Ces scientifiques qui effectuent des fouilles sur un site du centre-ville de Saint-Denis, subissent depuis le mois de mai, des interpellations sexistes de la part de passants, principalement des hommes.
Etre harcelée sur son lieu de travail simplement parce qu’on est une femme, c’est ce qu’ont vécu des archéologues qui oeuvrent au niveau de la place Jean Jaurès avant des travaux d’aménagement.
« Se demander si chaque personne qui passe n’est pas un potentiel harceleur »
Ces huit femmes chercheurs de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) passent une bonne partie de leur temps accroupies sous un soleil écrasant afin d’effectuer les fouilles. Parce qu’elles sont des femmes et qu’elles ont du troquer leur combinaison habituelle contre des vêtements plus légers, tels que des débardeurs du fait des fortes chaleurs, ces scientifiques sont devenues la cible d’hommes qui les agressent verbalement.
Ces individus lancent, à travers les grilles qui délimitent le périmètre des fouilles, des propos insultants à caractère sexuel concernant leurs tenues, lesquelles dénudent les épaules, mais également sur leur position de travail, accroupies face au sol pour effectuer les fouilles.
D’autres s’en prennent à leur métier, estimant qu’archéologue n’est pas une fonction destinée aux femmes.
« Lorsque vous avez un ou plusieurs individus de sexe masculin qui restent deux heures et qui font des dizaines de photos, c’est extrêmement perturbant. Être tout le temps aux aguets, tout le temps en train de lever la tête et de se demander si chaque personne qui passe n’est pas un potentiel harceleur » fait désormais partie du quotidien des archéologues, déplore Claude Héron, directeur de l’unité d’archéologie de la Ville de Saint-Denis, sur Europe1.
Parallèlement, les critiques et les insultes prennent parfois une autre tournure, ciblant le travail même des archéologues, comme a témoigné ainsi un archéologue de l’Inrap, responsable d’opération sur le chantier à Actu.fr: « Des riverains interpell(ai)ent les archéologues, criant au blasphème parce que des squelettes (étaie)nt étudiés ou protestant parce que le chantier impos(ait) des déviations, ce qui gêne la circulation ».
Une campagne d’affichage et des patrouilles de police
Afin de « protéger » les femmes archéologues et « faire cesser » ces « terribles » attaques, la mairie a lancé une campagne d’affichages installés sur les grillages du chantier.
Sur une affiche, on voit ainsi une femme avec une truelle à la main, illustrant cet appel: « Nous vous demandons de respecter le travail des femmes archéologues, qui travaillent chaque jour sur ce chantier de fouille. »
Il est aussi rappelé que « tout manque de respect à leur égard fera l’objet d’une dénonciation et de poursuites, comme le prévoit la loi », avec la précision suivante : « Depuis août 2018, l’outrage sexiste est une infraction pénale. La loi a été renforcée en avril 2023. »
Des patrouilles de police ont été rendues plus fréquentes, afin « que les gens comprennent qu’ils ne peuvent pas agir de cette sorte », souligne Oriane Filhol, adjointe à la mairie de Saint-Denis.
Il a aussi été prié aux archéologues de faire appel à « la police municipale en cas d’agression ». La présence de « caméras de surveillance pourront servir à retrouver les coupables », précise Mme Filhol.
La solution de bâcher entièrement le périmètre de fouilles at ainsi le rendre invisible aux passants a aussi été envisagé mais finalement écarté.
« Nous voulons permettre aux riverains d’admirer la richesse de notre patrimoine à travers un grillage ou des fenêtres », justifie Oriane Filhol. « C’est aussi pour montrer aux jeunes filles qu’il n’y a pas que les hommes comme Indiana Jones qui deviennent archéologues ».
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