Quatre questions politiques sur lesquelles Harris et Trump ont changé d’avis

De la fracturation hydraulique aux armes à feu en passant par l'avortement et la Sécurité sociale, nous examinons les anciennes et nouvelles positions politiques des deux principaux candidats à l'élection présidentielle

Par Jacob Burg
18 octobre 2024 13:47 Mis à jour: 13 novembre 2024 23:32

Les candidats à la présidence, la vice-présidente Kamala Harris et l’ancien président Donald Trump, ont tous deux changé d’avis sur des questions majeures au cours de leur carrière.

Mme Harris a récemment affirmé que « [ses] valeurs n’avaient pas changé », tandis que M. Trump a également minimisé les changements d’opinion sur des sujets politiques au cours des cinq décennies qu’il a passées sur la scène publique.

« L’avantage de changer de position est de se rapprocher du centre pour attirer les électeurs modérés et indécis », a déclaré à Epoch Times Robert Shapiro, professeur de sciences politiques à l’université de Columbia . « Le risque est d’avoir l’air indécis et peut-être de s’aliéner les partisans des positions initiales. »

Shapiro a ajouté qu’il s’agissait probablement d’un « bon risque » à ce stade, car les partisans des deux candidats resteront probablement à leurs côtés pendant qu’ils séduiront les autres.

Cependant, les changements peuvent également amener les électeurs à remettre en question le jugement d’un candidat.

« Après le 11 septembre, un certain nombre de démocrates, dont Hillary Clinton et John Kerry, ont voté en faveur de la guerre en Irak, avant de changer d’avis lorsque le processus a dérapé », a expliqué à Epoch Times John Murphy, professeur de communication spécialisé dans la rhétorique présidentielle à l’université de l’Illinois .

« Cela leur a porté préjudice plus tard dans la décennie, créant un problème de volte-face pour Kerry et une vulnérabilité pour Clinton lorsque Obama a pu dire qu’il avait moins d’expérience mais un meilleur jugement en 2008. »

D’autres suggèrent que si le changement de position peut être considéré comme une forme de manipulation, il présente aussi des avantages défensifs.

« Je vois à la fois Harris et Trump tenter d’utiliser leurs changements de position pour émousser toute attaque qui pourrait être faite contre eux par l’autre camp », a déclaré à Epoch Times Aaron Dusso, professeur de sciences politiques à l’Université d’Indiana-Indianapolis.

Epoch Times a choisi quatre politiques pour lesquelles les positions de chaque candidat ont évolué. Pour Mme Harris, ses opinions sur la fracturation hydraulique, l’immigration, Medicare for All (Une « assurance maladie pour tous », ndlr) et le contrôle des armes à feu ont toutes changé. M. Trump, lui, a changé d’avis sur l’avortement, la marijuana, la sécurité sociale et les déductions fiscales locales et d’État (SALT).

Harris sur la fracturation

Alors qu’elle se présentait à l’élection présidentielle de 2019, Mme Harris a déclaré : « Il ne fait aucun doute que je suis en faveur de l’interdiction de la fracturation. » La fracturation permet d’extraire du pétrole ou du gaz du sous-sol en injectant de l’eau et des produits chimiques à haute pression. Il s’agit d’une industrie essentielle dans des États comme le Texas et la Pennsylvanie, cette dernière étant un champ de bataille clé pour les élections de 2024.

Lorsqu’elle était procureure général de l’État, Mme Harris s’était battue contre l’approbation fédérale de la fracturation en mer, le long du littoral californien.

En rejoignant l’équipe du président Biden, elle est revenue sur sa position. Lors d’une interview accordée en août à CNN, Mme Harris a vanté son vote décisif en faveur de la loi sur la réduction de l’inflation, qui a permis d’étendre les concessions de fracturation.

