Face à la dépendance des ados aux téléphones portables et en raison des dangers provoqués, en Espagne, des parents se sont mobilisés. Et c’est ainsi qu’est né, à Barcelone en septembre dernier, le mouvement Adolescence sans portable. Celui-ci fait de plus en plus d’émules, à tel point que le gouvernement espagnol s’est emparé du sujet.
L’utilisation du téléphone portable s’accompagne de la navigation sur internet et les réseaux sociaux, avec toutes les dérives que cela comporte. Pour ces raisons, des parents espagnols ont décidé de se regrouper au sein de ce mouvement Adolescence sans portable – dont le groupe Telegram compte actuellement plus de 10.000 membres – afin de dénoncer les dangers des écrans et la pression sociale incitant les jeunes à avoir un portable de plus en plus tôt, rapporte France 24.
« Les enfants font face à des images qui ne sont pas adaptées à leur âge »
La mode en Espagne veut que les élèves obtiennent leur premier téléphone portable dès leur entrée au collège. Or, pour Tamara Fernandez, psychologue et porte-parole de Adolescence sans portable, « les enfants font face à des images qui ne sont pas adaptées à leur âge ». « Aujourd’hui, les contenus violents ou pornographiques sont très faciles d’accès et c’est normal que cela effraie les parents », ajoute la porte-parole du mouvement, s’étonnant de l’ampleur que celui-ci a pris dans tout le pays.
Le mouvement a même reçu le soutien de plusieurs organisations officielles telles que l’Agence espagnole de protection des données et l’Ordre des médecins madrilènes. Le gouvernement espagnol, par le biais de sa ministre de l’Éducation Pilar Alegría, a proposé le 13 décembre dernier d’interdire le téléphone en primaire et de restreindre son utilisation au secondaire, avec la possibilité pour chaque établissement d’ajuster cette mesure.
Des élèves plus attentifs et concentrés, dans cet école sans portable
L’école bilingue de la banlieue madrilène Dragon American School, elle, n’a pas attendu cette proposition ministérielle pour faire l’expérience sans portable, relate encore France 24. Les professeurs de cette école notent une nette amélioration de la concentration chez les adolescents dans cet établissement, qui accueille 220 élèves âgés de 12 à 18 ans. Chaque matin depuis déjà trois ans, le smartphone de chaque élève est placé dans une pochette fermée et il est interdit aux adolescents de l’utiliser en cours de journée, et ce même durant la pause.
Dans cet environnement exempt de distractions numériques, Darcy Cadman, professeure d’anglais, remarque que les élèves sont davantage « attentifs », « qu’ils font plus attention aux uns et aux autres » et « sont aussi plus actifs en classe ». « En rangeant le téléphone dans une pochette, on gagne ces dix minutes qu’on met parfois pour obtenir l’attention des élèves. C’est vraiment agréable, car lorsqu’on arrive en classe, ils sont déjà assis et attendent que le cours commence », développe-t-elle auprès de nos confrères.
Et durant les récréations, plutôt que d’avoir les yeux rivés sur leurs téléphones, les élèves bavardent, certains jouent, d’autres lisent. Même si certains avouent avoir eu du mal à se soumettre à cette interdiction au départ, ils reconnaissent s’y être habitués.
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