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80% des boulangeries françaises ne bénéficient pas du bouclier tarifaire : vont-elles survivre à l’inflation ?

décembre 12, 2022 19:59, Last Updated: décembre 12, 2022 20:12
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Face à la hausse des prix, huit boulangeries sur dix sont-elles menacées de fermer leurs portes l’année prochaine ? La filière est en grand danger, notamment parce qu’elle ne bénéficie pas du bouclier tarifaire du gouvernement.

La baguette, qui vient pourtant d’être classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, connaît des jours sombres et 80% des boulangeries risquent la fermeture. En cause, la flambée des prix de l’énergie, cumulée à celle des matières premières.

Les meuniers également gravement touchés par ces hausses de l’électricité

Dans l’actuel contexte économique, que vont devenir les 33.000 artisans-boulangers français ? S’ils avaient déjà connu une concurrence déloyale avec l’arrivée des boulangeries industrielles et des grandes surfaces il y a quelques années, ils sont cette fois-ci face à plusieurs problématiques de taille. L’une d’entre elles résulte du fait qu’ils ne bénéficient pas du bouclier tarifaire pour les protéger des hausses trop fortes de l’énergie.

En amont, les meuniers sont également gravement impactés. L’Association Nationale de la Meunerie Française a tiré la sonnette d’alarme il y a quelques semaines, rapporte Euractiv France, en déclarant que cette « hausse drastique des coûts de l’électricité, suite à celle du blé », constitue « une menace sans précédent pour la rentabilité de la meunerie française ». Pour ces entreprises souvent très « énergivores », le gouvernement n’a pas mis en place de bouclier tarifaire.

Les boulangers tentent pourtant de trouver des plans de survie mais ceux-ci ne changent pas radicalement la donne. L’une d’entre elles est d’augmenter le prix de la baguette, mais en conséquence, cela fait fuir les clients. D’autres font cuire le pain plus tôt dans la nuit afin d’avoir des tarifs plus avantageux. D’autres encore optent pour fermer boutique certains jours dans la semaine, ou encore diminuer le nombre de farines utilisées dans la fabrication de pains spéciaux. En dernier recours, certains vont jusqu’à se séparer d’une partie ou de tous leurs employés.

« On était déjà en situation de fragilité, là c’est le coup de grâce »

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est voulu rassurant, ce mardi 6 décembre, en indiquant aux PME de moins de 250 salariés ne bénéficiant pas du bouclier tarifaire qu’elles pourraient demander une réduction de 20 % de leur facture, et ce dès 2023. Il a par ailleurs assuré que le gouvernement ne laissera pas tomber les boulangers de France et a stipulé qu’il étudiera « ce qui doit être mis en place de complémentaires pour aider les professions dans une situation particulière », et dont les boulangers font partie. Mais est-ce que cela sera suffisant pour éviter les fermetures de ces commerces ?

« On était déjà en situation de fragilité, là c’est le coup de grâce. Il faut que les Français se préparent à voir leur commerce préféré disparaître », se désole auprès d’Euractiv France Jérémy Ferrer, un artisan boulanger basé dans la ville de Meaux (Seine-et-Marne). Il précise qu’ « il y a également une hausse de 50 % des matières premières en moyenne. 45 % pour la farine, plus de 100 % pour le beurre, sans oublier le sucre, le sel ». « Demain, il n’y aura peut-être plus d’artisans pour fabriquer nos baguettes », ajoute-t-il. Cet artisan, ainsi que d’autres représentants de ce secteur, ont notamment été reçu il y a quelques jours par Olivia Grégoire, la ministre chargée des PME, du Commerce et de l’Artisanat.

En 1970 il y avait 55.000 petites boulangeries en France. Aujourd’hui elles ne sont plus que 33.000 et détiennent 55% du marché du pain, indique la Confédération Nationale de la Boulangerie. Une situation qui n’est pas plus mirobolante chez nos voisins Belges ou Allemands.

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