MOYEN-ORIENT

À Adiyaman, la fin du voyage pour une vingtaine d’ados chypriotes

février 9, 2023 14:10, Last Updated: février 9, 2023 14:52
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De leur hôtel il ne reste que le drapeau, planté droit dans les décombres. Dessous, plus de vingt ados chypriotes et leurs accompagnateurs, venus disputer un tournoi de volley-ball.

Envoyés depuis la République turque de Chypre du  Nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie), ils se sont retrouvés pris dans l’énorme tremblement de terre qui a secoué la Syrie et le sud de la Turquie lundi, faisant plus de 17.000 morts à ce stade et dévastant la ville d’Adiyaman où ils étaient logés.

Jeudi matin, les secouristes envoyés par la RTCN égrènent les noms des disparus un par un, hurlant en direction du tas inerte en espérant un miracle, une plainte, un gémissement en retour.

L’hôtel, situé sur le principal boulevard d’Adiyaman s’est totalement effondré, ses étages en mille-feuilles, comme des dizaines d’autres alentour.

« Nous n’avons toujours pas perdu espoir »

« Je n’ai jamais rien vu de pareil », lâche Ilhami Bilgen, dont le jeune frère, Hasan, faisait partie du voyage. En dépit des apparences et des décombres qu’il contemple il refuse de croire à sa mort.

« Il y a une poche là-bas. Les enfants ont peut-être rampé dedans », espère-t-il. « Nous n’avons toujours pas perdu espoir. »

Dans la petite république de Chypre nord, 270.000 habitants au total, le drame crée un véritable traumatisme national.

Trente-neuf citoyens chypriotes dont 24 enfants âgés de  11 à 14 ans séjournaient dans l’hôtel avec quatre de leurs professeurs, un entraineur et dix parents.

Selon Nazim Cavusoglu, ministre chypriote-turc de l’Éducation présent sur les lieux, un enseignant et trois parents avaient été extraits vivants des ruines mercredi soir.

« Nous ne nous attendons pas à trouver d’autres survivants » 

« Trente-trois personnes sont toujours piégées », a-t-il confié à l’AFP précisant que « les élèves participaient à un tournoi de volleyball inter-écoles ».

Les occasions sont rares : les athlètes de la République turque de Chypre Nord, dont l’existence n’est pas internationalement reconnue, sont exclus des tournois internationaux.

(Photo : ILYAS AKENGIN/AFP via Getty Images)

Le gouvernement a déclaré une mobilisation nationale et loué un avion privé afin de permettre à ses équipes de secours de se joindre aux recherches.

La délégation de quelque 200 personnes a passé la nuit blottie autour d’un feu dans le froid hivernal. Les mêmes petits foyers ont été allumés dans toute la région sinistrée, qui compte quelque 13,5 millions d’habitants rien qu’en Turquie.

« Nous sommes ici depuis lundi avec des familles et des volontaires. Nous attendons le déblaiement des décombres pour pouvoir sortir les enfants d’ici », a assuré le ministre.

« J’ai vu des valises remplies de cadeaux – des loukoums turcs, éparpillés dans les décombres » rapporte un responsable du ministère chypriote turc de la Santé, sans donner son nom.

« Nous ne nous attendons pas à trouver d’autres survivants, mais nous n’arrivons pas non plus à dégager les corps. » 

Le bus qui acheminait les enfants, garé devant l’hôtel, en a subi le même sort : aplati sur lui même.

Face au drame, le président de la République de Chypre, internationalement reconnue, Nicos Anastasiades, dont les relations avec le gouvernement séparatiste sont toujours tendues, a envoyé un message de soutien.

« Nous réaffirmons notre volonté de contribuer et d’offrir notre aide aux efforts humanitaires et de sauvetage en cours », a-t-il tweeté.

Mais les ruines opposent toujours le même silence têtu.

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