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Abbé Pierre : quelques évêques au moins « étaient au courant dès 1955-57 »

septembre 16, 2024 14:10, Last Updated: septembre 16, 2024 14:28
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« Quelques évêques au moins » étaient au courant « dès 1955-1957 » du « comportement grave » de l’abbé Pierre envers les femmes », a affirmé lundi dans une tribune au journal Le Monde, le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Eric de Moulins-Beaufort.

« Il est désormais établi que, dès 1955-1957, quelques évêques au moins ont su que l’abbé Pierre avait un comportement grave à l’égard des femmes », souligne le président de la CEF, en rappelant que « des mesures ont été prises, dont une cure psychiatrique », et la désignation d’un adjoint (dit « socius ») dont le fondateur d’Emmaüs s’est visiblement « ingénié à tromper » la « surveillance ».

Ces mesures représentent « une réaction forte au regard des manières de faire de ce temps », souligne Mgr de Moulins-Beaufort.

Par ailleurs, dans ce texte, il « réaffirme le travail de l’Eglise en France pour que la vérité soit faite sur les faits d’agressions et de violences sexuelles, comme aussi sur les faits d’emprise spirituelle, et pour revoir ses fonctionnements ».

Une commission d’enquête lancée par Emmaüs

L’abbé Pierre décédé en 2007 – figure iconique en France et fondateur d’Emmaüs – est visé par une série de témoignages de femmes sur des violences sexuelles commises entre les années 1950 et les années 2000, et pour certaines visant des mineures.

Emmaüs, qui regroupe des associations et structures de solidarité présentes dans une quarantaine de pays, a depuis ces révélations lancé une commission d’enquête et l’Eglise a ouvert ses archives.

Dans sa tribune, Eric de Moulins-Beaufort « forme aussi respectueusement le vœu que le Vatican se livre à une étude de ses archives et dise ce que le Saint-Siège a su et quand il l’a su », après des propos du pape vendredi affirmant que le Vatican était au courant des accusations de violences sexuelles visant l’abbé Pierre, au moins depuis sa mort en 2007.

« Il était dangereux pour les femmes qui s’approchaient de lui »

L’archevêque souligne aussi que « l’on savait, au moins dans certains cercles d’Emmaüs, l’abbé Pierre étant encore vivant, qu’il devait être surveillé parce qu’il était dangereux pour les femmes qui s’approchaient de lui ».

Notant que de nombreux films et ouvrages ont été consacrés à l’abbé Pierre, qu’il a même été consacré « personnalité préférée des Français » dans les années 1990, Mgr de Moulins-Beaufort souligne qu’aucune victime n’avait souhaité parler à l’époque.

Donner enfin la parole aux victimes

« Désormais, elles le font » à travers plusieurs cellules d’écoute ou instances de réparation mises en place par l’Eglise. « C’est un immense progrès social », assure l’ecclésiastique qui promet aux victimes de l’abbé Pierre sa « détermination à ce que leur parole produise un effet ».

Dans sa tribune, Mgr de Moulins-Beaufort note aussi que « par choix personnel, l’abbé Pierre a presque toujours vécu à distance de tout cadre proprement ecclésial » et que « mettre en cause l’Eglise et le célibat sacerdotal n’est pas à la hauteur » de l’enjeu de société que représentent les violences sexuelles.

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