Édito – « Couler une bielle (Mécanique) : Causer la déformation, à la suite d’un échauffement anormal (souvent par défaut de lubrification), du coussinet antifriction qui recouvre l’alésage de la tête de bielle d’un moteur à explosion. » « Au sens propre, détruire son moteur. Au sens figuré, avoir les nerfs à fleur de peau, avoir les nerfs qui lâchent. » La définition s’applique bien : victime de stress mécaniques multiples, de chocs thermiques répétés, d’un carburant de mauvaise qualité et d’absence d’huile dans ses rouages, le moteur socialiste semble prêt de l’explosion sans même attendre le résultat – prédit désastreux – des élections régionales à venir.
L’université d’été du parti socialiste, à La Rochelle, devait être une étape dans le voyage vers un paysage politique ensoleillé où les réformes se seraient traduites en résultats économiques, et les résultats économiques en résultats électoraux. Elle devait se voir protégée par son slogan, affiché en leitmotiv sur tous ses supports : « Agir en commun » ; et par la vente en masse du mug rouge Jaurès (30 % de réduction à partir de 300 euros) sur lequel la citation « Sans la République le socialisme est impuissant, sans le socialisme la République est vide », rappelait à chacun ses fondamentaux. En plénière d’ouverture, on avait même invité tout le monde à « débattre, critiquer, proposer et échanger. »
Et tout cela a volé en éclats : Les « frondeurs », excités par les huîtres et le vin blanc dégustés la veille à Marennes, ont continué à tirer violemment le volant à gauche, tandis que le jeune ministre de l’Économie l’envoyait non moins énergiquement à droite dans son discours à l’université d’été du MEDEF. Peu soucieux de l’impact écologique de leur conduite, les écologistes d’EELV faisaient hurler le moteur en annonçant des alliances avec le Front de gauche et en refusant la « soumission ». Jean-Marc Ayrault, enfin, jouait le rôle du passager agaçant de la banquette arrière en fredonnant le refrain « quand est-ce qu’on arrive ? » de la simplification fiscale et en rappelant que l’impôt sur le revenu ne peut être considéré comme juste s’il ne touche que la moitié des Français.
Le moteur du parti socialiste a donc dégagé des fumées noires à La Rochelle, dont l’université d’été aura fourni un puissant argumentaire de campagne pour l’opposition. Le parti n’a formellement pas encore explosé et tient par le sparadrap des résultats de son récent congrès et de sa motion victorieuse. Mais cette maison de gauche est plus que jamais composée de personnalités qui semblent n’être pas à leur place naturelle : des écologistes hurleurs qui se trouveraient plus dans leur élément au Front de gauche, des frondeurs qui, par leur vision de la société et de l’économie, n’ont plus de biotope et un exécutif devenu centriste à force de confrontation avec la réalité économique.
Notre goût du bipartisme nous fait créer des partis étranges aux allures d’armée mexicaine, tenus par l’échéance des élections plus que par une vision réellement partagée. Aujourd’hui, si le poids du passé et l’interpersonnel ne jouaient pas tant, il serait presque plus « naturel » de voir se rassembler une grande partie de la « gauche » et une grande partie de la « droite » dans une union nationale que de maintenir le paysage actuel ; mais notre biologie politique et nos modes de scrutin disent qu’il faut dans le pays deux grandes forces l’une face à l’autre. Il en résulte des constructions surprenantes, des moteurs peu efficaces et surconsommateurs de ressources.
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