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À l’usine Danone en Seine-Maritime, 200 millions de litres d’eau attendent la réutilisation

mars 30, 2023 12:57, Last Updated: mars 30, 2023 15:06
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Une eau « parfaite » dont des centaines de millions de litres s’écoulent par an depuis l’usine Danone de Ferrières-en-Bray dans un ruisseau du pays de Bray (Nord-Ouest) : sa réutilisation est, pour l’instant, interdite par la loi.

Le site en Seine-Maritime, plus vieille usine de la multinationale de l’agro-alimentaire, rejette tous les ans 600 millions de litres d’eau depuis sa station d’épuration dont, comme l’assure son directeur Bruno Mauduyt, 200 pourraient servir à nouveau sur les chaînes de production.

« Aujourd’hui, l’eau est traitée et part dans un cours d’eau » alors qu’elle est « parfaitement propre à la consommation », explique-t-il à l’AFP. « Le gouvernement ne nous autorise pas à la réutiliser dans le processus de production », comme cela se fait « dans nos pays frontaliers européens », déplore le responsable. Elle ne peut même pas servir à laver les sols des immenses halls.

Économies colossales et réduction de l’impact environnemental

En France, moins de 1% des eaux usées sont réutilisées, selon le centre d’études sur l’environnement (Cerema), contre 8% en Italie, 14% en Espagne et 85% en Israël. Pour l’ONU, il s’agit d’une partie des solutions face aux crises de l’eau, qui ont vocation à se multiplier avec le réchauffement climatique.

La station d’épuration de l’industrie Danone, à Ferrieres-en-Bray. (LOU BENOIST/AFP via Getty Images)

Pour Danone, la réutilisation d’eau représenterait aussi des économies colossales, jusqu’à 200.000 euros à Ferrières-en-Bray si la réutilisation des 200 millions de litres se réalise. Et cela permettrait également à la multinationale aux 100.000 salariés et près de 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, critiquée par ailleurs pour son utilisation massive de plastique et ses émissions de gaz à effet de serre, de réduire son impact environnemental.

Dans l’usine Danone, une cinquantaine de cuves géantes de quelque 25 tonnes de yaourt doivent être lavées chaque jour à l’issue de la fermentation qui produit le yaourt. Ce processus, qui consiste en trois rinçages à l’eau en plus d’un nettoyage à la soude et avec un acide, représente la majeure partie de la consommation d’eau du site, essentielle, rappelle M. Mauduyt, « pour garantir une sécurité alimentaire optimale ». « On essaye de réduire au maximum » le volume utilisé par cycle, avec quelque 12 millions de litres d’économies annuelles à la clé. D’autres étapes nécessitent également des nettoyages réguliers : quelques centaines de litres d’eau par exemple à chaque changement de parfum sur la ligne des « petits suisses », dont le directeur tente de limiter la fréquence.

Mais pour passer à la vitesse supérieure, M. Mauduyt veut surtout se servir de l’eau usée, collectée dans une station d’épuration propre au site, d’une taille proche de celle de Rouen pour 110.000 habitants. Il s’agit uniquement d’eau utilisée dans la production, les sanitaires étant raccordés aux égouts municipaux.

Une eau « absolument propre » en attente de « la validation des pouvoirs publics » pour son utilisation

Au nord du site de 130 hectares, qui reçoit chaque jour entre 600.000 à 1 million de litres de lait frais, les micro-organismes sont donc à l’œuvre dans plusieurs vastes bassins pour purifier l’eau de l’usine au point de la rendre potable… avant qu’elle ne se déverse dans le ruisseau d’Auchy.

Les produits organiques extraits de l’eau « sont valorisés », ajoute M. Mauduyt. Récupérer cette eau, « qui est absolument propre », « nous permettrait d’économiser 200.000 mètres cubes par an », assure-t-il, et un test, avec une filtration supplémentaire finale, « a été concluant ». « Nous sommes prêts, aujourd’hui, à investir dans un équipement pérenne » et « l’utiliser pour nos énergies, le refroidissement des équipements, ou le rinçage », sans que l’eau ne soit « en contact direct » avec le produit, détaille le responsable. « Nous attendons juste la validation des pouvoirs publics. »

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