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« 55% des agriculteurs français vont partir à la retraite d’ici moins de dix ans »: l’inquiétante diminution du nombre d’agriculteurs en France

janvier 15, 2024 12:57, Last Updated: janvier 15, 2024 13:09
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Dans les années 1970, la France comptait en moyenne 1,6 millions d’agriculteurs. Aujourd’hui ils ne sont plus qu’à peine 400.000. Mauvaise réputation de la profession auprès des jeunes, des journées de travail fatigantes et des retraites peu élevées … Des raisons régulièrement évoquées pour expliquer ce phénomène. Le monde agricole est en colère et attend des réponses fortes de la part du gouvernement pour entre autres y remédier.

En 50 ans, la France a perdu les trois quarts de ses agriculteurs

Les dernières données disponibles sont celles du recensement agricole réalisé en 2020 et elles sont inquiétantes. Le rapport note qu’il y avait en 1970, 1.587.600 exploitations agricoles contre 390.000 en 2020. « Si la baisse du nombre d’exploitations est une constante depuis 50 ans, elle a été maximale entre 1988 et 2000, avec une chute de 350.000 en douze ans », est-il notamment écrit dans le document. Tous les secteurs de l’agriculture sont touchés par cette forte baisse à l’exception de ceux de l’horticulture et du maraîchage. Les élevages de bovins, porcins, volailles, ovins etc. sont de loin les plus impactés. Entre 2010 et 2020, l’hexagone aurait perdu 30 % de ses élevages, c’est-à-dire la disparition de 63.500 exploitations.

Les territoires ne subissent pas tous cette forte diminution au même niveau. L’ouest de la France, de la Normandie à la Nouvelle-Aquitaine en est particulièrement victime (-20 %). Toutefois, les départements les plus affectés sont respectivement les Vosges, le Territoire de Belfort et les Alpes-Maritimes. Mais la chute importante du nombre d’agriculteurs observée ces 50 dernières années n’est pas le seul phénomène qui inquiète.

La population des exploitants vieillit. Toujours entre 2010 et 2020, l’âge moyen d’un agriculteur est passé de 50,2 à 51,4 ans. Ils sont 60 % à avoir 50 ans ou plus et 43 % d’entre eux sont âgés de plus de 55 ans, soit une hausse de 7 % . Le nombre de sexagénaires dans la profession a lui aussi augmenté. Ils représentent 25 % des exploitants contre 20 % en 2010. Et la majorité de ceux qui sont encore actifs aujourd’hui va bientôt devoir partir à la retraite. Selon une étude de l’Insee publiée en 2019, 55 % des agriculteurs devraient cesser leur activité à l’horizon 2030.

Des raisons multiples au désintérêt pour le monde agricole

La diminution continue du nombre de fermiers s’explique notamment par le manque d’attractivité de la filière. Un manque d’attractivité nourrit selon certains agriculteurs par des discours hostiles au monde agricole. « Je vois que mon métier n’a pas une aussi bonne réputation qu’avant. Dans les années 1980, je pouvais exercer ma profession tranquillement. Aujourd’hui, des gens, souvent jeunes me font la morale en me disant que je fais du mal aux animaux. Je pense qu’ils sont trop influencés par ce qu’ils écoutent dans les médias et certains discours politiques. Ils oublient que nous les nourrissons ! », nous confie Alain (le prénom a été modifié), éleveur de volailles dans le département de l’Eure en Normandie.

Même si une grande majorité des Français ont une bonne opinion de l’agriculture (71 % selon un sondage BVA de 2021), seulement 56 % des 18-24 en ont une bonne image. Les jeunes sont plus sensibles aux sujets environnementaux que les autres générations et peuvent voir en l’agriculture un système qui nuit à la biodiversité.

« Je comprends les plus jeunes qui s’engagent pour la protection de la planète et c’est très bien, mais eux aussi doivent comprendre que quand mes collègues cultivateurs utilisent des pesticides, ce n’est pas par plaisir », poursuit Alain.

Être agriculteur demande également de ne pas compter ses heures. Les exploitants travaillent en moyenne 55 heures par semaine contre 37 pour les autres actifs. Ils sont, selon le média agricole DecodAgri, ceux qui travaillent le plus. Travailler plus, mais pas nécessairement pour gagner plus. En effet, ils travaillent énormément, mais bénéficient d’une retraite de seulement 1.000 euros par mois. Une autre raison pour laquelle les nouvelles générations ne choisissent pas la voie agricole.

Les agriculteurs en colère

Depuis plus d’un mois, à l’instar de leurs voisins allemands, les exploitants français sont excédés et manifestent leur mécontentement. En signe de protestation contre l’excès de normes, l’importation de produits étrangers, les hausses de taxes et les faibles retraites, des panneaux d’entrées d’agglomération ont été retournés partout sur tout le territoire aux cris de : « On marche sur la tête ». « J’ai participé à ces actions parce que je suis fatigué de toutes ces réglementations, surtout sur la grippe aviaire », nous dit l’agriculteur normand, avant d’ajouter que « ces normes excessives participent d’une certaine manière à la baisse du nombre d’exploitants depuis des années ».

En déplacement en Seine-Maritime le 15 décembre, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté a présenté le Pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture. Annoncé par le chef de l’État en 2022, ce pacte, censé devoir répondre à l’enjeu démographique auquel les agriculteurs font face, a notamment pour ambitions de rendre la profession plus attractive pour les jeunes avec la création d’un « bachelor agro » et le « lancement d’un programme national triennal de formation accélérée aux transitions agroécologique et climatique » en 2025. Ce pacte inclut un projet de loi qui sera soumis au Conseil des ministres ce mercredi 17 janvier et devrait donc être débattu ce semestre à l’Assemblée nationale. Pour le moment, les agriculteurs attendent.

Du 24 février au 3 mars a lieu le Salon de l’Agriculture Porte de Versailles à Paris. L’édition 2024 de ce grand rendez-vous politique et agricole s’annonce plus animée que les précédentes.

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