Emmanuel Macron joue gros mardi au Liban, où il va continuer à faire pression sur la classe politique pour qu’elle lance de véritables réformes susceptibles de répondre à la colère des Libanais, un mois après la terrible explosion du port de Beyrouth.
Être efficace en allant vite, sans pour autant faire preuve d’ingérence: le président français s’est fixé un objectif ambitieux pour ce deuxième déplacement en moins d’un mois. « C’est un pari risqué que je fais. J’en suis conscient. Je mets sur la table la seule chose que j’ai: mon capital politique », a-t-il au déclaré site d’information américain Politico.
Cette visite au pas de course aura d’abord une dimension symbolique pour démontrer que les Libanais sont « comme des frères pour les Français », comme l’a proclamé Emmanuel Macron à son arrivée.
La liberté, le dialogue, la coexistence. Le Liban est fort de ces valeurs. Fort de l’Histoire centenaire du Grand Liban. Il saura renaître de la crise qu’il traverse. Je le dis au nom des Français : nous serons toujours aux côtés du peuple libanais. pic.twitter.com/8JRYI0jjQ2
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 1, 2020
Après avoir rendu visite lundi soir à la diva Fairouz qui, à 85 ans, est considérée comme la plus grande chanteuse arabe vivante, il a planté mardi un cèdre – l’emblème du pays – dans la réserve naturelle de Jaj, au nord-est de Beyrouth.
Une façon de marquer le centenaire de la création de l’Etat du Grand-Liban le 1er septembre 1920 par le général français Henri Gouraud. La Patrouille de France était mobilisée pour l’occasion et a survolé Beyrouth et la montagne libanaise aux couleurs du drapeau libanais, rouge, blanc et vert.
Emmanuel Macron s’est ensuite rendu au port de Beyrouth, comme il l’avait fait le 6 août, deux jours après l’explosion ayant fait au moins 188 morts et plus de 6.500 blessés en dévastant une partie de la capitale.
Aux côtés d’@EmmanuelMacron sur le navire militaire Le Tonnerre. Au loin s’étend le paysage dévasté du port de Beyrouth. Au Liban, génie civil et militaire français mais aussi ONG sécurisent, protègent, pansent et préparent la reconstruction d’une ville sœur de la France. ???? pic.twitter.com/GjZxFwEjrd
— Olivier Véran (@olivierveran) September 1, 2020
Il s’est rendu sur le porte-hélicoptères Tonnerre, arrivé le 14 août avec 750 hommes et 150 véhicules, et devait rejoindre un navire de la CGM GMA, venu de Marseille (sud-est de la France) avec à bord plus de 2.500 tonnes d’aide humanitaire envoyées par l’Etat, des ONG, des entreprises et des collectivités.
Emmanuel Macron débutera ensuite la partie la plus sensible et la plus attendue de sa visite: les difficiles discussions avec les responsables politiques. Avec eux, « ma position est toujours la même: celle de l’exigence sans ingérence », a-t-il martelé à son arrivée.
Pour que cette délicate position soit jugée crédible par la population comme par le reste de la communauté internationale, le président français doit obtenir des résultats sans tarder. C’est notamment pour cela que, dès lundi soir, il a appelé à la mise en place d’un « gouvernement de mission » au « plus vite » quelques heures après la nomination d’un nouveau Premier ministre, Moustapha Adib.
« Il ne m’appartient ni de l’approuver ni de l’adouber », a-t-il tenu à préciser à propos du choix de cet universitaire de 48 ans, jusqu’alors ambassadeur en Allemagne, qui est inconnu du grand public.
Très pessimiste, le grand journal libanais L’Orient-Le-Jour estime qu’Emmanuel Macron n’arrivera pas à faire bouger les lignes et se heurtera au pouvoir de blocage du Hezbollah. https://t.co/kKw9aoCAuC via @LorientLeJour
— Clément Weill-Raynal (@CWeillRaynal) August 31, 2020
Comment Emmanuel Macron entend convaincre le Hezbollah de jouer le jeu du « nouveau contrat politique » qu’il propose au Liban? Ce qu’il a dit à Mohammed Raad le 6 août. La bienveillance teintée d’inquiétude du Hezbollah. Mon article dans Le Figaro. https://t.co/2SY0yOpPRc
— Georges Malbrunot (@Malbrunot) August 31, 2020
Il a rappelé que, en contrepartie du lancement de « véritables réformes » contre la corruption endémique, notamment dans les secteurs énergétique et financier, la communauté internationale promettait de débloquer des fonds dont a désespérément besoin le Liban.
Mais M. Adib part avec le handicap d’avoir été choisi, comme ses prédécesseurs, par les forces politiques traditionnelles. Ce qui le décrédibilise d’entrée aux yeux d’un grand nombre de Libanais qui jugent cette classe politique responsable de leurs malheurs, et notamment du drame du 4 août.
Le président français s’est entretenu lundi soir avec l’ex-Premier ministre Saad Hariri, l’un des poids lourds de la communauté sunnite, dont le chef du gouvernement doit être issu selon la Constitution.
Emmanuel Macron accorde une reconnaissance internationale au Hezbollah, ferme les yeux sur les armes et les circuits financiers de l’organisation terroriste pro-iranienne. https://t.co/sBZyiK7Agf
— Clément Weill-Raynal (@CWeillRaynal) August 31, 2020
Après un déjeuner au palais de Baabda à l’invitation du président Michel Aoun, il réunira mardi en fin de journée les représentants des neuf forces politiques à la résidence des pins, celle de l’ambassadeur de France, comme il l’avait fait le 6 août.
Parmi ces forces, figure le puissant mouvement chiite du Hezbollah, avec lequel de nombreux pays occidentaux, parmi lesquels les Etats-Unis, refusent tout contact en raison notamment de ses liens avec l’Iran.
Mais Emmanuel Macron défend sa stratégie de « parler à tout le monde », dont le Hezbollah, « une force politique qui est représentée au parlement », tout en disant « désapprouver » une partie du « projet » politique de ce mouvement.
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