Accident d’avion en Indonésie: Jakarta ordonne l’inspection des Boeing 737 MAX

30 octobre 2018 15:43 Mis à jour: 30 octobre 2018 15:54

L’Indonésie a ordonné une inspection de tous les Boeing 737 MAX au lendemain de l’accident en mer d’un avion de Lion Air avec 189 personnes à bord, pendant que les secours poursuivaient leur macabre travail de récupération des restes humains. Le Boeing 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne à bas coût entré en service il y a seulement quelques mois a disparu des radars lundi, 12 minutes après avoir décollé de Jakarta. Il s’est abîmé en mer de Java, par 30 à 40 mètres de profondeur, peu après avoir demandé au contrôle aérien l’autorisation de revenir dans la capitale indonésienne.

Mardi, le ministre des Transports, Budi Karya Sumadi a annoncé avoir ordonné une inspection de « tous les Boeing 737 MAX », sans toutefois les clouer au sol.  Des dizaines de plongeurs ont été dépêchés sur le site de la disparition du vol JT 610, qui aggrave encore la réputation d’insécurité du secteur aérien indonésien. Mais dès lundi soir, les services de secours n’avaient plus guère d’espoir de trouver des survivants. Les équipes ont pour l’heure rempli 10 sacs mortuaires de morceaux de corps, a déclaré à la chaîne Metro TV Muhammad Syaugi, chef de l’Agence indonésienne de recherches et de secours. Les restes ont été envoyés à l’hôpital de la police de Jakarta pour des tests ADN.

Des familles éplorées les y attendaient, parmi lesquelles Hari Setiyono, dont le gendre se trouvait dans l’avion. « Ma fille n’a plus de mari, mon petit-enfant n’a plus de père », a-t-elle dit. Febby Mellysa, qui a perdu quatre membres de sa famille, reproche elle aux autorités de ne pas tenir les familles informées. « Elles devraient venir et tenir les familles au courant, sur ce qu’il s’est passé, combien de corps ont été retrouvés et ce qu’elles vont faire ensuite », a-t-elle affirmé à l’AFP. D’après le chef adjoint de la police nationale, Ari Dono Sukmanto, la dépouille d’un bébé figure parmi les corps retrouvés.

Les secours ont également rempli 14 sacs de débris divers, chaussures, portefeuilles ou vêtements. « Notre priorité, c’est de retrouver la principale carcasse de l’avion, à l’aide de cinq bâtiments de guerre équipés de sonars détecteurs de métaux », a déclaré Yusuf Latif, porte-parole de l’Agence de recherches. L’appareil avait pour destination Pangkal Pingang, localité de transit pour les touristes désireux de profiter des plages de l’île voisine de Belitung. Les deux boîtes noires n’ont pas été retrouvées.

Selon Lion Air, l’appareil avait été mis en service en août. Le pilote et le copilote totalisaient plus de 11.000 heures de vol et avaient passé récemment des examens médicaux. Le patron du transporteur, Edward Sirait, avait reconnu lundi que la compagnie avait dû effectuer des réparations sur l’appareil à Bali avant qu’il ne reparte sur Jakarta, sans préciser leur nature.  La BBC, qui a récupéré un carnet technique concernant le vol Bali/Jakarta effectué dimanche, a fait état du « manque de fiabilité » d’un instrument de mesure de la vitesse et de divergences dans les mesures de l’altitude entre les appareils du pilote et du copilote.

L’avionneur américain Boeing, qui a proposé une « assistance technique » à l’enquête, avait suspendu la sortie du 737 MAX l’année dernière juste avant sa première livraison commerciale, évoquant un problème de moteur, selon le site spécialisé airlineratings.com. Les moteurs sont issus d’une collaboration entre l’Américain General Electrics et le Français Safran, d’après la même source. L’archipel d’Asie du sud-est, qui compte 17.000 îles et îlots, est très dépendant des liaisons aériennes et les accidents sont fréquents.

Lion Air, principale compagnie aérienne à bas coût d’Indonésie, a annoncé l’an dernier l’achat de 50 Boeing 737 MAX pour 6,24 milliards de dollars. Le secteur aérien indonésien est en pleine croissance mais la réglementation laisse à désirer. Des compagnies indonésiennes ont été un temps interdites de ciel européen. Lion Air a été impliquée dans plusieurs incidents. Le plus grave, en 2004, une sortie de piste à Solo (centre de Java), avait fait 26 morts.

Après l’accident, des fausses nouvelles ont commencé à circuler sur internet dont l’une proclamant qu’un bébé avait survécu ainsi qu’une vidéo prétendant montrer des passagers paniqués. Sutopo Purwo Nugroho, porte-parole de l’agence de gestion des catastrophes, a démenti les deux « informations » et mis en garde contre la diffusion de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux.

D.C avec AFP

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