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Soupçons d’emploi parlementaire fictif: un an avec sursis requis contre Jean-Christophe Lagarde

octobre 4, 2022 12:00, Last Updated: octobre 4, 2022 12:36
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Près de 40.000 euros d’argent public pour l’aide à l’écriture d’un livre jamais paru : jugé lundi à Paris, l’ex-député UDI Jean-Christophe Lagarde a tenté de convaincre le tribunal correctionnel que l’emploi de sa belle-mère comme assistante parlementaire à la fin des années 2000 n’avait rien de fictif.

Jugé pour « détournement de fonds publics », le président du parti centriste n’a pas emporté la conviction du Parquet national financier (PNF) qui a requis à son encontre un an d’emprisonnement avec sursis, assorti d’une privation des droits civiques de cinq ans, et six mois contre la mère de son épouse, Monique Escolier-Lavail, pour des « faits insupportables pour le corps social ».

À l’audience, le contraste entre cette ex-patronne de PME du Sud-Ouest et son gendre est saisissant.

« Je ne me suis pas posé de questions »

Silhouette fragile, le regard braqué au sol, Mme Escolier-Lavail, 69 ans, peine à répondre aux questions du tribunal sur son emploi d’assistante parlementaire entre mai 2009 et août 2010, à une époque où le recrutement au sein du cercle familial n’était pas encore proscrit par la loi.

« Je ne sais pas quoi vous répondre », « je ne me suis pas posé de questions » : perdue dans sa doudoune sans manche, elle peine à dissiper les interrogations de la présidente qui s’étonne de son recrutement alors qu’elle réside à 600 km de Paris et qu’elle n’a aucun lien avec les autres assistants de son beau-fils.

Selon son récit, elle a été recrutée pour combiner son expérience personnelle avec des documents qu’elle devait collecter pour fournir la matière d’un livre sur les  PME auquel voulait s’atteler son gendre, alors député de Seine-Saint-Denis.

L’enquête ouverte par le PNF en 2017 n’a pourtant révélé aucune trace des « cinq heures de travail par jour, sept jours sur sept » qu’elle dit avoir dédiées à cette mission en « lisant les journaux », « en regardant les informations » ou via des « conversations informelles ».

L’ordinateur où étaient consignées ses coupures de journaux et ses observations a été endommagé par la foudre qui s’est abattue sur sa maison en mars 2017, tandis que les clés USB et courriers via lesquelles elle échangeait avec son gendre ont disparu.

« On ne peut pas déduire de l’absence d’élément matériel le fait qu’il n’y ait pas eu de travail. C’est attentatoire aux droits de la défense », dira son avocate Virginie Tesnière.

La voix étranglée par les sanglots, la prévenue admet ne pas avoir pleinement répondu à la mission qui lui a été confiée mais se défend de tout délit. « Ce n’est en aucun cas fictif, jure-t-elle. Même si parfois je n’ai pas réussi, j’ai travaillé, je n’ai jamais triché de ma vie ».

Un contrat « atypique »

Député de Seine-Saint-Denis pendant vingt ans, ex-maire de Drancy, son gendre semble bien plus à l’aise devant le tribunal. Au détour de ses explications, M. Lagarde s’attarde sur ses conflits passés avec Nicolas Sarkozy ou sa proximité avec Jean-Louis Borloo.

Sur le fond du dossier, M. Lagarde admet du bout des lèvres le caractère « atypique » du contrat conclu avec sa belle-mère pour se justifier aussitôt. « Elle pouvait me faire découvrir des choses qu’on ne lit pas dans les bouquins », assure-t-il.

Lors des perquisitions à son domicile, aucun élément attestant de leur collaboration n’a été trouvé, pas plus que la première partie de cet ouvrage sur les PME que M. Lagarde dit avoir rédigé et dont il se serait, depuis longtemps, débarrassé.

Fustigeant une « enquête paresseuse », son avocat Yvon Goutal appelle le tribunal à ne pas confondre ce dossier avec l’affaire des époux Fillon, dont l’ombre plane sur ce procès et qui portait également sur des emplois parlementaires dans le cercle familial.

« Il y avait dans l’affaire Fillon des éléments très clairs à charge qui sont totalement absents ici », affirme-t-il, assurant que « le soupçon ne suffit pas ».

Le jugement est attendu le 7 décembre.

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