L’animateur de Touche pas à mon poste (TPMP), Cyril Hanouna , est au centre d’une nouvelle polémique après avoir pris à partie en direct le député de La France Insoumise (LFI), Louis Boyard qui mettait en cause le patron de la chaîne C8, Vincent Bolloré.
Au lendemain de cet incident d’une violence verbale rare, Louis Boyard a réclamé, le 11 novembre, une commission d’enquête parlementaire sur « les ingérences de Vincent Bolloré » dans les médias dont il est propriétaire. C8 (groupe Canal+), chaîne où est diffusée l’émission de Cyril Hanouna Touche pas à mon poste (TPMP) en fait partie.
Dans un communiqué, l’élu du Val-de-Marne a dénoncé « une tentative d’intimidation mais aussi (une) manifestation claire des méthodes de censure qui sont employées pour museler quiconque s’attaquerait à l’empire de ce milliardaire ». L’incident a éclaté après qu’il a mis en cause Vincent Bolloré lors de l’émission de jeudi soir.
La présidente des députés LFI, Mathilde Panot, a pour sa part annoncé avoir saisi le régulateur des médias, l’Arcom. Dans sa lettre de saisine, elle écrit que l’incident fait « craindre un tournant inquiétant ».
« Nous sommes saisis et nous allons examiner la séquence au regard des obligations de l’éditeur », avait indiqué plus tôt l’Arcom à l’agence France Presse (AFP), sans préciser si la saisine émanait de LFI ou de téléspectateurs. « Nous ne ferons aucun commentaire, ni C8 ni Cyril Hanouna », a enfin déclaré la chaîne à l’AFP.
« Abruti », « bouffon », « tocard »…
L’algarade d’une dizaine de minutes a eu lieu lors d’une séquence consacrée au bateau de migrants Ocean Viking. Invité en plateau, Louis Boyard, député depuis juin et ancien chroniqueur de l’émission, a accusé les « cinq personnes les plus riches » de France d’« appauvrir l’Afrique ». Il a cité Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+, auquel appartient C8.
« Bolloré t’a donné de l’argent puisque t’étais chroniqueur ici (et) ça te dérangeait pas », a répliqué Cyril Hanouna, en reprochant au député d’avoir voulu « faire un coup d’éclat ». Le ton est vite monté. « T’es un irresponsable Cyril, tu fais du mal à la France, tu fais monter le racisme et on a même pas le droit de critiquer Bolloré sur ta chaîne », a lancé Louis Boyard.
« Toi t’es une m***e », a renchéri l’animateur, après avoir traité le député d’« abruti », de « bouffon » et de « tocard ». Louis Boyard est parti sous les huées du public.
« Cette séquence (…) est bien la preuve que sur TPMP, on peut tout dire, et inviter tout le monde », a ensuite twitté Cyril Hanouna.
Une « audience populaire »
Pour le spécialiste en communication politique Philippe Moreau Chevrolet, interrogé par l’AFP, l’incident est « symptomatique d’une très grande violence vis-à-vis du politique ». Pour autant, il existe « une hypocrisie du milieu politique » envers Cyril Hanouna, relève M. Moreau Chevrolet, scénariste en 2020 de la BD « Le président », dans laquelle il imaginait l’animateur en candidat à l’élection présidentielle.
« Il y a un vrai piège démocratique : ils ont besoin de participer à TPMP pour exister en tant que force contestataire, parce que c’est l’un des seuls endroits à la télévision où on peut dire ce qu’on veut, y compris des positions dures, avec une audience populaire, de chômeurs, de gens au RSA », commente le politologue.
Plus largement, des responsables d’autres bords, dont des ministres (Marlène Schiappa), ont défilé ces derniers mois dans cette émission, accusée de chercher le buzz.
« On peut avoir une vision pure en décidant de ne pas y aller, mais alors on se prive d’un vecteur », a pour sa part expliqué le député LFI Manuel Bompard à l’AFP.
Fin octobre, Cyril Hanouna avait provoqué une autre polémique en appelant à un procès sommaire pour la meurtrière de la jeune Lola. Ses positions avaient été qualifiées de « négation de l’État de droit » par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. Là encore, l’Arcom est saisie.
TPMP est un succès d’audience, avec 1,8 million de téléspectateurs en moyenne et des pics à plus de 2 millions.
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