Un ex-radiologue septuagénaire a été condamné lundi à Bordeaux à 17 ans de réclusion criminelle pour des viols et agressions sexuelles sur des patientes qu’il a niés en bloc devant la cour d’assises.
Le ministère public avait réclamé 15 ans de réclusion à son encontre, pour des faits que ce praticien de Langon (Gironde) avait érigés en « système » et en « mode de vie », selon l’accusation.
Bassam el Absi, 71 ans, radié en 2019 de l’Ordre des médecins et désormais retraité, était accusé par huit femmes, d’anciennes patientes mais aussi une secrétaire médicale et une jeune fille âgée de 15 ans à l’époque des faits.
« Il estime que ce verdict est injuste », a déclaré à l’AFP un de ses avocats, Me Pierre Sirgue. L’avocat a déploré une décision « dans le droit fil de toute cette procédure, où tout a été fait pour aboutir à une culpabilité qui était la conviction des jurés dès le départ. Il n’y avait pas de marges de manœuvre pour faire valoir les doutes ».
« C’est le type de dossier actuel où les déclarations des victimes suffisent à établir la preuve de la culpabilité », a jugé Me Sirgue, qui prévoit de s’entretenir mardi avec son client pour envisager un éventuel appel.
Les faits exposés par les victimes
À l’audience, les victimes ont décrit des faits précis, attouchements au niveau des parties intimes ou pénétrations digitales. Une plaignante de 31 ans a expliqué à la cour ne plus avoir de « vie sentimentale » depuis six ans à cause de l’accusé : « il a bousillé ma vie, je ne sais pas si j’arriverai à faire un jour confiance à un homme ».
L’accusé septuagénaire, également condamné à un suivi socio-judiciaire de cinq ans, a fermement tout contesté. Il a expliqué sa façon de travailler, gestes à l’appui, réfuté des actes qu’il aurait commis et invoqué des raisons médicales pour nier avoir été en érection au contact de certaines femmes.
Double personnalité et une emprise sur ses patientes
« La multiplicité des victimes a pesé dans la réflexion des jurés, d’autant qu’on a appris en cours d’audience l’existence de trois nouvelles plaintes, dont une ne serait pas prescrite », a déclaré à l’AFP Me Sylvie Reulet, avocate d’une partie civile, qui a assuré que son « comportement très disqualifiant vis à vis des victimes » et sa « double personnalité » ont joué contre l’accusé.
Dans ses réquisitions, vendredi, la représentante du ministère public avait dénoncé « un système El Absi, un mode de vie El Absi » reposant sur l’emprise et utilisant « un double pouvoir ».
Le pouvoir « du statut de médecin et celui de l’argent qu’il gagne pour pervertir la relation aux femmes », avait-elle expliqué, en référence aux nombreux cadeaux que l’homme faisait à son entourage et ses salariés.
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