C’est à Cruis, dans les Alpes-de-Haute-Provence, que 17 hectares de forêt ont été défrichés, laissant la place à un véritable désert de rocaille destiné à recevoir une centrale photovoltaïque de 20.000 panneaux solaires. Ce projet n’est pas le seul dans la montagne de Lure, où 500 hectares de forêt sont menacés au nom de la transition énergétique.
« Je suis dans la montagne de Lure, dans les Alpes-de-Haute-Provence, un endroit naturel magnifique », explique le journaliste Hugo Clément dans une vidéo postée sur X (l’ex-Twitter). « Ici, il y avait une forêt avant », dénonce-t-il. « Une belle forêt qui a été rasée. 17 hectares et demi coupés pour installer ces rails que vous voyez là, sur lesquels ont va mettre des panneaux photovoltaïques pour faire de ‘l’énergie verte' ».
17 hectares de forêt rasés dans la montagne de Lure pour installer une centrale photovoltaïque destinée a produire de « l’énergie verte ».
88 espèces protégées avaient été recensées sur la parcelle déboisée.
De nombreux projets similaires doivent voir le jour dans cette zone. pic.twitter.com/hSkvCZ1FaF
— Hugo Clément (@hugoclement) December 1, 2023
Ce projet situé dans la commune de Cruis, petit village de 600 habitants situé au pied de la montagne de Lure, n’est pas le seul de cette chaîne des monts du Vaucluse. Les militants écologistes s’indignent des nombreuses centrales photovoltaïques, déjà existantes ou en projet, qui menacent les forêts des environs.
Selon la maison d’édition et média La Relève et la Peste, un total de 500 hectares de forêts sont menacés d’être rasés pour faire place à des champs de panneaux solaires. Déjà 200 hectares d’arbres ont disparu pour faire place à des projets solaires, ce qui va faire un total de 700 hectares.
« Là où ça coûte le moins et où ça rapporte le plus »
Le nerf de la guerre ? L’argent. « Les entreprises posent leurs centrales là où ça coûte le moins et où ça rapporte le plus », explique Sophie, une militante. « Elles choisissent aussi des régions pauvres en population, où elles supposent qu’il y aura une plus faible résistance. »
Si l’on compare un site pour une centrale photovoltaïque près d’une ville avec un site en pleine nature, le prix à payer n’est pas le même. En nature, le promoteur paie entre 2000 et 5000 euros par hectare annuellement, alors que plus près des villes ou pour une friche industrielle, il aura à débourser jusqu’à 50.000 euros par hectare chaque année.
La montagne de Lure est en plein dans la ligne de mire des entreprises qui veulent y implanter des panneaux solaires pour son orientation plein sud et son climat idéal.
À Cruis, le site a été incendié, puis reforesté il y a une quinzaine d’années par l’Office national des forêts, donc aux frais des contribuables. Les arbres avaient bien poussé, mais le sol a été mis à nu par le géant canadien Boralex malgré les interventions des militants.
« C’est absurde d’imaginer que l’on va sauver le climat en rasant des forêts ! »
Les arbres ne sont pas les seules victimes des machineries des industriels. La faune en fait aussi les frais. Il y aurait une cinquantaine d’espèces protégées sur le site de Cruis. Cela a suffit à mettre le chantier en suspens pour une courte durée cet automne, avant sa reprise annoncée le 2 octobre 2023 par le groupe Boralex qui assurait avoir toutes les autorisations nécessaires.
« Raser des forêts comme programme pour une transition énergétique est pure folie. Il en va de même pour les espaces naturels et agricoles », s’indigne le collectif Elzéart-Lure en résistance dans un communiqué.
« Une centrale solaire ne peut pas prendre la place d’une forêt, de surcroît une réserve de biodiversité », ajoute auprès de France 3 Pierrot Pantel, ingénieur écologue de l’Association nationale pour la biodiversité (ANB). « C’est absurde d’imaginer que l’on va sauver le climat en rasant des forêts ! »
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