La future répartition, destinée à favoriser la mixité sociale, des quelque 300 élèves du collège Rosa Parks, situé dans un quartier sensible de Nantes et voué à la fermeture, suscite des interrogations chez leurs parents.
À la fin de l’année scolaire 2023-2024, le collège Rosa Parks, qui accueille des élèves des quartiers du Breil et des Dervallières, fermera définitivement ses portes. Ses élèves se rendront pour moitié dans un nouveau collège du centre ville, en cours de construction, et pour l’autre dans trois collèges de la ville. « Il est bon que les enfants issus de milieux modestes et de milieux plus favorisés se mélangent », justifie Michel Ménard, président (PS) du département de Loire-Atlantique.
D’après son Observatoire de la mixité lancé il y a six ans, si la majorité des collèges du département brassent des publics variés, certains établissements vivent une situation de « ségrégation sociale ». Une étude réalisée en 2019 montre que le taux d’élèves issus de catégories sociales défavorisées s’élève à 66% à Rosa Parks, contre 6 à 15% dans des collèges du centre ville de Nantes. Décision a donc été prise de fermer ce collège et de redéployer ses élèves, comme ce fut le cas dès 2017 à Toulouse pour deux collèges de la cité populaire du Mirail.
Lever les peurs
Du côté des parents d’élèves, la perte d’un établissement public de proximité interroge et un collectif regroupant familles et enseignants des écoles concernées s’est formé pour que ce projet de mixité scolaire ne se fasse « pas sans eux ». De leur côté, les équipes du département ont organisé des petits-déjeuners devant les écoles concernées pour lever les peurs.
La première des inquiétudes porte sur le transport des élèves. Si la carte scolaire a été redessinée en fonction des lignes de bus existantes, nombre de familles craignent de laisser leurs enfants les utiliser seuls. « Je serais rassurée si on avait un bus dédié aux élèves », confie Oili Ridhioni, mère au foyer de 44 ans, venue assister à ces rendez-vous devant l’école du Grand Carcouët, à deux pas du collège Rosa Parks. Autre point de crispation : la cantine. Sur les 300 collégiens de Rosa Parks, 200 rentrent chez eux le midi. « Déjeuner à la cantine est un temps éducatif et permet de se restaurer correctement », répond le président du département, qui prévoit des repas à un euro pour les plus modestes.
Enfin, les familles redoutent que le soutien apporté aux élèves en difficulté (petits effectifs, heures d’accompagnement, projets collectifs…) ne diminue dans les futurs collèges, qui ne relèvent pas de l’éducation prioritaire. « Ma fille est arrivée récemment en France et j’espère que les moyens suivront pour l’aider », confie Frédéric Carry, fonctionnaire de 42 ans, qui espère que ces efforts en faveur de la mixité « se poursuivront à l’échelle du lycée ».
Ouverture « de nouveaux horizons »
Pour Tristan Poullaouec, maître de conférences en sociologie à l’université de Nantes, le fort attachement des parents à leur collège de quartier tient à la présence d’une équipe éducative « très investie ». Mais selon lui, les collégiens de Rosa Parks « auraient tout à gagner à rejoindre un établissement plus mixte car les classes hétérogènes réduisent les inégalités de réussite et tirent le niveau moyen vers le haut ».
À Toulouse, ce programme en faveur de la mixité avait également créé des remous chez les parents, qui craignaient notamment que leurs enfants soient stigmatisés. Mais ils avaient « fini par reconnaître avec le recul que ça leur ouvrait de nouveaux horizons », selon la responsable de l’association « L’école et nous », Malika Baadoud. D’autant que le taux de réussite au brevet des élèves concernés était passé de 50% à 63%, s’était félicité l’ancien président du département de Haute-Garonne Georges Méric.
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