La reconnaissance faciale omniprésente en Chine

18 octobre 2017 09:26 Mis à jour: 18 octobre 2017 09:26

Depuis les fast-foods, les universités ou la lutte contre la criminalité jusqu’aux distributeurs de papier toilette dans les endroits publics, la Chine est à la pointe de l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale.

À Shanghai et d’autres grandes villes, la reconnaissance faciale se retrouve même dans les rues, pour traquer ceux qui ne respectent pas les règles de la circulation.

Ainsi, les piétons qui traversent en dehors des passages réservés sont systématiquement photographiés, et leur photo apparaît immédiatement sur un grand écran installé au carrefour le plus proche. Pour ne plus se retrouver sur cet « écran de la honte », ils doivent payer une amende de 20 yuans (3 euros).

La société chinoise, sous le règne du Parti communiste, est déjà l’une de celles où les citoyens sont le plus surveillés, avec quelque 176 millions de caméras de surveillance en opération, et les gens interrogés à un carrefour de Shanghai ne semblent pas particulièrement gênés par cette nouveauté.

« Je suppose qu’il y a des gens qui pourraient dire que leur vie privée est violée, et s’inquiéter de la façon dont cette information pourrait être stockée », explique une employée d’hôpital de 42 ans, qui se présente par son seul nom de famille, Wu.

La police utilise cette technologie pour repérer des suspects recherchés. Elle a notamment été utilisée récemment dans la petite ville de Qingdao, productrice de la bière Tsingtao, où des caméras placées à l’entrée d’un festival de la bière ont permis d’arrêter 25 suspects.

Tous les Chinois à partir de 16 ans doivent être munis d’une pièce d’identité avec photo et adresse, ce qui signifie que les autorités disposent d’une vaste banque de données.

La Chine, estiment les experts, est en nette avance sur l’Occident en matière de surveillance, notamment parce que les lois sur la vie privée n’existent pas, et que ses citoyens ont l’habitude d’être photographiés, de se faire prendre leurs empreintes digitales et de donner toutes sortes de renseignements personnels aux autorités.

Mais cette technologie s’immisce aussi dans toutes sortes de transactions. Cela va du fast-food KFC, qui emploie un système « Souriez pour payer », à des utilisations moins traditionnelles.

Ainsi dans les toilettes du Temple du Ciel, à Pékin, les distributeurs de papier en sont équipés pour lutter contre le vol. Si quelqu’un tente de se servir plusieurs fois, le distributeur le reconnaît et refuse de lui donner du papier, lui rappelant poliment qu’il s’est déjà servi. Avant de suggérer, toujours poliment : « S’il vous plaît, revenez plus tard ».

Une des universités de Pékin, qui abrite l’École normale, en a mis à l’entrée des dortoirs, pour s’assurer que seuls ses étudiants y entrent, « ce qui nous permet de mieux vérifier où se trouvent les étudiants », a expliqué un responsable de l’Université à l’agence Chine nouvelle.

Des banques commencent à en équiper leurs distributeurs automatiques pour remplacer les cartes, et les professionnels du voyage et des loisirs y voient également des avantages – China Southern Airlines a même commencé à éliminer les cartes d’embarquement.

Toujours à Shanghai, un système officiel permet de repérer dans les rues des gens perdus, principalement des personnes âgées ou des handicapés mentaux, et de les ramener à leur famille.

Cette nouvelle avancée s’inscrit dans une stratégie plus large de développement des hautes technologies.

Le gouvernement chinois a annoncé en juillet son intention de faire de son pays le numéro un de l’intelligence artificielle d’ici à 2030, avec un marché local de 150 milliards de dollars.

Cette tendance, selon Yue Lin, professeur de droit à l’Université de Shanghai, est poussée principalement par les compagnies chinoises de technologie telles qu’Alibaba ou Baidu.

Quant aux répercussions sur la vie privée, il est trop tôt pour l’évaluer, estime-t-il. « L’autorité de la police n’a pas changé, mais elle a incontestablement plus de pouvoir », juge-t-il.

 

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.