Lors du XXe Congrès national du Parti communiste chinois tenu en octobre dernier, Xi Jinping a obtenu son troisième mandat. Deux mois plus tard, il a brusquement abandonné sa politique zéro Covid. Ce revirement a largement surpris tout le monde. Un petit nombre d’observateurs ont remarqué cependant que Xi Jinping a procédé à des retournements similaires dans deux autres domaines importants : l’économie et les affaires étrangères. Lorsque nous examinons de près ces trois ajustements majeurs, la question économique apparaît comme l’élément déterminant.
Pour relancer rapidement l’économie du pays, c’est‑à‑dire pour reprendre la fabrication et l’import‑export le plus rapidement possible, le Parti communiste chinois (PCC) a soudainement levé toutes les restrictions liées au Covid‑19. Ce faisant, il a permis à la maladie de balayer la Chine comme un tsunami.
Un think tank chinois, dirigé par la Pr Ma Jingjing de l’École nationale du développement de l’Université de Pékin, a publié un article dans l’hebdomadaire chinois Economic Observer le 13 janvier 2023. Selon les chercheurs, au 11 janvier, environ 64% des 1,4 milliard de Chinois, soit 900 millions de personnes, ont été infectés par le Covid‑19. L’épidémie aurait atteint son pic le 20 décembre 2022 dans une majorité de régions.
Si 64% de la population a été infectée alors la Chine a établi une barrière immunitaire. Nous assisterons à une reprise complète de l’activité manufacturière partout dans le pays après le Nouvel An chinois. Cette reprise se fera au prix de 900.000 décès liés aux 900 millions d’infections… En supposant prudemment que le taux de mortalité soit de 0,1%. Le taux de mortalité réel est probablement bien plus élevé, et certains spécialistes pensent que le pic est encore à venir.
Seul le PCC pouvait oser lever toutes les restrictions sanitaires sans programme ni préparatifs et provoquer 900 millions de cas en un mois.
Pour quelles raisons ?
Selon Bloomberg, « le plan du gouvernement est de surmonter rapidement la vague initiale de réouverture, et de ramener l’économie –étouffée par des mois de confinements paralysants, de quarantaines obligatoires et de tests – à une croissance constante. »
Afin de relancer l’économie, Xi Jinping est allé jusqu’à inverser ses politiques économiques phares. Ces dernières peuvent être divisées en trois grandes catégories : hautes technologies, éducation et formation, et enfin immobilier.
Chaque fois qu’une entreprise est confrontée à une crise, elle devient l’objet d’une couverture médiatique internationale. Par exemple, en 2021, Alibaba s’est vu infliger une amende record d’environ 2,8 milliards de dollars. Quant au géant immobilier Evergrande, il a été confronté à une crise de la dette qui a menacé l’économie. L’année dernière, la plus grande entreprise d’enseignement privée en Chine, New Oriental Education, a licencié 60.000 employés et a vu ses revenus chuter de 80%.
Aujourd’hui, Xi Jinping a également levé les restrictions dans ces trois secteurs. Selon la déclaration récente de Guo Shuqing, directeur de la Banque populaire de Chine, pour Xinhua, maintenant que Jack Ma a cédé le contrôle d’Ant Group, la répression des grandes sociétés de la tech est pratiquement terminée.
Selon l’édition chinoise du Wall Street Journal, ces dernières semaines, les responsables chinois ont commencé à planifier de nouvelles stratégies dans les secteurs de la technologie et de l’éducation. Par ailleurs, le régime déploie ses outils financiers pour secourir le secteur l’immobilier.
Le PCC est un système totalitaire, et Xi Jinping en est le dictateur. Sans l’approbation de Xi Jinping, la politique zéro Covid draconienne et l’écrasement des entreprises de l’éducation, de l’immobilier et de la tech n’auraient pas pu avoir lieu. Et maintenant, ces revirements sanitaires à 180 degrés n’auraient pas non plus été possibles.
Xi Jinping a probablement pris conscience désormais que si la Chine veut développer son économie, elle doit s’entendre avec la communauté internationale. Selon les données officielles, le produit intérieur brut (PIB) de la Chine au premier semestre 2022 a atteint environ 8300 milliards de dollars, tandis que le total des importations et des exportations était d’environ 2900 milliards de dollars, soit déjà 35,2% du PIB. L’emploi et la consommation résolus par l’industrie de l’importation et de l’exportation représentent également une proportion considérable du PIB.
Par conséquent, pour maintenir le commerce extérieur, il est nécessaire d’entretenir de bonnes relations internationales. Ce mois‑ci, Zhao Lijian – le célèbre diplomate « guerrier‑loup » – a été démis de ses fonctions de porte‑parole du ministère des Affaires étrangères. Le Yucheng, le vice‑ministre des affaires étrangères, qui préconisait autrefois une coopération sino‑russe « sans limite », a été muté à l’Administration générale de la radio et de la télévision en tant que directeur adjoint. Ces deux mesures seraient liées au désir du PCC d’améliorer son image internationale.
Le contrat social tacite du PCC avec le peuple est « la liberté contre du pain », une vie meilleure contre des droits politiques nuls. Mais lorsque l’économie vacille, le peuple se lève pour résister – les « révoltes des feuilles blanches » fin novembre en sont la preuve.
En 1957, l’ancien dirigeant du PCC Mao Zedong a lancé le Mouvement anti‑droitistes, pour cibler ses opposants. Après cette campagne, il s’est également focalisé sur le développement économique pour rallier des partisans : ce fut le Grand bond en avant de 1958. Cependant, cette campagne s’est soldée par un désastre, provoquant la famine de près de 30 millions de Chinois. Mao Zedong a été contraint d’abandonner son programme économique et de confier la gestion du pays à Liu Shaoqi. Mais Mao Zedong ne voulait pas céder le pouvoir et en lançant la révolution culturelle en 1966, il a renversé Liu Shaoqi et repris le contrôle du pays.
Xi Jinping est‑il en train de préparer son propre Grand Bond en avant en rejetant ses politiques économiques passées ? Va‑t‑il y parvenir ? Dans le cas contraire, lancera‑t‑il une deuxième révolution culturelle ? Après tout, Xi Jinping marche dans les pas de Mao Zedong.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.