Des pêcheurs de Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France, stationnés le long de la gare maritime, ont dénoncé lundi matin la pratique « destructrice » de la pêche électrique, dans le cadre d’un mouvement qui a touché d’autres ports en Europe, selon l’ONG Bloom. Une trentaine de professionnels ont pris place à bord de six bateaux, cornes de brume et fumigènes actionnés, sur lesquels des banderoles « stop à la pêche électrique en Europe » étaient déployés. Environ trente autres se trouvaient sur le quai du port, premier port de pêche français.
L’action, commencée avant 09H00, a pris fin peu avant 09H30. « Jusqu’en 2014, on débarquait du 1er janvier au 30 mai 500 à 600 tonnes de soles à Boulogne, contre 192 tonnes sur la même période cette année. Cette dégringolade a conduit à la mise à la casse de 7 bateaux de fileyeurs de la région, les Hauts-de-France, fin 2017 », a déclaré à un correspondant de l’AFP Stéphane Pinto, vice-président du comité régional des pêches de Hauts-de-France et représentant des fileyeurs régionaux.
« Ce qu’on attend aujourd’hui, c’est que le gouvernement français sorte de son silence et qu’il défende les ressources halieutiques et les pêcheurs artisanaux au niveau européen », a réclamé de son côté le député européen EELV Yannick Jadot, présent au côté des pêcheurs. Ce mouvement, qui concernait d’autres ports en France et en Europe, a été coordonné par l’ONG Bloom. Son directeur scientifique Frédéric Le Manach, présent à Boulogne, a dénoncé une méthode « qui met en péril le tissu social et économique des côtes françaises , destructrice, car elle touche tous les poissons, y compris les œufs et les juvéniles ».
La pêche électrique interdite notamment en Chine, au Brésil et aux États-Unis, consiste à envoyer depuis un chalut des impulsions électriques dans le sédiment pour y capturer des poissons vivant au fond des mers. Elle est interdite en Europe depuis 1998 mais la Commission européenne permet sa pratique depuis 2006 dans le cadre d’un régime dérogatoire exceptionnel. Afin de réclamer une nouvelle interdiction au niveau européen, une quarantaine de pêcheurs ont également manifesté avec 12 navires dans le port de Nieuport, en Belgique, selon Bloom. Aux Pays-Bas, tous les pêcheurs traditionnels du port d’IJmuiden, soit une dizaine de bateaux, étaient présents, toujours selon l’ONG.
En Irlande, des pêcheurs abordant des drapeaux « #StopElectricFishing » étaient visibles dans des ports de sept îles et le port allemand de Flensburg a vu se réunir une dizaine de pêcheurs, selon Bloom. Mi-janvier, le Parlement européen s’est prononcé pour une nouvelle interdiction de la pêche électrique dans l’UE. Cela n’est qu’une étape sur le long parcours législatif du texte, le Parlement devant négocier avec le Conseil (les États membres) et la Commission pour trouver un compromis final. En France, l’Assemblée nationale a apporté son soutien à l’unanimité au gouvernement pour qu’il obtienne l’interdiction définitive.
DC avec AFP
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