Des employés de Diversified Energy se tiennent près d’un puits de gaz naturel à Franklin Township, en Pennsylvanie, le 6 septembre 2024. (Rebecca Droke/AFP via Getty Images)

« Ce que j’ai vu, c’est que nous pouvons croître et développer une économie florissante basée sur les énergies propres sans interdire la fracturation hydraulique », a déclaré Mme Harris. Lors du débat présidentiel du 10 septembre, elle a promis de ne pas interdire la fracturation.

Le revirement de Mme Harris pourrait constituer un point d’achoppement si M. Trump la qualifie non pas de « versatile » sur la question, mais simplement d’ « anti-fracturation », même si cela ne correspond pas à sa position actuelle, a déclaré M. Dusso.

Harris sur l’immigration

Lorsqu’elle s’est présentée à l’élection présidentielle de 2019, Mme Harris a soutenu la décriminalisation des franchissements illégaux de la frontière. Elle a déclaré que le rôle de l’ICE, l’Immigration and Customs Enforcement (l’agence de police douanière et de contrôle des frontières du département de la Sécurité intérieure des États-Unis), devrait être réexaminé et a soutenu la diminution du financement de l’agence.

Aujourd’hui, Mme Harris est opposée à la dépénalisation du franchissement des frontières. À la suite d’un voyage à la frontière à Douglas, en Arizona, le 27 septembre, elle a déclaré qu’elle soutiendrait des restrictions plus sévères en matière d’asile, que l’administration Biden a mises en œuvre le 30 septembre.

« Les personnes qui franchissent illégalement nos frontières seront appréhendées et expulsées, et il leur sera interdit de revenir pendant cinq ans. Nous engagerons des poursuites pénales plus sévères contre les récidivistes, et si quelqu’un ne fait pas de demande d’asile à un point d’entrée légal et franchit notre frontière illégalement, il ne pourra pas bénéficier de l’asile », a déclaré Mme Harris lors de l’événement organisé à Douglas.

Mme Harris a également promis de relancer le projet de loi bipartisan sur les frontières, qui a échoué, après avoir reproché à M. Trump d’avoir dit aux Républicains du Sénat de voter contre. Le projet de loi, qui nécessiterait le soutien du parti démocrate pour être adopté par le Congrès, financerait des milliers de nouveaux agents frontaliers et poursuivrait la construction d’un mur le long de la frontière méridionale. Ses détracteurs estiment qu’il ne va pas assez loin pour sécuriser la frontière.

« Le bilan de l’administration Biden en matière d’immigration a toujours été un problème potentiel pour elle, même si le fait que M. Trump ait fait capoter le projet de loi [sur les frontières] a considérablement atténué ce problème », a déclaré M. Murphy.

La candidate à la présidentielle de 2020, la sénatrice Kamala Harris, et la sénatrice Kirsten Gillibrand visitent un centre de détention pour mineurs non accompagnés à Homestead, en Floride, le 28 juin 2019. (Joe Raedle/Getty Images)

Harris sur l’assurance maladie pour tous

Au cours de sa première année au Sénat, Harris a coparrainé la loi Medicare for All Act de 2017 du sénateur Bernie Sanders, qui aurait remplacé l’assurance privée par un « programme national d’assurance maladie » administré par le gouvernement fédéral.

Lors de sa candidature à l’élection présidentielle de 2019, Mme Harris a fait la promotion de sa propre version du Medicare for All, qui incluait l’assurance privée. Le plan prévoyait de reprendre le système Medicare et de l’étendre à tous les Américains pour couvrir les visites aux urgences, les médecins, les soins de la vue, les soins dentaires, les prothèses auditives, la santé mentale, le traitement de la toxicomanie et la santé génésique.

« En Amérique, les soins de santé devraient être un droit, et non un privilège réservé à ceux qui en ont les moyens. C’est pourquoi nous avons besoin d’une assurance maladie pour tous », a-t-elle écrit en 2019.

Lors du débat de 2024 avec Trump, la modératrice Linsey Davis a interrogé Harris sur ses pivots sur Medicare for All et sur ce qu’était son plan aujourd’hui.

