Mise en cause par Médiapart pour des propos jugés sexistes, homophobes et racistes, la député LREM Laetitia Avia, à l’origine du texte contre la haine en ligne, a annoncé qu’elle allait porter plainte en diffamation, parlant « d’accusations mensongères » et de « manipulation ».
Cette polémique intervient alors que l’Assemblée nationale à adopter ce mercredi la proposition de loi de la députée de Paris contre les contenus haineux sur internet grâce à une coalition LREM-Modem-UDI.
« Nous allons porter plainte contre le journaliste de Médiapart dans les prochains jours », a précisé à l’AFP son avocat Me Basile Ader.Avocate, Laetitia Avia s’est fait un nom à l’Assemblée en incarnant le combat contre les discriminations.
Laetitia Avia nous disait ne tolérer « aucun propos raciste », « nulle part ».
Dans cet enregistrement, les propos de la députée LREM ne sont ni des blagues, ni tronqués et ni tenus dans un cadre privé : pic.twitter.com/QbI3DjvI1D— David Perrotin (@davidperrotin) May 14, 2020
Mais les témoignages anonymisés de cinq de ses ex-assistants parlementaires recueillis par Médiapart viennent semer le trouble sur d’éventuelles contradictions entre le discours public de l’élue et ses pratiques au travail.
Dans l’article, la députée est accusée de propos sexistes, racistes ou homophobes comme lorsqu’elle écrit en 2018 après le vote d’un amendement LGBT: « on a voté l’amendement des PD », dans un échange copié par une capture d’écran reproduit par Médiapart.
Plusieurs anciens collaborateurs de Laetitia Avia confirment «tout» ce qui a été révélé par Mediapart dans l’enquête de @davidperrotin sur les dérives de la députée LREM.
Tout. https://t.co/iNVYL9z50m
— Fabrice Arfi (@fabricearfi) May 13, 2020
Sont également évoqués des moqueries sur le physique, la tenue vestimentaire de militantes ou d’une élue ou des humiliations, harcèlements et abus de pouvoir sur ses collaborateurs.
Réagissant sur Twitter, la députée a dénoncé un « acharnement » qui, dit-elle, « conduit à publier des accusations mensongères et incohérentes à la veille du vote final de la #PPLCyberhaine. Ce n’est pas un hasard ».
Après les premières révélations de Mediapart, de nouveaux documents contredisent la défense de la députée LREM Laetitia Avia. Certains de ses propos à connotation raciste ou homophobe ne sont pas des blagues proférées dans un cadre privé. https://t.co/legWcUrXkN
— Mediapart (@Mediapart) May 14, 2020
« Je n’ai jamais été raciste ou homophobe. Au contraire, mon parcours politique n’a pour raison d’être que la lutte contre le racisme et toutes les discriminations », se défend-elle évoquant « des bouts de messages privés (…) tronqués, détournés et décontextualisés ».
« De manière plus incongrue, la parlementaire charge son équipe de tâches comme réserver une place pour son mari à Roland-Garros, corriger des copies d’étudiants à Sciences Po dont Laetitia Avia est la professeure, ou… lui brumiser les jambes. » ? https://t.co/preDWhhJ5c
— Marianne (@MarianneleMag) May 13, 2020
« C’est de la manipulation honteuse, animée par un seul objectif: me nuire et porter atteinte à mon combat politique », dénonce également l’élue en se justifiant sur l’un des exemples évoqués par Médiapart.
« L’amendement des pd ? C’est l’expression qu’utilisait mon ex-collab, lui-même homosexuel, pour désigner cet amendement que j’ai soutenu. J’ai repris ses mots dans un message sans imaginer qu’il puisse être détourné. Ce détournement heurte, j’en suis consciente et désolée », dit-elle.
Quant à ses collaborateurs? « certains sont partis, aucun ne s’est jamais plaint de harcèlement. Presque tous m’ont sollicitée après leur départ, pour me demander des conseils, des recommandations, ou simplement me donner de leurs nouvelles – bien loin du tableau mensonger dépeint par l’article de Médiapart », dit-elle.
La présidence de l’Assemblée et celle du groupe LREM ont été avisées de l’affaire. La cellule anti-harcèlement lancée en février dernier a également été saisie ainsi que la déontologue.
Cette affaire dans l’affaire intervient alors que Mme Avia déposait à l’Assemblée une proposition de loi très controversée pouvant largement censurer la liberté d’expression dans le pays.
Loi Avia : » Ce texte va confier aux GAFAM le soin de réguler une liberté publique, le soin de censurer. C’est la société de la surveillance généralisée que l’on nous propose ». mon discours de Décembre dernier sur la loi Avia. pic.twitter.com/eLJnYCyqgB
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) May 13, 2020
Éric #Zemmour sur @CNEWS #LoiAvia : « Entre l’interdiction de sortir de chez soi et l’interdiction de s’exprimer, on va vraiment devenir un régime soviétique. On ne pourra plus parler que dans la cuisine, comme en URSS. C’est très grave »
— Zemmour Face à l’Info (@ZemmourFaceInfo) May 13, 2020
? « Ne croyez pas que la loi #Avia est une loi contre les discours de haine. C’est une loi qui est là pour organiser le débat public et renforcer la censure à priori par les plateformes déjà trop puissantes. C’est une catastrophe pour la pluralité du débat public. » pic.twitter.com/30MeIX7zSV
— Alexis Poulin (@Poulin2012) May 14, 2020
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