Malgré ses 90 ans, Gisèle est une couturière dont les doigts de fée sont toujours aussi précis. À la fois artisan et commerçante, elle tient boutique à Abbeville (Somme) depuis 70 ans, et ne compte pas prendre sa retraite de sitôt.
« Depuis que j’ai commencé, je n’ai jamais arrêté », explique Gisèle au Journal d’Abbeville. Cela fait 72 ans que cette nonagénaire a commencé à travailler dans la couture, sa passion. « J’ai toujours aimé faire ça », assure-t-elle dans sa petite boutique de la chaussée du Bois.
« Des vacances ? J’en ai jamais pris depuis 72 ans ! », s’exclame-t-elle. La retraite ? « Je n’ai jamais envisagé d’arrêter », répond la dynamique nonagénaire qui veut continuer à exercer son métier tant qu’elle est capable de le faire. « Il faut bien que je travaille pour continuer de vivre », ajoute-t-elle, dans une phrase qui peut être prise à double sens : vivre, dans le sens de subvenir à ses besoins, ou bien dans le sens d’avoir une raison de vivre ? À moins que ce ne soit dans les deux sens ?
Dans son magasin où le temps semble s’être arrêté, Gisèle vend quelques habits et bibelots, « mais ce qui me fait vivre, ce sont les travaux de couture », remarque cette experte qui a toujours été manuelle. Aux dires de ses clients, nombreux à avoir commenté l’article du journal local sur Facebook, elle travaille toujours aussi bien et a une éternelle bonne humeur. Plusieurs suggèrent qu’elle soit récompensée pour sa longévité au travail.
Une époque où il y avait davantage de contacts humains
La nonagénaire a remarqué au fil des années nombre de points négatifs au progrès, à cause duquel les contacts humains ont grandement diminué. Quand elle a ouvert sa boutique, « les gens prenaient le temps de s’arrêter et de parler. Maintenant, on voit plus de voitures que de piétons en ville. »
Elle remarque aussi que les membres de la famille de ses clientes ont le nez rivé sur leur téléphone, et que « le monsieur ne regarde même pas si la robe va à sa femme… » Quant aux vêtements que les gens achètent, elle ne peut pas toujours les réparer tellement ils sont de piètre qualité.
« C’était quand même mieux avant », conclut Gisèle, nostalgique d’une autre époque.
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