À Paris, Volodymyr Zelensky dément parler de cessez-le feu et réclame davantage de soutien

Par Epoch Times avec AFP
10 octobre 2024 19:10 Mis à jour: 11 octobre 2024 12:27

Après une première étape à Londres, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est arrêté jeudi à Paris dans le cadre d’une mini-tournée chez ses principaux alliés européens destinée à recueillir davantage de soutien face à l’invasion russe, sans évoquer selon lui un quelconque cessez-le-feu.

Le chef de l’État français Emmanuel Macron et son homologue ukrainien ont échangé une longue et chaleureuse poignée de mains avant leur entretien bilatéral. Le cessez-le-feu « n’est pas un sujet de nos discussions (…) avec nos alliés », a déclaré le président ukrainien à l’issue de cette rencontre, attribuant les informations sur ce sujet à la « désinformation » russe.

Il a aussi, comme partout ailleurs, réclamé un accroissement rapide de l’aide occidentale. « Avant l’hiver, on a besoin de votre soutien », a-t-il martelé. Des discussions sur une production conjointe d’armements  avec la France ont été évoquées, a ensuite affirmé Volodymyr Zelensky sur Telegram, se félicitant de l’organisation par Paris d’une conférence sur la sûreté et la sécurité nucléaire le 17 octobre.

« C’est aussi un modèle très unique de coopération »

Emmanuel Macron a pour sa part assuré que l’aide de la France se poursuivait « conformément à ses engagements », et a souligné « l’avancée de la formation et de l’équipement d’une brigade. « C’est aussi un modèle très unique de coopération », a-t-il fait valoir.

Volodymyr Zelensky s’est ensuit envolé pour Rome, avant Berlin vendredi, à moins d’un mois de la présidentielle américaine, dont l’issue incertaine fait craindre, à Kiev, pour la pérennité du soutien américain.

La perspective d’une victoire de Donald Trump a pour autant été minimisée par le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, à Londres. « Arrêtez de vous inquiéter d’une présidence Trump », a-t-il lancé aux journalistes. « Je suis absolument convaincu que les États-Unis seront partie prenante, parce qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement de l’Ukraine qu’il s’agit mais aussi d’eux-mêmes », a ajouté le chef de l’Otan.

Comme à Paris, le président Zelensky a présenté jeudi matin à Londres les détails de son « plan de victoire » face à la Russie au Premier ministre britannique Keir Starmer et Mark Rutte, selon un communiqué de la présidence ukrainienne.

Ce plan « vise à créer les conditions propices pour une fin juste de la guerre », a déclaré le dirigeant ukrainien dans le communiqué. « L’Ukraine ne peut négocier qu’en ayant une position forte ». Ce plan doit être dévoilé lors d’un deuxième sommet pour la paix, attendu en novembre, mais dont la date n’a pas été confirmée par Kiev.

Frapper le territoire russe

Volodymyr Zelensky a de nouveau insisté jeudi sur « la nécessité d’obtenir l’autorisation de frapper profondément sur le territoire russe » avec les armes longue portée, fournies notamment par le Royaume-Uni. Le dirigeant réclame depuis des mois l’autorisation d’utiliser les missiles à longue portée Storm Shadow britanniques pour atteindre des cibles à l’intérieur du territoire russe. Mais Mark Rutte a appelé, après la rencontre trilatérale, à « ne pas se focaliser sur un seul système d’armes », estimant qu’aucun d’entre eux ne ferait « la différence ».

Le Premier ministre britannique a lui « réitéré le soutien sans faille (du Royaume-Uni) à l’Ukraine face à l’agression militaire de la Russie ». Le Royaume-Uni est l’un des principaux soutiens de Kiev depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022. C’est la deuxième fois que le président ukrainien vient à Londres depuis que le travailliste est arrivé au pouvoir le 4 juillet.

Cette tournée européenne intervient alors que les troupes russes poursuivent leur progression dans l’Est ukrainien.

Vendredi, le président ukrainien doit être reçu à Berlin par le chancelier Olaf Scholz, dont le gouvernement a prévu de réduire de moitié en 2025 son aide militaire bilatérale à l’Ukraine, au grand dam de Kiev. L’institut de recherche allemand Kiel Institute a alerté jeudi sur une possible chute de l’aide occidentale à l’Ukraine l’année prochaine.

Le retour éventuel de Donald Trump à la Maison Blanche « pourrait bloquer de futurs plans d’aide au Congrès », met en garde l’institut, qui recense l’aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l’Ukraine.

Plus de 100 milliards d’euros d’aides

Selon ses projections, les aides militaire et financière s’élèveraient respectivement à 59 et 54 milliards d’euros en 2025 si les donateurs occidentaux maintenaient leur niveau d’aide. A contrario, elles chuteraient de moitié, à 29 et 27 milliards d’euros, sans nouvelle aide américaine et si les donateurs européens s’alignaient sur l’Allemagne.

Le président Zelensky, qui arpente les chancelleries occidentales depuis plus de deux ans et demi, a déploré ces dernières semaines la lenteur des prises de décision de ses alliés. En attendant, les forces russes avancent petit à petit dans la région de Donetsk vers Pokrovsk, nœud logistique pour les troupes ukrainiennes.

Sur le champ de bataille, des soldats ukrainiens ont exprimé auprès de l’AFP leurs doutes concernant l’offensive dans la région russe de Koursk. « S’il s’agit d’une opération à court terme, elle nous renforcera », a dit à l’AFP Bogdan, un soldat interrogé à Druzhkivka, près de Kramatorsk. « S’il s’agit d’une opération à long terme et que nous prévoyons de rester à Koursk, cela épuisera nos principales ressources ».

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