Le Premier ministre érythréen Abiy Ahmed, accueilli en héros dans son pays à son retour d’Oslo, a dit jeudi espérer rencontrer « bientôt » le président érythréen Issaias Afeworki, dans le but de donner un nouvel élan au processus de rapprochement qui lui a valu le prix Nobel de la paix.
« Je veux remercier les Éthiopiens et les Érythréens », a déclaré M. Abiy à l’aéroport d’Addis Abeba, après son retour d’Oslo, où le prix lui a été remis mardi et où il a été critiqué pour avoir expurgé toutes les conférences de presse de son programme.
« Je veux remercier en particulier le président Issaias Afeworki, et j’espère que nous nous rencontrerons bientôt », a ajouté celui qui a été accueilli jeudi par des centaines de personnes rassemblées à l’aéroport et dans les rues de la capitale éthiopienne, agitant notamment des drapeaux éthiopiens.
Mettre fin à un état de guerre entre ces deux voisins
M. Abiy, 43 ans, s’est vu attribuer le Nobel pour la réconciliation qu’il a menée tambour battant avec l’Érythrée, mettant fin avec le président érythréen Issaias Afeworki à 20 ans d’état de guerre entre ces deux voisins de la Corne de l’Afrique.
Mais lors de la cérémonie de remise du prix, la présidente du comité Nobel Berit Reiss-Andersen a souligné que ce travail de rapprochement « semble être au point mort ».
« Le comité Nobel norvégien espère que vos réalisations antérieures, conjuguées au surcroît d’encouragement que représente le prix de la paix, inciteront les parties à poursuivre la mise en œuvre des traités de paix », avait-elle dit.
La dernière rencontre entre MM. Abiy et Issaias date de juillet, à Asmara.
Tentatives de médiation dans une région tourmentée
Annoncé le 11 octobre, le prix Nobel de la paix récompense également ses tentatives de médiation dans une région tourmentée ainsi que ses réformes visant à démocratiser son pays, longtemps livré à l’autoritarisme.
L’accord de paix de 2018 avec Asmara a été suivi de la réouverture d’ambassades et de postes-frontières ou le rétablissement des liaisons aériennes. Mais depuis, plusieurs postes-frontières importants sont de nouveau fermés, et la question épineuse du tracé d’une partie de la frontière reste en suspens.
Des centaines de personnes s’étaient rassemblées à l’aéroport pour accueillir M. Abiy à son retour d’Oslo, dont des membres de l’ethnie oromo, la plus importante du pays et celle du Premier ministre, arrivés à cheval.
Certains portaient des t-shirts à l’effigie de M. Abiy, arborant le texte « la fierté de l’Afrique », tandis que deux fanfares ont joué au passage du convoi du Premier ministre dans les rues d’Addis Abeba.
Faire face aux défis avec des violences inter-communautaires
Fekadu Shiferaw Ayele, employé d’un hôtel devant lequel est passé le convoi, a déclaré à l’AFP espérer que le Nobel de la paix aiderait M. Abiy à faire face aux défis auxquels il est confronté en Ethiopie, en tête desquels des violences inter-communautaires, en amont des élections législatives prévues en mai.
« Nous sommes confrontés à des problèmes à de nombreux endroits du pays, mais cela peut nous apporter l’unité », a-t-il déclaré.
Un des cavaliers, Issa Musafa, a assuré que la cérémonie d’accueil a été organisée par des responsables de la région Oromia, et s’être levé avant l’aurore pour parcourir 20 kilomètres et rejoindre la capitale.
Les festivités du Nobel ont toutefois été ternies par le refus de M. Abiy de faire face aux médias à Oslo. Un refus que l’entourage de M. Abiy a attribué à son « humilité », que le jeune dirigeant a évoqué à plusieurs reprises ces derniers jours.
Pour Alemudale Gemeda, qui s’est joint à la foule ayant accueilli M. Abiy, ce refus de répondre aux questions de la presse n’est pas un problème. « Il n’a pas besoin de perdre son temps pour des choses aussi simples. Nous traversons de grandes transformations, notamment économiques, donc il doit se concentrer là-dessus ».
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