Du 6 au 8 juillet, des intervenants de tous horizons professionnels, politiques ou géographiques se sont rencontrés dans le prestigieux domaine de Chantilly. Pourquoi ? Il s’agissait de débattre écologie et économie responsables. « Tous acteurs de la rupture », tel était le thème fondateur de la dixième édition de la Global Conference qui a réuni une centaine d’acteurs du développement durable. Placée sous le haut patronage du président de la République, la Global Conference a fait figure de pré-rentrée avant la grand-messe de la Conférence Climat en décembre à Paris.
Notre partenaire NTD Télévision a pu interroger quelques personnalités importantes pendant cet événement. Leurs messages, leurs volontés et leurs initiatives, voilà ce que vous pourrez suivre dans cette série d’interviews.
Jean-Paul Delevoye est président du Conseil économique social et environnemental (CESE), troisième assemblée de France.
Bonjour Mr Delevoye, pourquoi parle-t’on d’une nécessaire rupture dans cette conférence?
Nous avons eu une société qui a exploité le sol et le sous-sol et qui a inventé des technologies pour alléger la fatigue des corps et des cerveaux. Nous sommes en train de rentrer dans une révolution technologique qui bouleverse complètement la donne écologique et humaine puisque les machines sont en train de dépasser les capacités intellectuelles des hommes.
Albert Einstein disait : « Lorsque que les hommes inventerons des machines capables de dépasser l’entendement humain, alors ils deviendrons des idiots ».
On voit bien que ce saut technologique accéléré fait que demain les algorithmes qui doivent soi-disant nous aider à prendre des décisions, vont nous renvoyer brutalement à la perception nouvelle d’une fragilité de la planète et d’une fragilité de l’être humain. Ce qui est important aujourd’hui, ce n’est plus de vivre 150 ans, c’est de bien vivre, et ce, sans vouloir dominer la nature, en la respectant. C’est là que doit être la rupture avec avant.
La stabilité du monde passera par la stabilité des hommes.
Ceci va aussi bouleverser la nature du pouvoir, et nous sommes à mon avis à l’aube d’une ère nouvelle de la spiritualité et d’une quête du sens. Pour donner sens à notre vie, on doit passer d’une philosophie occidentale de : « Je suis donc je penses » à la philosophie confucéenne : « Je vis » tout simplement.
Quels sont alors les nouveaux défis de l’avenir ?
Les défis politiques des dernières années consistaient à repousser les limites de l’homme et de la nature. Quels sont les moyens pour aller sur la Lune ? Comment opérer des patients à cœur ouvert ? etc.
Aujourd’hui nous rentrons dans un débat sur les limites. Est-ce éthique d’arrêter un cœur humain pour le remplacer par un cœur artificiel ? Jusqu’où peut-on aller dans l’utilisation du corps de la femme ? Doit-on arriver au point que pour faire une carrière professionnelle, on puisse offrir les services d’une mère porteuse à une femme en congelant ses ovocytes, comme c’est possible aux États-Unis ?
Il y a donc un besoin politique de savoir où sont les limites, au nom de notre propre morale, sans toutefois tomber dans une confrontation culturelle.
Le défi du 21e siècle, c’est le défi de l’altérité, c’est-à-dire la reconnaissance de l’autre dans sa différence. Si on perd le sens de l’autre, on va aller dans des conflits de plus en plus redoutables. C’est le sens de l’intériorité et de la recherche spirituelle : quel sens dois-je donner à ma vie ? Quel doit en être le cap et mon gouvernail dans cet océan d’information et de cultures nouvelles ?
On voit bien que la stabilité du monde passera par la stabilité des hommes.
Reportage réalisé par NTD Télévision
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