NEWARK, NEW JERSEY – Quand Danielle Wang et son mari sont arrivé à Pékin fin juillet pour rencontrer son père, ce qui aurait pu être de joyeuses retrouvailles s’est teinté d’anxiété et d’inquiétude palpables.
Wang Zhiwen est l’un des prisonniers politique les plus lourdement persécutés de Chine. En 1999, il est passé devant un tribunal exemplaire et a écopé d’une peine largement médiatisée de 16 ans de prison pour son rôle de coordinateur bénévole au sein de la discipline spirituelle du Falun Gong. La persécution acharnée du Parti communiste venait alors de commencer et la sentence sévère contre Wang tenait lieu d’avertissement au public.
Encore maintenant, Wang Zhiwen est surveillé en permanence par des policiers en habits civils et un nombre important d’informateurs infiltrés.
Durant leur mission visant à emmener Zhiwen aux États-Unis, sa fille et son gendre se sont trouvés empêtrés dans un réseau de surveillance non-stop et de harcèlement.
La famille avait réussi à obtenir un passeport chinois issu en Janvier et un visa émis par les autorités du consulat américain pour Zhiwen, qui avait pu échapper à la surveillance des équipes d’agents infiltrés et d’officiers en civil. Malgré ces efforts, Wang Zhiwen a été arrêté par les officiers de douane le 6 août, juste avant de passer à Hong Kong.
Là, les officiers lui ont arraché son passeport et ont coupé le coin supérieur, invalidant ainsi le document. Ils n’ont donné aucune explication, sinon que celui-ci avait été annulé.
Selon des enquêteurs sur le respect des droits de l’homme, les pratiquant de Falun Gong ont été incarcérés par millions sur les 17 années de persécution. Il a été confirmé que des milliers sont morts sous la torture durant leur détention ou peu après, pendant que des enquêtes en cours indiquent que les adhérents de cette discipline sont les principales victimes de prélèvements forcés d’organes, une industrie établie et florissante en Chine.
« Je pense qu’il n’y a vraiment aucun moyen d’imaginer ce qu’est la Chine sous ce régime communiste à moins d’y aller », a témoigné Jeff, le mari de Danielle, lors d’une entrevue avec Epoch Times, peu après leur retour de Chine. (Celui-ci a demandé à ce que son nom ne soit pas révélé pour des raisons de confidentialité.) « J’ai lu des articles sur les persécutions à l’encontre des pratiquants de Falun Gong en Chine pendant des années, mais cela ne m’avait jamais frappé comme ça a été le cas en allant là-bas. »
Intimidation et harcèlement
Danielle Wang (Xiaodan Wang sous son nom chinois) est venue étudier aux États-Unis en 1998. Elle s’est battue pour obtenir la libération de son père sans relâche depuis qu’il a été arrêté illégalement le 20 juillet 1999, jour où le Parti communiste a lancé sa campagne brutale et soutenue contre le groupe.
Pour ce voyage, elle et Jeff sont arrivés sans s’être annoncés. Ils risquaient également d’être emprisonnés et de subir des abus, malgré leur statut de citoyens américains. Toute communication avec la Chine continentale risquait d’être interceptée. Le couple a été bien avisé d’arranger ce rendez-vous très longtemps à l’avance.
Tous les trois ont quitté la capitale chinoise vers le Sud de la Chine, où Danielle avait prévu de récupérer le visa de son père au consulat américain de Guangzhou. Durant leur exode, la fille de Wang a du éviter de nombreux observateurs payés pour garder son père sous surveillance.
Sorti de Pékin, le petit groupe a embarqué sur un vol pour Guangzhou. Mais cela non plus ne s’est pas fait sans interférence. Quelques jours avant, le ticket de Wang avait été annulé sans explication, les obligeant à s’en procurer un par d’autres moyens. Un policier s’était rendu chez lui pour l’interroger sur cet achat et pour le dissuader de tenter de sortir du pays.
Mais une fois dans le Sud, les sentinelles de Wang qui l’avaient suivi jusque là, ont pris de nouvelles mesures. Le jour où Danielle est allée au Consulat Américain pour obtenir le visa de son père, trois hommes se faisant passer pour des agents de la maintenance électrique se sont postés à l’extérieur de la chambre qu’ils avaient louée, essayant d’observer à l’intérieur par le trou de la serrure.
