Le gouvernement a annoncé que 15.000 membres des forces de l’ordre seraient mobilisés lundi pour empêcher notamment que les tracteurs n’entrent dans « Paris et les grandes villes », alors qu’un « siège » de la capitale est prévu dès 14h par des agriculteurs en colère.
À l’issue d’une réunion interministérielle de crise, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a également fait part d’une « modération » demandée aux forces de l’ordre qui ne devront pas « intervenir sur les points de blocage » mais les « sécuriser ». Il a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné « pour consigne » de « garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes », et également de faire en sorte que le marché international de Rungis « puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy ».
De retour sur le terrain dimanche matin, le Premier ministre Gabriel Attal a juré « d’avancer vite » pour répondre à la colère des agriculteurs. Mais le président de la FNSEA, premier syndicat agricole français a lui exhorté le gouvernement à « aller beaucoup plus loin ».
« On n’a pas bien vécu ce qui s’est passé la semaine dernière : la com’, les caméras, le ballot de paille et tout ça, ce n’est pas notre truc. Ce qu’il nous faut nous, ce sont des décisions dont on sent qu’elles changent le logiciel », a lancé Arnaud Rousseau face à des paysans bloquant l’autoroute A16 à la hauteur de Beauvais (Oise).
Malgré une accalmie, de nombreuses liaisons routières sont restées coupées dimanche, de la Normandie au Gard en passant par les Pyrénées-Atlantiques et la Meuse. La situation menace de se tendre encore avec un projet de blocage d’accès à Paris lundi à partir de 14h00.
« Siège » de Paris par les agriculteurs: les huit points de blocage prévus ce lundi pic.twitter.com/4iM3oWlc8m
— BFMTV (@BFMTV) January 29, 2024
Quels sont les huit points de blocage ?
Huit « points de blocage » sont prévus : sur l’aire de Chennevières (autoroute A1), à hauteur de Jossigny (A4), à Ourdy (A5), Villabé (A6), au péage de Buchelay (A13), à Longivilliers (A10), entre le pont de Gennevilliers et la D311 (A15) et à hauteur de l’échangeur D301 de l’Isle-Adam (A16), a indiqué dimanche soir à l’AFP la FRSEA d’Ile-de-France.
Dès le début de soirée, des forces de l’ordre dont des blindés de la gendarmerie ont été déployées aux abords de Rungis, a constaté un journaliste de l’AFP.
Et la mobilisation devrait reprendre tôt lundi autour de Lyon, selon la préfecture du Rhône, qui a évoqué une opération escargot venue des Monts du Lyonnais puis des blocages d’autoroutes. Les branches locales de la FNSEA et les JA ont promis « des ramifications partout dans la région ».
Selon M. Rousseau, la séquence qui s’ouvre est celle d’une « semaine de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu’ensuite chacun prendra ses responsabilités ».
De son côté, M. Attal a concédé qu’« à travers ces premières mesures (annoncées vendredi, NDLR), on n’a pas répondu encore à tout ce que je viens d’évoquer et ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd’hui ». « Et je suis résolu à avancer, avancer résolument, à avancer vite », a déclaré le Premier ministre à La Riche (Indre-et-Loire). Peu auparavant, dans une ferme au nord-est de Tours, M. Attal a été interpellé sur de multiples volets de la crise : baisse des revenus, retraites faibles, complexité administrative, inflation des normes, concurrence étrangère… « Je veux qu’on clarifie les choses et qu’on voie les mesures que l’on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale », a assuré le chef du gouvernement.
Des dizaines de doléances présentées au gouvernement
« Je lui confirme, il faut aller beaucoup plus loin », a répondu M. Rousseau, qui a présenté des dizaines de doléances au gouvernement cette semaine : « tant que ces demandes ne seront pas satisfaites, la mobilisation sera totale », a-t-il dit.
M. Attal a dévoilé vendredi des mesures d’urgence, dont l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique, des sanctions lourdes contre trois industriels de l’agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.
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