L’usine Nyrstar d’Auby (Nord), dernière à fabriquer du zinc en France avec 300 salariés, sera mise à l’arrêt le 2 janvier pour au moins deux mois, en raison de l’explosion des tarifs de l’électricité, ont annoncé vendredi la CGT et la direction.
L’entreprise avait souscrit en 2011 au mécanisme ARENH (« accès régulé à l’électricité nucléaire historique »), qui garantit à certains industriels français d’acheter à EDF de l’électricité nucléaire à un prix fixe, établi à 42 euros le MWh.
« Ce contrat couvrait environ 68% des besoins de l’usine, le reste étant acheté au prix du marché spot (comptant). Mais les prix de l’énergie continuent de s’envoler, pour arriver aujourd’hui à 409 euros le MWh » sur ce marché, a alerté lors d’une conférence de presse Ludovic Bouvier, représentant de la CGT Métallurgie dans les Hauts-de-France.
« Forcément, de plus en plus d’entreprises adhèrent au dispositif. Sauf que la part du gâteau est plafonnée, à 100 TWh ». Et avec « 80 entreprises adhérentes, les parts se réduisent. Aujourd’hui, le contrat ne couvre plus que 56% des besoins de l’usine », alerte M. Bouvier. Nyrstar a déjà procédé depuis octobre a des baisses de production. « Mais un arrêt aussi long, c’est inédit ».
Les fournisseurs alternatifs d’électricité avaient demandé à l’État de relever cette année le plafond de l’ARENH à 150 TWh, mais le gouvernement n’a pas donné suite, « parce que la Commission européenne s’y oppose », a rappelé le syndicaliste.
La rémunération des 300 salariés est pour l’instant maintenue, mais « fermer une fois, c’est ouvrir une porte. Il n’est pas dit que l’année prochaine, on ne nous dise pas ‘il faut fermer à nouveau' », craint Nasser Sadki, secrétaire CGT de l’usine, également inquiet pour les prestataires et clients.
« Aujourd’hui, le gouvernement doit agir, bousculer la Commission européenne », a-t-il plaidé. Il craint aussi que cette fermeture « donne l’idée » à d’autres industriels, de « fermer eux aussi » pour « faire pression » sur l’État.
« Je crains que cela prenne une ampleur nationale cette histoire », s’inquiète de son côté Ludovic Bouvier, en entrevue auprès de nos confrères de France 3.
« Il n’y a pas de bluff. Avec ces prix inimaginables (…) on est face à un mur », produire n’est pas rentable, a réagi le directeur du site Xavier Constant. Pour produire 170.000 tonnes de zinc, l’usine consomme chaque année 73 GW d’électricité, soit l’équivalent « de Lille et sa banlieue ».
Et avec l’annonce de l’arrêt de la centrale de Chooz (Ardennes), les prix pourraient atteindre « 640 euros le MWh » en janvier. La fermeture pourrait s’étendre en mars « si les prix ne baissent pas suffisamment », a-t-il averti, attendant « de la visibilité, des certitudes » sur l’approvisionnement électrique.
En novembre, l’aciérie Ascoval, également dans le Nord, avait évoqué la possibilité de délocaliser une partie de sa production en Allemagne pour faire face aux prix de l’électricité, provoquant de vives protestations, avant de renoncer.
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