Dans un post publié jeudi sur le réseau social X, le président du Conseil européen a annoncé l’ouverture des négociations pour l’entrée de l’Ukraine et de la Moldavie dans l’Union européenne. Si de son côté Volodymyr Zelensky a salué « une victoire », la durée des négociations et de la procédure pour intégrer l’UE pourrait profiter à Vladimir Poutine. Cela pourrait aussi s’avérer difficile pour la Moldavie. Des forces russes occupent une partie de son territoire depuis une trentaine d’années. Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective & Sécurité en Europe (IPSE) et Patrick Edery, éditorialiste, ont partagé leurs points de vue avec Epoch Times sur cette question.
Une victoire pour l’Ukraine ?
« Les dirigeants européens se sont mis d’accord pour ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie », a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel le 14 décembre en marge d’une conférence de presse à Bruxelles. Un message qu’il a relayé sur son compte X.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a très vite réagi à la nouvelle en parlant de « victoire de l’Ukraine et de toute l’Europe » qui « motive, inspire et renforce ». Il en a également profité pour remercier dans une série de publications sur le réseau social d’Elon Musk certains leaders européens, dont Emmanuel Macron.
« C’est une grande victoire. Pour commencer l’entrée dans l’Union européenne, il faut bien que ce soit sanctuarisé et caractérisé. Après avoir déposé la demande en juin 2022, le statut de candidat de l’Ukraine est désormais une réalité. C’est une victoire symbolique qui donne de l’espoir à l’Ukraine au moment même où le front est en train de se stabiliser », nous confie le président de l’Institut Prospective & Sécurité en Europe (IPSE) Emmanuel Dupuy contacté par Epoch Times.
Cette ouverture des discussions n’allait pas de soi. La Hongrie qui souhaitait utiliser son veto s’est finalement abstenue. Mais Budapest a tout de même bloqué l’aide de 50 milliards d’euros destinée à l’Ukraine, privant ainsi les Ukrainiens d’une financière précieuse.
« Je suis partagé pour être franc. D’un côté, c’est bon pour le moral de la population ukrainienne. C’est un signe de solidarité important pour elle, surtout en ce moment. Mais les négociations en coulisse m’inquiètent, notamment le rôle que le Premier ministre hongrois Viktor Orbán peut y jouer », nous explique de son côté l’éditorialiste Patrick Edery.
« C’est quelqu’un qui a lutté contre le communisme. Il a participé à mettre les Russes en dehors de Hongrie, et en même temps en ce moment, on ne comprend pas beaucoup ce qu’il fait », ajoute-t-il.
L’obstacle du temps long des négociations et de la procédure d’adhésion
La très longue durée des négociations pourrait retarder les ambitions de Kiev de faire partie du club des 27. « Les négociations sont longues. C’est ce qu’on appelle l’acquis communautaire, c’est-à-dire 35 chapitres à accomplir, 300.000 pages de normes, de lois, de convergences et d’exigences de la part de l’UE », alerte Emmanuel Dupuy, avant de rappeler toutefois que « tous les pays qui ont adhéré à l’UE sont passés par là » et qu’il a fallu « une dizaine d’années pour qu’un certain nombre d’États puissent rentrer dans l’Union européenne ».
Le président russe pourrait également profiter de la situation pour avancer ses pions, finir d’envahir l’Ukraine, voire s’attaquer à d’autres pays comme la Moldavie.
« Vladimir Poutine a un plan pour grignoter l’Ukraine jusqu’en 2026. Il n’a que faire de l’ouverture des négociations. Il nous laisse le magistère de la parole, et pendant ce temps-là, il prend des territoires », nous assure Patrick Edery.
Mais pour Emmanuel Dupuy, le maître du Kremlin n’accorde que peu d’importance au processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et surveille de beaucoup plus près une éventuelle décision qui permettrait à Kiev de rentrer dans l’alliance atlantique.
« Vladimir Poutine ne fait pas grand cas de l’adhésion à l’UE, car il sait que le processus sera long. Mais il n’aura échappé à personne que la décision de rentrer dans l’OTAN n’est toujours pas prise. C’est ça qui le préoccupe », nous indique le président de l’IPSE.
« Pour que la Russie puisse envahir d’autres pays, il faudrait qu’elle en ait les moyens. Je rappelle que pour le moment les Russes n’ont pas réussi à envahir l’Ukraine et la Moldavie, précisément parce que l’UE et l’OTAN ont donné les moyens nécessaires à Kiev de se défendre », poursuit-il
Quid de la Moldavie avec la Transnistrie occupée ?
Le petit pays dirigé par Maia Sandu devra lui aussi relever de nombreux défis avant d’intégrer l’UE. En plus d’avoir comme l’Ukraine, une partie de son territoire occupée par les Russes, la Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Pour rappel, un rapport de l’Organisation internationale du travail datant de 2021 indique que le salaire minimum mensuel y est fixé à 50 euros.
« C’est un pays qui va avoir plus de difficultés que l’Ukraine pour rentrer dans le processus de l’acquis communautaire. Son économie est faible et une partie de son territoire, la Transnistrie, est occupée par des forces russes depuis 1990 », nous explique le président de l’IPSE.
« La présence de soldats russes en Transnistrie est autant un obstacle pour l’entrée de la Moldavie dans l’UE que l’est la présence des troupes du Kremlin en Ukraine pour Kiev. Mais ces deux pays ne vont pas rentrer aujourd’hui, plutôt dans une dizaine d’années », analyse-t-il.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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