Une ambulance passe devant des manifestants soutenant l’Affordable Care Act près du Wilshire Federal Building à Los Angeles, le 25 janvier 2017. (David McNew/AFP via Getty Images)

« Je soutiens absolument – et au cours des quatre dernières années en tant que vice-président – les options de soins de santé privés. Mais ce que nous devons faire, c’est maintenir et développer l’Affordable Care Act », a-t-elle déclaré. « Le plan doit être de renforcer la loi sur les soins abordables, et non de s’en débarrasser. »

Harris sur le contrôle des armes à feu

Lors des primaires présidentielles de 2019, Mme Harris était l’un des cinq candidats à soutenir un programme de rachat obligatoire des armes dites d’assaut, qui aurait obligé les propriétaires à vendre certaines armes au gouvernement fédéral.

Lors du récent débat présidentiel, M. Davis a souligné que Mme Harris n’était plus favorable à une politique de rachat des armes à feu. Mme Harris n’a pas expliqué pourquoi elle avait changé d’avis.

Lors de ses meetings de campagne, Mme Harris s’est prononcée en faveur d’une interdiction générale des « armes d’assaut » et d’un renforcement des restrictions sur les armes à feu.

« Nous qui croyons en la liberté de vivre à l’abri de la violence des armes à feu, nous allons enfin adopter le contrôle universel des antécédents et l’interdiction des armes d’assaut », a déclaré Mme Harris lors d’un rassemblement en juillet.

« Tim Walz et moi-même possédons tous deux des armes à feu. Nous n’enlèverons les armes à personne », a déclaré Mme Harris lors du débat avec M. Trump sur ABC, après qu’il a prétendu qu’elle « avait un plan pour confisquer les armes de tout le monde ».

Epoch Times a contacté l’équipe de campagne de Mme Harris pour obtenir un commentaire, mais n’a pas reçu de réponse.

« Si des électeurs indécis modérés prêtent attention à Mme Harris, sa volonté d’autoriser la fracturation et le fait qu’elle possède des armes à feu pourraient leur envoyer des signaux positifs », a déclaré M. Shapiro.

Trump sur l’avortement

Peu avant d’envisager de se présenter à l’élection présidentielle en 1999 avec le Parti de la Réforme, M. Trump avait déclaré dans l’émission « Meet the Press » de la chaîne NBC : « Je suis très favorable à l’avortement ».

Lorsqu’il s’est présenté à l’élection présidentielle de 2016, M. Trump s’est présenté comme étant pro-vie.

Des partisans contre l’avortement écoutent le discours du président Donald Trump lors de la 47e édition de la « Marche pour la vie » à Washington, le 24 janvier 2020. (Olivier Douliery/AFP via Getty Images)

Il s’est attribué le mérite d’avoir nommé trois juges de la Cour suprême qui ont contribué à renverser l’amendement Roe v. Wade dans l’arrêt Dobbs de 2022, ouvrant ainsi la voie à des interdictions de l’avortement au niveau des États et à des amendements qui ont inscrit l’accès à l’avortement dans de nombreuses constitutions d’État.

Il a déclaré qu’il ne signerait pas d’interdiction fédérale de l’avortement, alors qu’il avait déjà approuvé une interdiction fédérale de l’avortement après 20 semaines de grossesse lorsqu’il était Président.

Récemment, M. Trump a critiqué l’interdiction de l’avortement dans les six semaines en Floride, la qualifiant de trop restrictive. Alors qu’il avait d’abord semblé réceptif à la prochaine initiative électorale de l’État visant à rétablir l’accès à l’avortement par le biais d’un amendement constitutionnel, M. Trump a fait savoir qu’il voterait contre cette mesure.

Trump sur la marijuana

En 2018, le procureur général de l’administration Trump, Jeff Sessions, a annulé le mémorandum Cole de l’ère Obama, qui demandait aux procureurs fédéraux de ne pas poursuivre les infractions pénales liées à la marijuana dans les États où elle est légale en vertu de la législation de l’État.

En février 2017, le secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Sean Spicer, avait déclaré que le ministère de la Justice superviserait « une plus grande application » des lois fédérales concernant la marijuana récréative, par opposition à la marijuana médicale.

