Après Bordeaux, Nancy ou Toulon, quelque 200 officiers de la police judiciaire (PJ) se sont mobilisés jeudi à Marseille contre la réforme voulue par le ministre de l’Intérieur, qui risque selon eux de « broyer » leur savoir-faire.
Devant l’Evêché, l’hôtel de police, ils se sont réunis en tenue, leur gilet « police judiciaire » barré d’un bandeau noir, à l’occasion de la venue du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, a constaté une journaliste de l’AFP.
Ils ont observé une minute de silence, portant un gros tigre en peluche, clin d’oeil à leur emblème et au surnom de Georges Clémenceau qui a créé au début du XXe siècle l’ancêtre de la PJ, les brigades régionales de police mobile, dites « brigades du Tigre ».
À sa sortie de réunion, M. Veaux a traversé les couloirs dans une ambiance glaciale, contraint de fendre une haie de manifestants bras croisés et silencieux, selon une vidéo transmise à l’AFP.
Partout en France, comme ici à Marseille, les policiers manifestent pour que la Police Judiciaire ne devienne pas la police du pouvoir politique ! pic.twitter.com/hdGXacrc55
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) October 7, 2022
Une réforme qui inquiète
« Je suis rentré dans la PJ il y a 20 ans, je suis un enfant de la PJ. Cette réforme voudrait nous diluer sous la direction départementale, on va être broyé dans la masse. On ne pourra plus se concentrer sur les enquêtes sur la délinquance du crime organisé qui prennent du temps », a expliqué anonymement un chef de groupe de l’Office anti-stupéfiants (Ofast), représentant de l’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ), structure « apolitique » et « asyndicale » créée en août en opposition à la réforme.
« Lors de la réunion, il n’a pas bougé d’un iota, malgré les inquiétudes exprimées par les différents directeurs de la région qu’il a rencontrés », a rapporté ce chef de groupe de l’Ofast. Des actions de soutien se sont également tenues à Montpellier, Toulouse ou Rennes, selon lui.
Porté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et Frédéric Veaux, le projet prévoit de placer tous les services de police d’un département -renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ)- sous l’autorité d’un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
La procureure de Marseille elle-même s’est inquiétée fin septembre de cette réforme, car « le choix qui a été fait de bâtir un dispositif sur le département nous paraît effectivement problématique sur la pertinence opérationnelle à repérer ces équipes (criminelles) qui sont extrêmement mouvantes et qui bien évidemment s’affranchissent totalement de ces frontières » administratives.
« Qui sera en capacité prochainement de traiter nos enquêtes de fraudes sociales, fiscales, nos enquêtes que nous souhaitons engager sur le grand circuit de blanchiment ou sur le détournement de fonds publics ? », a encore demandé Dominique Laurens.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.