À la veille du sommet du G20 à New Delhi, le Premier ministre indien Narendra Modi a indirectement critiqué le régime communiste chinois pour avoir profité de la crise d’autres pays pour réaliser d’énormes profits tout en créant des pièges de la dette à ces pays. L’Inde, qui assure la présidence du G20 cette année, continue de faire pression en faveur de l’allègement de la dette des pays pauvres.
Dans un entretien exclusif avec Business Today, M. Modi a souligné l’importance de la discipline financière et de la nécessité pour les pays de se protéger contre l’indiscipline financière.
« Il est du devoir de chaque pays de se protéger contre l’indiscipline financière mais, en même temps, certaines forces ont cherché à tirer un avantage indu en catalysant les crises de la dette. Ces forces ont profité de la faiblesse d’autres pays et les ont entraînés dans le piège de la dette », a-t-il déclaré.
L’expert de la Chine et commentateur politique Li Yiming, basé au Japon, a expliqué à Epoch Times que la communauté internationale est fatiguée des ruses liées aux pièges de la dette du Parti communiste chinois (PCC) et que les remarques acerbes de M. Modi sont un exemple démontrant cette attitude.
« En fait, le PCC a poussé de nombreux pays du monde entier dans le piège de la dette par le biais du programme ‘Ceinture et la Route’, perturbant ainsi l’ordre économique mondial », a souligné M. Li. « Le PCC veut réorganiser le monde selon sa logique, et non selon l’ordre normal établi. »
L’État-parti chinois profite des pays endettés
Narendra Modi a également noté dans l’interview que, depuis 2021, les pays du G20 ont commencé à s’attaquer à la crise de la dette des pays à revenu faible et intermédiaire, dont beaucoup sont aux prises avec des dettes insoutenables.
Selon les estimations d’organisations faisant autorité telles que la Banque mondiale, le régime chinois a accordé des prêts d’un montant total d’environ 240 milliards de dollars à 22 pays en développement entre 2008 et 2021. Cependant, environ 60% des pays à faible revenu et 30% des économies de marché émergentes connaissent ou risquent de connaître un surendettement. Ces dernières années, certains pays ont eu du mal à rembourser les prêts accordés pour des projets d’infrastructure dans le cadre du programme chinois « Initiative Ceinture et Route » (Belt and Road Initiative – BRI ou ICR).
Ce projet titanesque, souvent qualifié de « nouvelle route de la soie », vise à renforcer l’influence géopolitique de la Chine dans le monde entier en se reliant aux marchés d’Asie, d’Afrique, d’Europe, d’Océanie et d’Amérique latine par le biais d’investissements dans diverses importantes infrastructures de transports, d’énergie et de télécommunications.
De nombreux experts estiment que le PCC utilise ce projet dans le cadre de la « diplomatie du piège de la dette » visant à inciter d’autres pays à s’endetter au-delà de leurs niveaux supportables, les forçant ainsi à faire des concessions diplomatiques, militaires ou infra-structurelles à Pékin.
Par exemple, le Sri Lanka, considéré par Pékin comme un pays clé du programme « Ceinture et Route », était sur le point de s’effondrer en raison des troubles économiques et politiques causés par un endettement massif.
Au cours des dernières années, l’État-parti chinois a investi environ 6,5 milliards de dollars sous forme de prêts pour des projets d’infrastructure au Sri Lanka, notamment des aéroports, des ports, des autoroutes et des centrales électriques. De ce montant, 1 milliard de dollars a été investi dans la construction du port de Hambantota et 1,4 milliard de dollars dans le projet de la ville portuaire de Colombo.
Le Sri Lanka est également l’un des premiers pays à faire partie du projet « Ceinture et la Route ». En mars 2023, la dette extérieure du pays a atteint 50,5 milliards de dollars, soit environ 65% de son PIB.
Cette lourde dette extérieure a plongé le pays dans le piège de la dette. Déjà en décembre 2017, le Sri Lanka a dû prêter le port de Hambantota et 15.000 acres de terres autour du port au régime chinois pour un bail de 99 ans en raison de son incapacité à rembourser ses dettes.
Contrairement au Sri Lanka, criblé de dettes, la Malaisie a réussi de ne pas se faite piéger par le PCC. Lorsque Mahathir Mohamad est redevenu Premier ministre de ce pays, il a supprimé un certain nombre de projets d’infrastructure du projet « Ceinture et Route » que son prédécesseur avait accepté.
Aujourd’hui, le PCC continue de créer de nouveaux pièges à la dette. Le 24 août, lors du sommet des BRICS en Afrique du Sud, le dirigeant chinois Xi Jinping a déclaré que son régime fournirait un total de 14 milliards de dollars aux pays africains « dans le but de faire progresser les initiatives de développement à l’échelle mondiale ».
À la mi-juillet, l’économiste du PCC Justin Yifu Lin, membre du comité consultatif du Sommet de coopération internationale de « l’Initiative Ceinture et Route » et ancien vice-président de la Banque mondiale, a annoncé aux médias d’État chinois que les dépenses liées à la « Ceinture et Route » avaient atteint 1000 milliards de dollars et pourraient éventuellement atteindre 8000 milliards de dollars.
Le PCC vise à obtenir des avantages politiques et militaires
Le commentateur Li Yiming estime que les pièges de la dette soigneusement élaborés par le régime chinois ne visent pas seulement des avantages économiques, mais aussi des avantages politiques et militaires.
« Par exemple, le port de Hambantota au Sri Lanka a été progressivement militarisé depuis qu’il a été repris par le PCC », a-t-il remarqué. « La soi-disant aide économique du PCC à d’autres pays est de nature politique, tandis que son aspect économique n’est qu’un moyen de contrôle. Mais, aujourd’hui, la communauté internationale se réveille et commence à corriger cet ordre économique international déformé. »
Après que Pékin a lancé son « Initiative Ceinture et Route » en 2013, la proportion des dettes chinoises et américaines à l’égard de certains pays a radicalement changé.
Au cours de la période de cinq ans allant de 2016 à 2021, la Chine était à l’origine des 30,4% de la dette totale des pays pauvres, tandis que les États-Unis n’en étaient que de 2,4%. En revanche, au cours des cinq premières années des années 1980, l’Amérique était à l’origine d’environ 27,5% de dettes, tandis que la Chine de 2,1%.
Selon un rapport du Royal Institute of International Affairs, un groupe de réflexion basé à Londres, la dette extérieure globale de l’Afrique a atteint 696 milliards de dollars entre 2000 et 2020, soit plus de cinq fois plus que par le passé.
On pourrait cependant noter que la capacité de l’État-parti chinois à accorder des prêts à d’autres pays est en train de diminuer, car la Chine est actuellement confrontée à de nombreux facteurs défavorables, tels que des désastres fréquents à l’intérieur du pays, la récession économique structurelle et la crise de l’immobilier.
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