EUROPE

À Rome, Salvini rassemble 200.000 personnes autour des différentes droites : « Les Italiens d’abord ! »

octobre 20, 2019 12:49, Last Updated: octobre 21, 2019 17:25
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Le leader souverainiste italien Matteo Salvini a tenu samedi à Rome un grand rassemblement contre le gouvernement ayant attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes et qu’il a présenté comme « l’acte fondateur » de sa reconquête du pouvoir.

Huit trains spéciaux et plusieurs centaines d’autocars ont acheminé les partisans du chef de la Ligue venus des quatre coins de la péninsule.

« Nous avions raison d’abandonner ce gouvernement », a-t-il déclaré, après des interventions de plusieurs dirigeants des droites conservatrices et nationalistes ainsi que de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi.

« Je veux vivre dans un pays libre, où on peut gouverner sans attendre un appel téléphonique de (la chancelière allemande Angela) Merkel ou (du président français Emmanuel) Macron », a ajouté M. Salvini devant la foule massée sur une place de la capitale italienne. L’évènement a rassemblée quelque 200.000 personnes, selon les organisateurs.

Premier grand meeting national depuis que Matteo Salvini a provoqué en plein coeur de l’été l’éclatement de la majorité que La Ligue formait avec le Mouvement 5 Etoiles (antisystème), ce rassemblement visait d’abord à contester la légitimité du nouveau gouvernement réunissant les mêmes « Cinq Etoiles » et le Parti démocrate (PD, gauche).

En provoquant la chute de l’exécutif dont il était l’homme fort et le ministre de l’Intérieur, M. Salvini espérait provoquer des élections législatives anticipées et prendre la tête du pays, avec les quelque 38% que lui donnaient les sondages à l’époque. Mais sa stratégie ayant échoué, il a dû quitter le pouvoir.

Son parti navigue aujourd’hui entre 30% et 33% des intentions de vote et reste le premier parti du pays, le M5S et le Parti démocrate oscillant chacun entre 18% et 20%, selon les sondages.

« C’est ton tour, il y a une Italie à aimer et à protéger », avait annoncé M. Salvini, 46 ans, dans un spot en ligne où il invitait les Italiens à venir le rejoindre au rassemblement de samedi à Rome pour une journée dite de « l’Orgueil italien ».

L’événement se voulait aussi « l’acte fondateur d’un projet visant à élargir le parti à des forces différentes », en vu des prochaines échéances électorales.

Matteo Salvini mise sur un épuisement du nouveau gouvernement dirigé par Giuseppe Conte, qui penche désormais à gauche et dont il martèle qu’il est « illégitime ».

Le souverainiste fait campagne pour un retour aux urnes au plus tôt, en tout cas avant la fin de la législature prévue pour 2023.

Alors que la majorité cherche à modifier la loi électorale pour contrer sa stratégie visant à prendre seul les rênes du pays, M. Salvini cherche à unir sous sa houlette les différents partis des droites conservatrices, nationalistes et populistes.

En août, il avait écarté l’idée d’une alliance avec Forza Italia, affirmant que la Ligue n’avait « besoin de rien ni de personne », mais samedi, il a changé de tactique et appelé à l’unité.

C’est pourquoi il a convié samedi M. Berlusconi, 83 ans, chef de Forza Italia (droite), qui semble ouvert à une telle alliance, ainsi que l’autre parti « Frères d’Italie », deux formations créditées chacune d’environ 8% des intentions de vote.

« Nous sommes ici sur cette place car nous avons une grande responsabilité, répondre à l’appel de notre peuple à l’unité », a déclaré M. Berlusconi, décrivant l’actuel gouvernement comme « le plus à gauche » depuis la guerre.

La cheffe de Fratelli d’Italia (FDI), Giorgia Meloni, qui s’était plainte avant le meeting que seuls les drapeaux de la Ligue soient visibles sur le podium, a appelé à lutter contre « l’islamisation de l’Europe ». « Menons cette bataille ensemble », a-t-elle clamé.

« J’aimerais que l’accueil de cette place … aille aussi à Giorgia Meloni et à Silvio Berlusconi, parce qu’ensemble nous vaincrons », a dit M. Salvini après son discours.

Des membres de Forza Italia ont cependant regretté samedi dans le quotidien La Stampa la présence attendue du parti néo-fasciste CasaPound, dont le vice-président, Simone Di Stefano, a promis qu’aucun membre ne ferait le salut fasciste au meeting.

Outre ses ambitions nationales, M. Salvini veut aussi offrir à son camp Rome, aux mains des Cinq Etoiles depuis 2016, et a prévu de lancer samedi une pétition pour réclamer la démission de la maire de la capitale, Virginia Raggi, dont il attaque avec constance le bilan.

Elue triomphalement il y a trois ans, l’avocate de 41 ans est régulièrement critiquée par la presse et ses administrés pour ne pas avoir réglé les maux chroniques de Rome comme des transports publics défaillants ou une gestion calamiteuse des déchets.

Samedi, l’ancien chef du gouvernement Matteo Renzi, l’un des hommes forts de la gauche, devait lui lancer à Florence son nouveau parti Italia Viva, afin de mieux combattre les idées de M. Salvini.

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