Plus d’espoir à Marseille, où les deux derniers corps prisonniers des gravats de l’immeuble soufflé par une explosion dimanche ont été retrouvés mercredi, après quatre jours de recherches, portant à huit morts le bilan définitif de ce drame vraisemblablement dû à une fuite de gaz.
Dans un nouveau communiqué, la procureure de Marseille a égrené les noms et âges des nouvelles victimes identifiées : Marion Blox et Mickaël Lequeux, le couple de trentenaires du 2e étage ; Anna Sinapi et Jacky Morand, le couple d’octogénaires du rez-de-chaussée. Ils rejoignent ainsi la liste des huit habitants de cet immeuble du 17 rue de Tivoli, dans le quartier animé du Camas, soufflé dimanche à 00h46, en plein cœur du week-end de Pâques. Mardi, la police scientifique avait déjà pu identifier Nicole Gacon, 65 ans, qui vivait au rez-de-jardin ; Antoinietta Alaimo, épouse Vaccaro, 88 ans, habitante du premier étage ; et enfin Jacques et Anne-Marie Praxy, 74 ans tous les deux, le dernier couple du 3e étage.
Les murs adjacents menacent de s’effondrer
Depuis dimanche, une centaine de marins-pompiers étaient à pied d’œuvre, 24 heures sur 24, pour retrouver les disparus, avec toujours l’espoir de retrouver des survivants, retirant plus de 1000 m3 de gravats, avec la pince d’une grue d’abord, puis à la main, « centimètre par centimètre ». Dans la seule nuit de mardi à mercredi, 15 camions-bennes de gravats avaient encore été extraits, ont expliqué les marins-pompiers, en précisant qu’ils devaient maintenant procéder à « une action de consolidation d’urgence » des murs porteurs des bâtiments adjacents encore debout et qui menacent de s’effondrer, au 11 et 19 de la rue, « avec du béton projeté ». Un 2e immeuble, au numéro 15, s’était déjà effondré, quelques heures après le numéro 17.
Cette situation de fragilité dans le quartier a entraîné l’évacuation de quelque 300 personnes, dont plusieurs familles. « Ce soir Marseille est en deuil. Huit de ses enfants sont morts. C’est un drame pour toute la ville », a réagi le maire de Marseille, Benoît Payan, en annonçant que les opérations de déblaiement se poursuivraient jusqu’à jeudi soir.
Accident de gaz provenant d’une résidente qui perdait la tête
Du côté de l’enquête, le parquet de Marseille a également confirmé la plainte contre X pour homicide involontaire déposée par Bruno Sinapi, le fils de Mme Sinapi. Dans un témoignage recueilli par France 2, il accusait nommément la voisine du premier étage, « une dame qui perdait la tête » et « avait des problèmes récurrents avec le gaz ». Et il mettait en cause les services sociaux, qui, prévenus, n’auraient, selon lui, rien fait concernant le gaz. Mardi, le parquet avait aussi souligné les « difficultés à se servir du matériel au gaz » de cette dame de 88 ans.
Du côté du Centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville de Marseille, contacté par l’AFP, on confirme avoir été alerté par Anna Sinapi et Jacky Morand, « inquiets de l’isolement social de Mme Vaccaro ». Et effectivement, une assistante sociale du service était venue chez elle, le 30 mars, en présence d’un bénévole des Petits frères des pauvres et de ses voisins du rez-de-chaussée.
« Il a alors été convenu de mettre en place une aide ménagère, ainsi que de prévoir des travaux dans sa salle de bain, pour des questions d’accessibilité. Mais la question du gaz n’a jamais été évoquée », insiste-t-on au CCAS.
Enquête judiciaire pour homicides involontaires
Une certitude : l’enquête judiciaire sur les origines du drame, ouverte pour homicides involontaires, privilégie toujours « l’hypothèse d’une explosion due au gaz ayant causé l’effondrement de l’immeuble », dans lequel ni les services de GRDF ni les marins-pompiers de Marseille n’ont « effectué d’intervention dans les six mois précédents cet événement », a précisé la procureure mercredi.
« Le mécanisme ayant conduit à cette explosion restera à déterminer à l’issue d’investigations et d’opérations d’expertises qui seront nécessairement longues et complexes », ajoute-t-elle. Quant à l’exploitation des compteurs de gaz trouvés dans les décombres, notamment celui de Mme Vaccaro, elle est toujours en cours. Seuls les appartement du rez-de-chaussée et du premier étage étaient encore raccordés au gaz.
À la cicatrice de la rue d’Aubagne, où huit personnes avaient péri en 2018 dans l’effondrement d’un immeuble insalubre, s’ajoute donc cette nouvelle plaie, à quelques centaines de mètres à peine. Avec le même terrible bilan.
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