Par une chaude nuit de juin, les fêtards affluent à Adams Morgan, quartier branché de Washington, et ils ne sont pas les seuls : dans les allées, les rats festoient aussi en nombre avec les restes des bars et restaurants.
Mais l’orgie de déchets prend fin soudainement dans un déluge d’aboiements, grincements de crocs et jets de sang, conséquence d’une chasse aux rongeurs menée chaque semaine par une dizaine de chiens flanqués de leurs maîtres. « Bien, Henry ! » crie à son Lurcher, qui vient de tuer la première proie de la soirée, Marshall Feinberg, dresseur de chiens de 28 ans.
La capitale américaine apparaît régulièrement dans le top cinq des villes comptant le plus de rats aux États-Unis, un problème aggravé par des hivers plus doux, l’accroissement de la population et des espaces de restauration en extérieur de plus en plus nombreux depuis la pandémie. La ville a reçu près de 13.400 appels liés à ces nuisibles en 2022, soit près de 2000 de plus que l’année précédente, selon des médias locaux.
La chasse aux rats, une passion commune
Certains habitants ont donc décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Les relents putrides des poubelles mêlés à l’urine emplissent l’air à mesure que l’équipage s’enfonce dans les ruelles. Teckels, terriers et lévriers plongent sous les bennes à ordures à la poursuite du gibier.
Les maîtres, de toutes origines et de tous âges, qui viennent autant de la ville et de ses banlieues que d’États voisins, se sont rencontrés sur les réseaux sociaux à travers leur passion commune pour la chasse aux rats. Bomani Mtume, policier à la retraite de 60 ans, venu avec son Cairn terrier Barto, a rejoint le groupe en mars dès ses débuts. « Quand on a commencé à chasser, ils (les rats) ne couraient même pas, ils observaient juste les chiens », dit-il à l’AFP. Teddy Moritz, surnommée « Mamie La Mort », qui fait figure de légende au sein des amateurs de chiens de chasse, a ramené son fils et son petit-fils adolescent du Delaware. « C’est une bonne manière de lutter contre les rats de façon naturelle », assure-t-elle.
Les poisons prennent plusieurs jours pour exterminer ces rongeurs alors que les chiens leur brisent rapidement la colonne vertébrale, les empêchant de sentir quoi que ce soit. « Primitif mais efficace », lance la septuagénaire. Toujours pleine de vivacité et d’endurance, Teddy Moritz tape du pied sur une poubelle pour rediriger vers la meute un rat qui s’échappe.
Un « travail d’équipe »
L’équipe parvient à tuer plus de 30 rongeurs en l’espace de trois heures et pose gaiement pour quelques photos avec ses trophées, avant de les jeter à la poubelle. « Ce que vous venez de voir, c’est la définition même du travail d’équipe. Des chiens et des hommes travaillant ensemble pour exterminer la vermine afin d’aider notre ville », s’exclame Marshall Feinberg.
Il aimerait fonder une association qui fournirait à des entreprises de dératisation des chiens considérés comme trop agressifs pour être des animaux de compagnie. S’il existe peu de données scientifiques permettant d’attester de l’efficacité de la chasse aux rats, d’après Bobby Corrigan, spécialiste de ces rongeurs, cette pratique remonte à des centaines d’années lorsque les chiens étaient dressés pour lutter contre les rats dans les fermes. « Aucun doute là-dessus, ces derniers temps, les chiens sont de nouveau utilisés pour exterminer les rats », avec une hausse de la demande commerciale, assure-t-il.
Le poison peut par ailleurs nuire à d’autres espèces comme les faucons et les hiboux tandis que les pièges peuvent prendre des jours pour tuer les rats, faisant de la chasse l’option la plus humaine, selon M. Corrigan.
Les chats aussi
Mais les chiens ne sont pas les seuls à s’attaquer au problème de la prolifération des rongeurs en ville. Les chats font aussi leur part, chassant, eux, principalement les souris. Rue, une chatte errante mi-sauvage, devenue une star locale, a ainsi permis de venir à bout des souris de la jardinerie Greenstreet Growers à Alexandria, dans la banlieue de Washington. « Elle tue quelques souris mais elle a surtout un effet dissuasif », raconte Tim Williams, directeur des opérations du magasin. « C’est le double avantage fantastique d’avoir un chat ici, tout le monde aime la voir. »
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