes des nouvelles générations.
Alice Takegi présentait Japanezoom, un studio de courts métrages présentant la culture nippone. « J’étais venu il y a longtemps à l’expo. Cela a beaucoup changé, il y a de plus en plus de stands de goodies, un peu moins de stands d’amateurs ou d’objets artisanaux. Mais avant, c’était peut être moins populaire aussi » remarque t-elle. Mais pas de quoi entamer la bonne humeur des visiteurs et des exposants. « Les gens sont souriants et gentils« , continue t-elle.
Depuis les derniers siècles, le Japon a été soumis à l’influence de l’Occident. Du développement industriel jusqu’au hautes technologies actuelles, les codes traditionnels de l’île du Soleil levant ont sans cesse mués (ou disparus) jusqu’à la société moderne. L’Art et les traditions scéniques, extrêmement codifiées et structurées, ont beaucoup appris de la culture américaine pop des années 60. Jusqu’à développer des tendances populaires bien particulières, celles des idoles sous le flash des projecteurs, du karaoké entre amis dans des bars privés, ou encore du rock mi agressif mi mélodieux à la X Japan.
Aujourd’hui, comme un juste retour des choses, c’est le Japon qui inspire l’occident.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.