Gérald Darmanin a annoncé dimanche qu’il présenterait « dans les semaines qui viennent » en Conseil des ministres la dissolution d’Academia Christiana, un mouvement qu’il accuse de violence et d’apologie de l’antisémitisme.
« Nous présenterons leur dissolution en Conseil des ministres dans les semaines qui viennent », a déclaré dans un entretien au média en ligne Brut le ministre de l’Intérieur. « Sous prétexte d’une prétendue menace pesant sur les Français », ce groupe « légitime de façon récurrente la violence physique et le recours aux armes », a précisé à l’AFP une source proche du dossier.
Pour ce faire, « elle utilise un vocabulaire guerrier et incite de manière explicite ses militants à s’armer et à partir en ‘‘croisade’’ », a ajouté cette source. « D’autre part, et en cohérence avec cette menace qui guetterait la France, Academia Christiana présente la ‘‘légitime défense’’ comme nécessaire », a-t-elle encore dit.
« Jeunes chrétiens et hommes de bonne volonté »
Fondée en 2013 par quatre étudiants « fidèles à l’héritage gréco-romain », Academia Christiana se présente comme « un institut de formation, laboratoire d’idées et réseau d’initiatives », dont le but est de « former les jeunes chrétiens et les hommes de bonne volonté qui veulent s’engager au service du Bien commun ». Cette organisation est présidée par Victor Aubert, professeur de français et philosophie à l’Institut Croix des Vents à Sées (Orne), un établissement scolaire privé hors contrat dirigé par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, institut traditionaliste reconnu par Rome.
Le ministre de l’Intérieur a précisé dans son interview à Brut qu’« au moins trois autres groupes d’ultradroite » étaient dans le viseur des services de renseignement, sans donner de détails.
Après l’annonce de sa prochaine dissolution, Academia Christiana a reçu sur les réseaux sociaux de nombreux soutiens. Mais les commentaires reviennent régulièrement sur la probable erreur du Premier ministre. En voulant identifier un groupe menaçant d’ultradroite, il aurait confondu Academia Christiana avec Civitas.
Civitas, un mouvement « à la croisée de l’extrême-droite et de l’intégrisme catholique » selon le journal catholique La Croix. Son président aurait tenu des propos « antisémites » lors de ses universités d’été, ce qui avait poussé le ministre de l’Intérieur à prendre la décision, le 7 août, de leur dissolution.
Le mouvement constitué de catholiques traditionalistes semble être infiltré d’individus violents. À l’ouverture d’un concert d’orgue, « une quarantaine de militants Civitas sont venus occuper le porche, pour s’opposer physiquement à l’entrée des spectateurs », témoigne le maire de Carnac au média Ligne rouge, avant de découvrir « qu’ils ne sont pas venus seuls ». À l’intérieur de l’église, il repère, « en plus des membres de Civitas, une dizaine de militants d’ultradroite ». Pour éviter toute confrontation, le maire préfère annuler l’évènement.
Civitas est également un des initiateurs de l’annulation du concert du chanteur transgenre Bilal l’été dernier, qui devait se dérouler dans une église, à Metz. Civitas a également participé aux manifestations pour s’opposer à la construction d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Saint-Brévin-les-pins, en Loire Atlantique.
Le maire de Saint-Brévin-les-pins avait accepté de déplacer le centre, dont la localisation près d’une école avait soulevé des contestations. Il rapporte avoir été menacé et harcelé par « un groupuscule d’extrême-droite ». Lorsque sa famille et lui ont été visés à leur domicile par « un attentat criminel », le maire a fini par démissionner.
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