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À l’école, les instits doivent gérer les enfants… mais aussi les parents

septembre 15, 2018 9:31, Last Updated: septembre 15, 2018 12:17
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Tous les instits ont une anecdote sur les demandes incongrues des parents d’élèves: certains n’hésitent pas à leur dire comment faire classe, d’autres surprotègent leur enfant ou voudraient un service à la carte. Une attitude qui traduit souvent une angoisse accrue pour l’avenir.

Réunion de rentrée dans une école élémentaire de Boulogne-Billancourt. Le directeur insiste sur l’importance de la relation entre l’équipe enseignante et les parents, « coéducateurs ». Mais « s’il vous plaît, ne soyez pas consommateurs de l’école, on essaye de faire au mieux ! », leur intime-t-il.

Car certains parents osent tout. Deux profs des écoles, Sandra Guillot-Duhem et Sabrina Petit, ont compilé leurs pires réclamations dans un livre humoristique qui vient de paraître.

« Pourriez-vous penser à acheter des coussins pour les chaises d’élèves? Ce serait plus confortable », « les exercices incendie effraient les enfants, pourrait-on les supprimer? »

Ce recueil de « perles » montre en fait que « la place des parents à l’école a évolué, ils y sont beaucoup plus présents qu’il y a une vingtaine d’années », explique Sandra Guillot-Duhem, actuellement en reconversion.

Des parents plus « angoissés » pour leurs enfants

« Ils sont aussi beaucoup plus angoissés pour leurs enfants », souligne Jean-Louis Auduc, spécialiste des sciences de l’éducation, auteur des « Relations parents-enseignants à l’école primaire » (réseau Canopé). Car l’école d’aujourd’hui ne ressemble pas à celle qu’ils ont connue. Et elle ne sert plus, comme avant, de « garantie » pour l’avenir.

Pour Paul, professeur des écoles récemment retraité après 35 ans d’enseignement dans le Gard, on assiste aujourd’hui à un double phénomène paradoxal. D’une part une évolution vers un certain relativisme envers les règles scolaires, avec par exemple des parents qui prennent des congés en-dehors des vacances scolaires « parce que ça coûte moins cher ». Et d’autre part, une montée des exigences envers l’école car « il faut que (leur) enfant réussisse ».

« On a tendance à demander à l’école de résoudre pas mal de problèmes qui ne sont pas de son ressort », assure cet ancien instit, qui a fait une grande partie de sa carrière en école rurale ou en éducation prioritaire.

Nombreux sont les profs à penser que les questions saugrenues des parents traduisent le besoin d’être rassurés. « Il y a parfois une peur de l’école, liée à de mauvais souvenirs d’enfance, qui peut se traduire en agressivité », note par exemple Paul.

Ceux qui ont fait eux-mêmes des études s’immiscent davantage dans la pédagogie

Les interventions des parents dépendent souvent de leur propre milieu social: « Ceux qui ont fait eux-mêmes des études ou viennent d’un milieu favorisé s’intéressent, voire s’immiscent davantage dans la pédagogie », relève par exemple Fabrizio, professeur des écoles à Paris. « On ressent de leur part une pression forte ».

Mais pour d’autres, moins initiés, « c’est très dur de pousser la porte de l’école », indique Samuel Cywie, porte-parole de la Peep (fédération de parents d’élèves). Or l’intérêt que les parents vont porter à l’institution joue beaucoup dans la réussite de leurs enfants, assure-t-il.

Ces dernières années, la plupart des parents semblent en tout cas davantage protéger, voire « surprotéger » leur progéniture, à en croire Marie, enseignante à Paris dans une école du XVIe arrondissement depuis 15 ans.

« Mon arme, c’est le sourire »

« Des parents m’expliquent que leur enfant n’a pas mérité la punition que j’ai pu lui donner »; « pendant les classes vertes, certains veulent absolument pouvoir joindre leur enfant au téléphone tous les jours (c’est non !) », raconte-t-elle.

Certaines demandes sont restées cultes. Ainsi, l’anecdote de cette mère priant le directeur de convaincre sa fille de mettre des chaussettes en hiver car elle s’y refusait, se raconte encore en salle des profs.

Comment réagir face à de telles doléances? « Mon arme, c’est le sourire », répond Marie. « Je tente de rassurer les parents, de les apaiser, de leur expliquer qu’on travaille tous ensemble, avec le même objectif ».

RB avec AFP

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