Dix ans après sa première édition, la biennale d’Athènes 2018, qui ouvre ses portes vendredi, coïncide avec la fin de la crise: une occasion pour cette exposition d’art contemporain de raconter l’empreinte de la dépression sur la capitale grecque. « Le pays est sorti de la crise mais pas les Grecs »: résume Poka-Yio, directeur de la biennale, qui se déroule dans quatre bâtiments délabrés par la crise et rénovés pour l’exposition. L’hôtel Esperia Palace, fermé pour cause financière, ou l’ex-siège d’une caisse de sécurité sociale, supprimée après une réforme des retraites, figurent parmi ces bâtiments où performances, art vidéo ou installations auront lieu jusqu’au 9 décembre, rassemblant une centaine d’artistes et théoriciens d’art du monde entier.
Il s’agit « de bâtiments emblématiques qui reflètent les plaies de la ville », a souligné lors d’une conférence de presse Efi Ahtsioglou, la ministre de l’Emploi. L’Etat, la préfecture et d’autres institutions participent à un projet visant « à faire revivre » usines, commerces et d’autres bâtiments à Athènes et dans d’autres villes du pays, désaffectés lors de la crise. Dans un ring de boxe, installé dans la salle de conférence de presse symbolisant « le champ de bataille » qu’Athènes était devenue lors des massives manifestations anti-rigueur, les curateurs de la biennale, les Grecs Poka-Yio et Kostis Stafylakis et la suédoise Stéphanie Hermesse, analysent le thème de l’expo, intitulée « Anti ».
Préposition grecque, signifiant « contre » ou « au lieu de », « Anti » évoque l’idée de « la réaction contre l’establishment » mais aussi du « remplacement »: un commentaire sur les utopies et attitudes quotidiennes, allant de la gym, de l’église ou des nouvelles formes de spiritualité aux espaces de sécurité ou à la nourriture. L’installation d’un vieux guichet du terminal 1 de l’aéroport londonien de Heathrow, de l’artiste britannique Yuri Pattison, fait allusion aux « différents mécanismes de contrôle ou de peur » sur fond de crise migratoire et d’extrémisme.
En noir avec des brassards rouges frappés de l’insigne d’une pomme, les membres du « Front allemand de la pomme » (Front Deutscher Apfel), un groupe d’artistes de Leipzig (Allemagne), proclament « la pureté des fruits allemands »: une allusion à la montée des partis d’extrême droite. « The Craft », une reconstruction d’un restaurant archétype américain, de la Koweïtienne Monira Al Qadiri, démontre l’expansion de la culture pop américaine dans le monde arabe et le stress émanant des « environnements standardisés ».
Pour la Turque Pinar Ogrenci, une série des panneaux de publicité avec des signaux lumineux clignotants renvoie au langage mercantiliste des villes contemporaines. La 6ème biennale d’Athènes est dédiée au militant et performer Zak Kostopoulos, mort fin septembre à Athènes lors d’une agression, dont la justice enquête sur la possible nature homophobe.
D.C avec AFP
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