PARIS – Ce 25 avril, plusieurs dizaines de pratiquants de Falun Gong se sont rassemblés devant l’ambassade de Chine à Paris. Leur but : rappeler le 25 avril 1999, ce jour où 10 000 pratiquants se sont retrouvés devant le siège du gouvernement communiste, à Zhongnanhai. Cette manifestation silencieuse avait pour but de demander au gouvernement de relâcher des pratiquants emprisonnés de façon arbitraire.
Il n’y avait plus eu une telle manifestation en Chine depuis Tian An Men en 1989, soit dix ans plus tôt. Pour autant, contrairement aux étudiants réclamant la démocratie, les pratiquants de Falun Gong n’avaient aucun but politique.
Le Falun Gong est une discipline traditionnelle de Qi Gong, basée sur des exercices, une méditation, et un enseignement basé sur les principes « Authenticité, Compassion, Tolérance ». Présenté au public en 1992 par Li Hongzhi, cette discipline s’est rapidement répandue en Chine au point d’être pratiquée par 80 millions de Chinois en 1996 – selon des statistiques du gouvernement.
« Des pratiquants de Falun Gong avaient été arbitrairement arrêtés par la police dans la ville de Tianjin, après avoir fait appel au rédacteur en chef d’un magazine politique qui avait diffamé le Falun Gong. Les policiers avaient dit aux pratiquants de Falun Gong qu’ils ne seraient pas relâchés à moins que l’ordre viennent d’en haut », indique Alain Tong, président de l’Association Falun Dafa France.
En Chine, la liberté de croyance est inscrite dans la Constitution (art.36) et en 1982, Hu Yaobang, le Secrétaire général d’alors, avait émis la directive du « Triple non » stipulant que le gouvernement ne chercherait pas à intervenir dans la diffusion des pratiques de Qi Gong. Cela n’a pas empêché les policiers de renforcer leur surveillance sur les sites de pratiques, et de créer des incidents comme l’arrestation arbitraire de pratiquants.
Tournant historique
De l’avis des pratiquants présents le 25 avril 1999 place Zhongnanhai, la manifestation s’était très bien passée. « M.Zhu Rong Ji, Premier ministre de l’époque, a dit aux personnes rassemblées qu’il connaissait le Falun Gong et ses « bienfaits pour la santé », le soir même, les pratiquants étaient relâchés », continue Alain Tong, ajoutant que les pratiquants avaient fait attention à ne pas gêner la circulation en se disposant sur le trottoir, et ont même nettoyé la place qu’ils occupaient avant de partir. Pourtant, Jiang Zemin, Secrétaire général de l’époque, a été furieux en apprenant la nouvelle.
Le 25 avril est donc perçu comme un tournant : quelques semaines plus tard, sur ordre de Jiang Zemin, le Parti Communiste lançait une campagne de diffamation et de persécution à l’encontre de des 80 millions de chinois, impactant profondément la société chinoise. Des centaines de milliers de pratiquants furent arrêtés puis enfermés, de nombreux cas de torture ont été rapportés.
Une persécution « absurde », selon Alain Tong, qui pointe la responsabilité de l’ancien Secrétaire général. Celui-ci a en effet édicté des règles très claires à l’encontre des fonctionnaires : « Chaque pratiquant assassiné serait compté comme un suicide », ou « diffamez-les complètement, ruinez-les financièrement et détruisez le Falun Gong en trois mois ».
« Devenir meilleur dans sa vie »
Christophe pratique le Falun Gong depuis sept ans maintenant. Il s’est joint aux pratiquants manifestant devant l’ambassade chinoise pour « se rappeler », et « demander l’arrêt de la persécution ». Quand on lui demande pourquoi pratiquer le Falun Gong, Christophe répond : « J’ai toujours trouvé positif, ce côté de la cultivation et de la pratique, le fait de pouvoir s’améliorer en suivant les principes d’ « Authenticité, bienveillance, tolérance» ». Avoir cette pratique qui permet à quelqu’un de devenir meilleur dans sa vie, je trouve cela extraordinaire », continue-t-il.