Un dispensaire de cannabis légal est situé dans le quartier de l’East Village à New York, le 16 juin 2023. (Spencer Platt/Getty Images)

Spicer déclarait : « Il y a une grande différence entre l’usage médical […] [et] l’usage récréatif, et c’est quelque chose que le ministère de la Justice, je pense, va examiner de plus près ». Il a également suggéré qu’il existait un lien entre la consommation de marijuana à des fins récréatives et l’abus d’opiacés.

En 2019, M. Trump a signé des crédits qui comprenaient des dispositions empêchant le ministère de la Justice d’utiliser des fonds budgétaires pour empêcher les États de mettre en œuvre leurs propres lois sur la marijuana à des fins médicales. Trump a déclaré dans un communiqué : « Mon administration traitera cette disposition conformément à la responsabilité constitutionnelle du Président d’exécuter fidèlement les lois des États-Unis. » Les militants de la cause de la marijuana ont interprété cette déclaration comme mettant l’accent sur l’interdiction fédérale du cannabis au détriment des lois des États.

Aujourd’hui, en 2024, M. Trump a soutenu l’amendement 3 de la Floride, qui légaliserait la marijuana à usage récréatif pour tous les adultes de plus de 21 ans. Il a également soutenu les efforts de Joe Biden pour reclasser la marijuana dans la catégorie des drogues moins graves de l’annexe III, plutôt que dans celle de l’annexe I, réservée aux substances jugées sans valeur médicale, comme l’héroïne.

Trump sur la Sécurité sociale

Lors d’une interview donnée en 1999 dans le cadre de l’émission « Meet the Press », M. Trump a déclaré qu’il envisagerait de privatiser la sécurité sociale, bien qu’il n’en « aime pas l’idée ».

Un an plus tard, il a écrit un livre intitulé « The America We Deserve » (L’Amérique que nous méritons, ndlr), dans lequel il préconise de relever l’âge de la retraite à 70 ans et qualifie la Sécurité sociale de « système de Ponzi ».

Lors d’une interview accordée à CNBC en 2020, M. Trump a déclaré : « À un moment donné, ils seront [sur la table] » en parlant de la réduction des droits à la Sécurité sociale et à l’assurance maladie. Lors d’une autre interview la même année, M. Trump a déclaré : « Oh, nous ferons des coupes ».

L’ancienne porte-parole de la Maison-Blanche, Stephanie Grisham, a déclaré plus tard sur X que M. Trump parlait de « réduire les déficits, PAS les droits ».

La campagne de Trump pour 2024 a promis à plusieurs reprises de ne pas réduire la Sécurité sociale ou l’assurance maladie et de ne pas modifier l’âge de la retraite.

Des personnes se rassemblent pour demander l’extension des prestations de sécurité sociale, devant la Maison-Blanche, le 13 juillet 2015. (Win McNamee/Getty Images)

Trump sur les impôts locaux et d’État

Pendant son mandat, la loi fiscale de Trump a plafonné la déduction des impôts locaux et d’État (SALT) à 10.000 dollars par déclaration de revenus, ce qui devrait expirer à la fin de l’année 2025. Ce plafond a été impopulaire dans les États bleus à forte fiscalité, où des sièges très disputés pourraient déterminer quel parti contrôlera la Chambre des représentants en 2025.

À l’approche d’un voyage de campagne à Long Island, dans l’État de New York, M. Trump est revenu sur sa position à l’égard de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.

« Je vais redresser [New York], rétablir le SALT, baisser vos impôts et bien plus encore. Je travaillerai avec le gouverneur et le maire démocrates, et je m’assurerai que le financement est là pour ramener l’État de New York à des niveaux qu’il n’a pas connus depuis 50 ans », a écrit M. Trump dans un message publié le 17 septembre sur Truth Social.

Epoch Times a contacté l’équipe de campagne de Trump pour un commentaire mais n’a pas reçu de réponse.

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