Cette nuit-là, entre 20 et 30 officiers de police ont frappé à la porte, exigeant d’entrer pour vérifier les papiers de voyage de Jeff. Sur les 3 jours suivants, une dizaine de policiers et d’agents ont filé le trio jusqu’à ce qu’il tente d’entrer à Hong Kong, pour ensuite se rendre aux États-Unis.
Pourtant le couple gardait espoir. Le fait que Zhiwen ait pu obtenir un passeport – un document émis par le ministère de la Sécurité publique – laissait présager qu’il aurait de bonne chance de passer l’émigration.
Cela représentait un changement énorme comparé au temps où Zhiwen était en prison, entassé avec les autres détenus, privé de sommeil et avec des cure-dents enfoncés sous les ongles. Dans les premières années de son emprisonnement, Zhiwen avait perdu ses dents sous les coups ; il a eu deux cervicales cassées qui n’ont jamais été bien remises. Il a été forcé à travailler comme un esclave, avec des entraves de plus de 25 kilos. Il a eu un AVC juste avant d’être relâché en 2014.
« Cette fois j’étais vraiment optimiste », a dit Danielle en arrivant à l’aéroport international de Newark bredouille, le 9 août. « Mon père avait obtenu un passeport et rempli toutes les démarches d’immigration. J’étais sûre que je pourrai le faire sortir. »
Selon Danielle, les agents de douane qui ont détruit le passeport de son père et avec lui, des années d’efforts pour le secourir, ont déclaré que le document avait été annulé par le bureau international du ministère de la Sécurité publique.
Qui veut arrêter Wang Zhiwen ?
Pour Jeff, le fait que le passeport de Zhiwen ait été émis par les autorités nationale sans incident, pour être invalidé et détruit sans aucune sorte de procédure légale, révèle la subversion du pouvoir central.
« Selon moi, il fallait que ce soit approuvé par des niveaux plus élevés du régime », a-t-il expliqué, en faisant référence à la nature hautement politique du cas de Wang.
D’après Jeff, quelques mois après que Zhiwen ait reçu son passeport, des policiers étaient venus chez lui, cherchant à comprendre de quelle façon il avait pu l’obtenir.
Alors que le Parti communiste chinois n’a jamais officiellement changé sa position contre le Falun Gong, le dirigeant actuel est pris dans des luttes politiques avec les factions de Jiang Zemin. L’ancien chef du Parti, âgé de près de 90 ans, avait lancé la persécution tout en utilisant celle-ci comme prétexte pour placer ses propres lieutenants à des postes influents.
Alors que beaucoup de ces anciens arrivistes tombent sous le joug de la campagne anti-corruption menée par l’actuel dirigeant chinois Xi Jinping (un homme sans intérêt de carrière en lien avec la répression du Falun Gong), beaucoup de signes montrent que le gouvernement central du Parti a perdu son intérêt envers la pratique spirituelle. Pourtant la persécution se poursuit en tâche de fond.
Danielle Wang est toujours déterminée à retrouver son père.
« Cette expérience a renforcé ma détermination pour raconter l’histoire de mon père au monde, aux gouvernements et aux médias, jusqu’à ce qu’il puisse être secouru. »
Leurs retrouvailles, brèves et douces-amères, se sont terminées comme elles avaient commencé : un père s’inquiétant pour la sécurité de sa famille. Le lendemain du jour où la douane a invalidé son passeport, Zhiwen a raccompagné le couple jusqu’à leur embarquement pour l’Amérique du Nord.
« Il ne m’a pas dit où il irait après ça », a dit Danielle. « Je l’ai perdu une fois de plus. »
Danielle Wang a lancé une pétition sur Care2 adressée au Secrétaire d’État John Kerry, lui demandant de faire pression sur le Parti communiste chinois pour émettre un nouveau passeport à son père et l’autoriser à se rendre à l’étranger.
Version anglaise : Steps Away From Freedom, American Family Loses Bid to Rescue Father From China
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