Quelque 250 vétérans britanniques ont pris le large mercredi soir vers la France, dans le sillage de leur périple, 75 ans plus tôt, pour délivrer l’Europe du joug nazi, après une cérémonie poignante à Portsmouth pour l’anniversaire du « Jour J » en présence de représentants de 16 pays.
L’image du paquebot larguant les amarres des côtes anglaises pour rejoindre les plages normandes a clôturé la première journée d’hommages à ceux tombés lors de la Seconde Guerre mondiale, à laquelle ont notamment assisté les présidents américain Donald Trump, français Emmanuel Macron et la reine Elizabeth II.
« J’étais sur les côtes françaises pour appuyer les gens qui étaient envoyés à l’eau, pour essayer de les faire sortir de l’eau sains et saufs« , a raconté à l’AFP Thierry Cordish, Britannique de 96 ans, un des vétérans présents mercredi.
Portsmouth avait été le port de départ pour Sword Beach, la plage normande la plus à l’est des cinq choisies pour le débarquement des Alliés en Normandie , la plus grande opération de l’histoire de ce type en nombre de navires engagés. Au soir du 6 juin 1944, plus de 150.000 Alliés avaient pris pied sur le sol français, dont plus de 10.000 furent tués, blessés ou disparurent dans l’opération, selon les chiffres du Mémorial de Caen.
Mercredi matin, les célébrations ont commencé avec la projection sur un écran géant d’images du « D-Day » montrant ces soldats qui, au péril de leur vie, débarquèrent sur les plages de Normandie. Une dizaine de vétérans sont ensuite montés sur scène, émus, avant d’être salués par une ovation debout du public.
M. Trump, qui concluait à cette occasion une visite d’Etat au Royaume-Uni entamée lundi, a lu une prière que son prédécesseur Franklin D. Roosevelt déclama à la radio au soir du 6 juin 1944 en soutien à ceux qui combattaient alors pour « libérer une humanité souffrante« .
Emmanuel Macron a lu pour sa part la lettre d’adieu déchirante d’un jeune résistant, Henri Fertet, fusillé à l’âge de 16 ans.
Après 87 jours d’emprisonnement et de torture, il écrivit à ses parents: « Je meurs pour ma patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. (…) Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ?« .
Angela Merkel a elle souligné dans un communiqué que le Débarquement avait « libéré » les Allemands du « national-socialisme« , et permis « la réconciliation, l’unification au sein de l’Europe« .
Pour commémorer cette journée historique, les pays représentés à Portsmouth ont adopté une « Déclaration » pour « faire en sorte que les sacrifices du passé ne soient jamais vains« .
Absente des célébrations, la Russie a appelé à ne pas « exagérer » l’importance du Débarquement, et à ne pas « minorer » ainsi le rôle de l’URSS dans la défaite d’Hitler.
Réunion internationale oblige, la célébration a donné lieu à plusieurs rencontres bilatérales.
Donald Trump et Angela Merkel ont ainsi discuté une dizaine de minutes, abordant notamment la situation en Libye, selon la Maison Blanche.
Emmanuel Macron a passé de son côté 20 minutes avec Theresa May, l’occasion d’évoquer les crises du Moyen-Orient ainsi que la COP26 sur le climat que le Royaume-Uni souhaite accueillir, a indiqué l’Elysée.
Jeudi matin, M. Macron retrouvera la dirigeante et des vétérans britanniques pour la pose de la première pierre d’un mémorial britannique en Normandie.
Ce sera le dernier grand rendez-vous officiel de Mme May, qui a jeté l’éponge après avoir échoué à mettre en oeuvre le Brexit, avant sa démission vendredi.
Après la cérémonie à Portsmouth, M. Trump s’est rendu en Irlande où il a assuré au Premier ministre Leo Varadkar que le problème posé par le Brexit finirait par trouver une issue positive.
La frontière entre la république d’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord est actuellement ouverte à la circulation des biens et des personnes, les deux pays étant membres de l’UE, mais Dublin craint que le Brexit n’entraîne le retour d’une frontière physique.
HS avec AFP
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