La ville de Paris voulait expulser un des clubs ancestraux de pétanque de Montmartre au bénéfice d’un hôtel de luxe. Mais le tribunal administratif de Paris s’est déclaré « incompétent » pour se prononcer sur le devenir d’un terrain utilisé depuis une cinquantaine d’années par un club bouliste sur les pentes de Montmartre dans le nord de la capitale.
« Faute pour ce terrain d’avoir été affecté à l’usage direct du public ou d’avoir fait l’objet d’un aménagement spécial pour les besoins du service public », trancher sur « la mesure d’expulsion demandée ne relève pas de la compétence de la juridiction administrative », a annoncé lundi le juge des référés. Interrogée par l’AFP quant aux implications de cette décision, la ville de Paris a souligné ne pouvoir « accepter la privatisation d’un espace public par un petit groupe de personnes » et s’apprêter à « interjeter un pourvoi devant le Conseil d’État ».
Le terrain, parcelle de 765 m2 juchée à mi-pente de la très huppée avenue Junot, dans le 18e arrondissement de Paris, est utilisé par le club bouliste de la butte Montmartre, qui s’y est installé en 1971 « avec l’accord implicite de la ville de Paris, en boulodrome agrémenté d’un club house », rappelle le juge des référés. La ville avait racheté ce terrain à l’héritière du peintre orientaliste Félix Ziem, un petit havre niché au sein de l’un des quartiers les plus prisés de la capitale. L’établissement est situé à proximité de la maison Tristan Tzara et non loin du moulin de la Galette, immortalisé par Auguste Renoir.
Une pétition recueille 4300 signatures
L’histoire du terrain revêt un aspect juridique il y a un an, lorsque le Club Lepic Abbesses pétanque, le Clap, apprend que l’hôtel adjacent a déposé un dossier à la mairie de Paris pour obtenir le droit d’exploiter le terrain. Le club aux 257 licenciés se mobilise, une pétition recueille 4300 signatures mais au milieu de l’été 2023, le conseil de Paris, bien que divisé, tranche en faveur de l’offre de l’hôtel Particulier Montmartre. Il valide une convention qui confie pour douze ans cet espace vert protégé à l’hôtel.
Alors que le club proposait un effort « minimaliste » de végétalisation, l’hôtel a prévu « l’augmentation des espaces verts en pleine terre de 320 m2 » de ce morceau de l’ancien maquis de Montmartre, a défendu début juillet l’adjointe en charge du Commerce de la mairie Olivia Polski.
En attendant, beaucoup au Clap se souviennent du combat au début des années 1990 contre un projet de parking sur la parcelle qui avait conduit plusieurs célébrités, dont les acteurs Pierre Richard ou Jean-Pierre Cassel, à s’attacher aux arbres. Leur bataille, victorieuse, avait conduit à son classement comme site protégé en 1991.
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