Le fondateur de cette pratique, Li Hongzhi, a reçu de nombreuses récompenses et un chaleureux accueil dans divers endroits du monde, au moment où il transmettait le Falun Gong. Aujourd’hui cette méthode est pratiquée dans de nombreux pays à travers le monde, le livre contenant son enseignement a été traduit dans 40 langues.
Thomas, un passant, devait se rendre à l’ambassade de Chine pour un visa afin de travailler en Chine dans un studio d’animation. Attiré par la petite foule de pratiquants se pressant derrière les haut-parleurs, il a été surpris d’apprendre les faits de la persécution. « Je n’étais pas du tout au courant. Ce ne sont pas des questions que l’on se pose en France. C’est choquant ! Je ne comprends pas pourquoi on ne les laisse pas pratiquer », indique-t-il.
Le jeune homme a écouté le discours et exprimé son soutien aux pratiquants effectuant la méditation derrière les haut-parleurs qui diffusaient une musique relaxante. « Rien qu’en les voyant, je trouve cela apaisant, transcendant », a-t-il remarqué.
Des intervenants se sont exprimés pour donner leur soutien et rappeler les défis que traverse la Chine. Raphaël Chenuil-Hazan, président d’Ensemble Contre la Peine de Mort, a exhorté l’administration chinoise à « plus de transparence ». « Nous sommes prêts à dialoguer avec les autorités chinoises. Qu’elles viennent discuter de la situation, qu’elles nous apportent la preuve que l’État de Droit existe et qu’il est respecté ! Il faut en finir avec ces exactions contre ceux qui défendent les Droits de l’homme », a-t-il déclaré.
« Torturer en toute impunité »
Marie-Françoise Lamperti, présidente de l’ONG Agir pour les Droits de l’homme (ADH), a rappelé au micro qu’en Chine, « on continue à torturer en toute impunité ». « Or, la Chine fait partie intégrante de la communauté internationale, elle siège au Conseil de sécurité de l’ONU, et l’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme stipule que la liberté de pensée, de conscience et de religion est un droit ! », rappelle-t-elle.
Depuis trois ans et le début de la campagne anti-corruption en Chine, Xi Jinping a arrêté de nombreux fonctionnaires. Tous faisaient partie de la faction dirigée par Jiang Zemin. Cette lutte de clans pour le contrôle de l’appareil politique arrive aujourd’hui à un stade où presque tous les partisans de l’ancien Secrétaire sont incarcérés.
En prison, de nombreux pratiquants de Falun Gong sont torturés par les autorités pénitentiaires, qui cherchent par ce moyen à leur faire renoncer à leur pratique. Ces exactions vont parfois jusqu’aux prélèvements forcés d’organes, qui en plus d’être un moyen d’exécution, alimente un trafic lucratif. De nombreuses enquêtes vérifient l’existence de cette pratique en Chine, qui est maintenue par la complicité des hôpitaux militaires et l’appareil policier.
Interrogée par Epoch Times, Marie-Françoise Lamperti s’étonne du manque de réaction de la communauté internationale. «C’est terrible de constater qu’il y a des gens qui nient cette réalité. En fait, lorsqu’ils choisissent de nier, ils adoptent une position négationniste qui procède de la même pensée totalitaire que, lorsqu’après la Deuxième Guerre mondiale, d’anciens nazis continuaient à nier la Shoah et les chambres à gaz », souligne-t-elle.
Pour sa part, Christophe se dit « triste de voir des gens mis à mort pour leur croyance », mais est confiant en l’avenir. « En 1999, 80 millions de gens le pratiquaient. Aujourd’hui, il est toujours pratiqué en Chine… Rien ne peut arrêter le Falun Gong, rien ne peut arrêter une pratique qui est bénéfique à l’humanité ! », conclut-il.
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