2025 : une augmentation « douloureuse » du chômage envisagée par l’OFCE

Par Germain de Lupiac
2 janvier 2025 04:14 Mis à jour: 2 janvier 2025 18:27

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dresse dans un rapport un tableau sombre de l’économie française en 2025, avec la combinaison d’une croissance atone, d’une incertitude politique et de la remontée du taux de chômage pouvant atteindre les 8 % en fin d’année prochaine.

Sept mois après la dissolution de l’Assemblée nationale, aujourd’hui divisée en trois grands blocs sans majorité claire, l’incertitude politique continue de peser sur l’économie française et les choix d’économie laissent la place à de nouveaux impôts plombant la croissance..

« On a une croissance ralentie, une politique de l’emploi moins en soutien », explique Mathieu Plane, économiste de l’OFCE, « et on attend 143.000 pertes d’emploi en 2025, c’est une bascule assez significative ».

Un taux de chômage qui va augmenter jusqu’à la mi-2025 selon l’Insee

Le taux de chômage en France devrait remonter à 7,6 % de la population active d’ici à la mi-2025, selon un rapport de l’Insee présentant des chiffres légèrement différents de l’OFCE. Les créations d’emploi seront insuffisantes pour compenser l’augmentation de la population active.

« Au quatrième trimestre 2024 et au premier semestre 2025, principalement sous l’effet de la réforme des retraites, la population active continuerait d’augmenter », a indiqué l’Institut national de la Statistique. La dégradation de la conjoncture économique pousserait le chômage à la hausse.

« D’ici mi-2025, le secteur privé commencerait à détruire des postes salariés, en particulier d’apprentis, et l’emploi devrait freiner nettement dans le secteur public », selon l’Insee.

« Au total, l’économie française créerait 40.000 emplois en trois trimestres, essentiellement non-salariés. Ce rythme serait insuffisant pour absorber la hausse de la population active », poursuit l’institut.

Les créations d’emploi sont liées « à la dynamique des créations d’entreprises, essentiellement des micro-entreprises », a précisé Dorian Roucher, le chef du département de la conjoncture de l’Insee,  lors d’une conférence de presse, ajoutant que ces créations d’emplois non-salariés étaient « une spécificité de l’économie française ».

L’Insee précise que « la situation politique et ses conséquences budgétaires restent une source d’inconnues ».  Sa note de conjoncture ne prend donc pas en considération les effets sur l’emploi d’éventuelles restrictions budgétaires qui pourraient être prises.

Une dégradation du moral des ménages 

La confiance des ménages français s’est de nouveau dégradée fin 2024, a poursuivi l’Insee, notamment en raison de craintes accrues sur le chômage.

Le mois de novembre a été marqué par l’annonce de fermetures de sites chez Michelin et ArcelorMittal, et les déclarations de l’ancien ministre de l’Industrie Marc Ferracci, prédisant qu’il y aurait « probablement » d’autres fermetures de sites dans les prochaines semaines et les prochains mois, avec un bilan social se comptant « en milliers d’emplois ».

Tous les indices mesurant l’opinion des ménages sur leur situation financière à venir sont en recul. Les ménages ont également une opinion en nette baisse sur le niveau de vie à venir en France et se remettent aussi à craindre une accélération des prix dans les douze prochains mois.

2025 s’annonce « douloureuse » pour l’économie française, prévient l’OFCE

D’après l’OFCE, le centre de recherche économique de Sciences Po Paris, l’incertitude politique pourrait amputer la croissance française de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) en 2024 et de 0,2 point en 2025.

Pour Mathieu Plane, « ça reste relativement limité mais ce n’est pas négligeable », à l’heure où l’institut anticipe une croissance modeste du PIB en 2024 (1,1 %) comme en 2025 (+0,8 %).

Selon l’OFCE, « la croissance serait pénalisée en particulier par l’affaiblissement de l’investissement » des entreprises, que l’incertitude politique incite à la prudence. Le redressement des comptes publics, qui passera notamment par un moindre financement des politiques de l’emploi, pourrait aussi avoir des conséquences sur le taux de chômage.

Mesuré à 7,3 % au deuxième trimestre, le taux de chômage a légèrement augmenté à 7,5 % fin 2024 et pourrait atteindre 8 % fin 2025, selon l’OFCE.

« On a une croissance ralentie, une politique de l’emploi moins en soutien », explique Mathieu Plane, « et on attend 143.000 pertes d’emploi en 2025, c’est une bascule assez significative » après les près de 500.000 emplois créés en 2022 et les 210.000 créations encore recensées en 2023.

En cause dans ce léger repli,  « la contraction de l’emploi, la faible croissance des prestations sociales, avec notamment le report de l’indexation des retraites à juillet, et les revenus du patrimoine moins dynamiques, avec la baisse attendue des taux et de moindres dividendes versés », détaille l’OFCE.

Sur une note plus positive, l’inflation devrait continuer à ralentir pour s’établir à 2 % en moyenne annuelle en 2024, soit exactement l’objectif d’inflation poursuivi par la Banque centrale européenne, et 1,5 % en 2025.

De nouvelles règles de l’assurance chômage passent in extremis avant le 1er janvier 2025

Un accord trouvé in extremis entre partenaires sociaux sur l’assurance chômage, qui fixe les nouvelles règles d’indemnisation à compter de janvier, a été validé fin décembre par le nouveau Premier ministre, François Bayrou.

L’accord a été signé par une large majorité d’organisations au terme d’une négociation éclair : la CFDT, FO et la CFTC, ainsi que les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P). La CGT, qui a pointé une nouvelle convention « dangereuse » pour les travailleurs, et la CFE-CGC ne l’avaient pas paraphé.

« Cet agrément est une victoire pour le paritarisme », a souligné FO, en rendant « la main aux interlocuteurs sociaux dans la gestion et la définition des règles d’assurance chômage », ce qui n’était plus le cas depuis 2019.

Même réjouissance côté patronal, l’U2P saluant « le retour plein et entier des partenaires sociaux dans la définition des règles de l’assurance chômage ».

Si les nouvelles dispositions s’appliquent à compter du 1er janvier, la majorité des mesures n’entreront en vigueur qu’au 1er avril 2025 « pour des raisons opérationnelles », précise l’Unédic, qui gère le régime d’assurance chômage.

C’est le cas notamment d’une des mesures phares : le relèvement de deux ans des bornes d’âge à partir desquelles les chômeurs seniors bénéficient d’une durée d’indemnisation plus longue. Il s’agit de prendre en compte la réforme des retraites, à laquelle les syndicats sont toujours opposés et que François Bayrou s’est dit prêt à « reprendre sans suspendre ».

Le palier ouvrant droit à 22,5 mois d’indemnisation au maximum passe ainsi de 53 à 55 ans et celui donnant droit à 27 mois, de 55 à 57 ans. Pour les autres demandeurs d’emploi, la durée d’indemnisation maximum est de 18 mois.

Cette convention « permettra d’accompagner plus efficacement les demandeurs d’emploi » vers l’emploi, s’est félicité François Bayrou, en rappelant dans un communiqué que, « en cas de dégradation des finances publiques, la loi permet aux partenaires sociaux, à la demande du gouvernement, d’adapter les règles d’indemnisation ».

Il restera à voir si ces nouvelles mesures seront suffisantes pour diminuer les dépenses sociales tout en relançant la dynamique pour trouver un nouvel emploi.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.