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À Paris, les « mutilés gilets jaunes » affirment qu’ils « ne lâcheront rien »

juin 2, 2019 17:02, Last Updated: juillet 12, 2019 20:58
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« Qu’est-ce qui vous a autorisés à nous mutiler à vie ? », lance une manifestante aux policiers, qui entourent, impassibles, le cortège des « gilets jaunes mutilés » venus dimanche à Paris réclamer l’interdiction des désormais fameux lanceurs de balle de défense (LBD).

« Éborgnés » et autres blessés en tête, ils étaient entre 300 et 400 à défiler dans le calme pour dénoncer les « mutilations policières » et réclamer l’interdiction des LBD et de certaines grenades lacrymogènes, « inutilement dangereux ».

Parti de la place de la Bastille peu après 12H00, le cortège a défilé sans incident aux cris de « Stop aux mutilations », « Police partout, justice nulle part » ou « Macron démission, Castaner en prison », jusqu’à la place de la Nation, où il s’est dispersé en début d’après-midi.

Un bref moment de tension a agité le cortège, quand les manifestants sont passés devant des policiers postés à des carrefours.

« Honte à vous ! Qu’est-ce qui vous a autorisés à nous mutiler à vie alors que nous ne faisions que manifester? N’êtes vous donc pas là pour nous protéger normalement? », a lancé une manifestante à des policiers, impassibles comme leurs autres collègues.

Au même moment Antoine Boudinet, la main arrachée en décembre à Bordeaux par l’explosion d’une grenade GLI-F4 qu’il avait ramassée, s’est avancé et leur a tendu sa prothèse.

A ses côtés Dylan, 18 ans, atteint à l’œil par un éclat de grenade lacrymogène le 27 avril à Montpellier. « On était à cinq manifestants devant la préfecture, on ne faisait rien de particulier. A droite, je ne vois plus rien, juste une bande de lumière. Tout a changé dans ma vie, par exemple je devais passer mon permis, et là je ne peux plus ».

Alors, comme Antoine, il s’est approché des policier et leur a brandi sous le nez sa pancarte qui disait « J’ai perdu un œil ». Pour bien leur montrer « ce qu’ils ont fait », explique-t-il à l’AFP.

Un autre blessé qui observe la scène, et refuse de donner son nom, lance à son tour : « Moi, je ne leur voulais rien de mal, mais ils m’ont tiré dessus sans raison, et maintenant j’ai la haine contre eux ».

« Plus ils nous tirent dessus, et plus cela attise la colère des gens, mais nous ne lâcherons rien », ajoute Antoine, qui a perdu son emploi d’assistant en école maternelle depuis sa blessure.

« Il faut que les coupables soient punis, les responsables de la police s’ils ont donné l’ordre de blesser ainsi les gens, ou les policiers s’ils l’ont fait de leur propre initiative », espère le jeune homme.

Les autres manifestants ont aussi réclamé justice et décrit leurs « vies fracassées » par les blessures, les pertes d’emploi, les « nuits sans sommeil » ou peuplées de « cauchemars » alors que, assurent-ils, ils manifestaient pacifiquement.

Une vingtaine de « gilets jaunes » gravement blessés, notamment à la tête ou aux mains, venus de région parisienne mais aussi de Montpellier, Bordeaux ou Quimper et longuement applaudis par le reste du cortège, menaient la marche.

Devant eux, deux banderoles : l’une montrant une vingtaine de portraits de ces blessés, souvent le visage tuméfié, et une autre réclamant l’« interdiction du LBD et des grenades lacrymogènes » GLI-F4, qui contient de l’explosif TNT, et de désencerclement GMD.

Selon les organisateurs, depuis le début des manifestations de « gilets jaunes » le 17 novembre dernier, « 23 personnes ont été éborgnées, 5 ont perdu la main, un a été amputé d’un testicule, un a perdu l’odorat et une dizaine d’autres » ont eu d’autres blessures graves (à la mâchoire, au pied…).

Le ministère de l’Intérieur recensait de son côté à la mi-mai 2.448 blessés côté manifestants et 1.797 parmi les forces de l’ordre, sans plus de précisions sur la gravité.

Interrogé dimanche midi par plusieurs médias, le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez a déclaré ne pas « avoir de regret », estimant que « ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné » qu’il y a eu faute des forces de l’ordre.

Quant à l’interdiction du LBD, a-t-il dit, c’est « hors de question ».

Avec AFP

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