A Davos, un tableau sombre de l’état de la planète

Par Epoch Times avec AFP
26 mai 2022 16:30 Mis à jour: 26 mai 2022 16:34

Pas de neige, mais de nombreux orages qui grondent: le forum de Davos, qui s’achevait jeudi, a multiplié les alertes sur l’accumulation des crises secouant actuellement la planète. 

Invité d’honneur (en visio) de la journée d’ouverture lundi, le président ukrainien a réclamé des sanctions « maximum » contre la Russie et notamment un embargo commercial total contre son voisin, pétrole et gaz compris.

Trois mois après l’invasion russe et à l’heure où les bombardements s’intensifient sur le Donbass, l’Ukraine veut surtout des armes – et de préférence lourdes. Une revendication martelée partout à Davos cette semaine par sa très large délégation nationale.

Le fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, Klaus Schwab, accueille le président ukrainien Volodymyr Zelensky vu sur un écran géant par liaison vidéo au centre des congrè à Davos le 23 mai 2022. Photo de Fabrice COFFRINI / AFP via Getty Images.

Volodymyr Zelensky a taclé la réponse trop lente à son goût de la communauté internationale: « Si nous avions reçu 100% de nos besoins en février, le résultat aurait été des dizaines de milliers de vies sauvées. »

Des armes pour l’Ukraine

Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a même accusé l’Otan de ne « strictement rien faire » contre l’invasion.

C’est une tradition à Davos: lors d’un dîner en marge de la réunion, le milliardaire américain George Soros livre sa vision de l’état du monde et en égratigne les puissants.

L’investisseur et philanthrope américain d’origine hongroise George Soros s’adresse à l’assemblée en marge de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos le 24 mai 2022. Photo de Fabrice COFFRINI / AFP via Getty Images.

« Notre civilisation peut ne pas y survivre »

« L’invasion (de l’Ukraine par la Russie) a peut-être été le début de la Troisième Guerre mondiale et notre civilisation peut ne pas y survivre », a-t-il déclaré cette année.

Outre « les deux dictateurs » russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jiping, il a mis sur la sellette l’ex-chancelière allemande Angela Merkel, dont les « accords spéciaux » sont, selon lui, une des raisons de la dépendance « excessive » de l’Europe au gaz russe.

« L’horizon s’est obscurci » sur l’économie mondiale et « l’année sera dure », a prévenu Kristalina Georgieva, la directrice du Fonds monétaire international (FMI).

Retour en force de l’inflation, durcissement des positions des banquiers centraux, creusement des dettes publiques, ralentissement en Chine… Les signaux d’alarmes se multiplient pour l’économie mondiale.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’adresse à l’assemblée lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos le 24 mai 2022. Photo de Fabrice COFFRINI / AFP via Getty Images.

Au point d’envisager une récession? Dans les pays développés, ce n’est pas à l’horizon « pour l’instant, mais cela ne signifie pas qu’il n’en est pas question », a dit Mme Georgieva.

« Nous verrons des récessions dans certains pays »

Parallèlement, « nous verrons des récessions dans certains pays qui ne se sont pas remis de la crise du Covid, sont très dépendants de la Russie ou de l’importation de biens alimentaires, et présentent déjà des fragilités », a-t-elle averti.

« On prend de la nourriture à ceux qui ont faim pour la donner à ceux qui meurent de faim »: pour David Beasley, le chef du Programme alimentaire mondial (PAM), « aujourd’hui les conditions sont pires » qu’en 2007-2008, au moment des émeutes de la faim.

« Que pensez-vous qu’il va se passer quand on prend une nation qui fait normalement pousser suffisamment de nourriture pour 400 millions de personnes, et qu’on la met à l’écart? », a-t-il dit en référence au grenier à blé qu’est l’Ukraine pour le monde.

-L’invasion russe en Ukraine provoque des pénuries de blé dans le monde entier et les prix du pain augmentent dans de nombreux pays. Photo de Burak Kara/Getty Images.

Achim Steiner, le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), parle de plus de 200 millions de personnes confrontées à une faim aiguë dans le monde. Et « quand les gens ne sont plus capables de se nourrir eux-mêmes, les gouvernements plus capables de fournir de la nourriture, alors la politique se déplace rapidement dans la rue », prévient-il.

La guerre en Ukraine ne doit pas servir de « prétexte » 

« Nous avons besoin de corridors sûrs sur la mer Noire (pour la production agricole ukrainienne). La récolte, c’est le mois prochain », a rappelé la secrétaire générale de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala, précisant que « le secrétaire général de l’Onu est impliqué » dans les discussions.

La guerre en Ukraine ne doit pas servir de « prétexte » pour relâcher les efforts en matière de transition énergétique, a plaidé mardi l’émissaire américain pour le climat John Kerry.

« Nous pouvons faire face à la crise ukrainienne ainsi qu’à la crise énergétique, tout en faisant face à la crise climatique », a-t-il ajouté.

Face aux craintes sur l’approvisionnement en hydrocarbures russe et à la flambée des prix, « il y a un risque qu’à court terme, certains finissent par brûler plus de charbon », reconnaît aussi Paul Simpson.

Le patron du Carbon Disclosure Project (CDP), une organisation de référence pour la mesure des scores environnementaux des entreprises et des Etats, espère toutefois in fine une conversation sur le besoin de revoir notre approvisionnement énergétique, qui puisse « accélérer la transition » vers les renouvelables.

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