Le Bureau du Sénat décidera jeudi de transmettre ou non à la justice les cas d’Alexandre Benalla et Vincent Crase, mais devra surtout trancher ceux de trois responsables de l’Élysée, question plus délicate qui divise la majorité sénatoriale de droite.
Sont nommément mis en cause le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, le directeur de cabinet Patrick Strzoda, et le chef du groupe de sécurité de la présidence, le général Lionel Lavergne.
« On ne dira que le droit, rien que le droit, tout le droit », insiste le président LR du Sénat, Gérard Larcher, sans rien laisser filtrer de plus.
« Le Sénat et la démocratie jouent gros », a prévenu pour sa part le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, évoquant « des pressions », sans toutefois nommer l’Élysée.
Benalla : le seul flic sincère devant le Senat perd son job.
Mentez, ou payez-en le prix. C’est la règle en commission.
https://t.co/AYDTAQ1HEZ— Nicolas Grégoire (@nicolasgregoire) 17 mars 2019
Transmettre à la justice les cas des trois responsables de l’Élysée est un dossier hautement sensible sur le plan politique, alors que la réforme institutionnelle voulue par Emmanuel Macron, et dont l’examen pourrait revenir en débat au parlement cet été, prévoit notamment une réduction du nombre de sénateurs.
#TerritoireSenat @fnb_officiel Rapport #Benalla : « Je n’imagine pas que le Procureur ne poursuive pas pour parjure. » pic.twitter.com/D1KzAUxMQT
— Public Sénat (@publicsenat) 21 février 2019
La commission sénatoriale sur l’affaire Benalla, du nom de l’ex-chargé de mission de l’Élysée, a rendu le 20 février un rapport d’enquête accablant, montrant des « dysfonctionnements majeurs » au sommet de l’État.
Il était accompagné d’une lettre adressée à M. Larcher, co-signée du président LR de la commission des Lois Philippe Bas et des corapporteurs Muriel Jourda (LR) et Jean-Pierre Sueur (PS) qui distinguait trois niveaux de saisine éventuelle du Parquet.
En ce qui concerne les deux principaux protagonistes de l’affaire, Alexandre Benalla et son acolyte Vincent Crase, ils ont demandé au Bureau du Sénat « de saisir le ministère public » de leurs déclarations sous serment, « susceptibles de donner lieu à des poursuites pour faux témoignage ».
L’étrange CV d’Alexandre Benalla, ses faux documents, les fausses signatures sur ses contrats de travail, son obsession d’être armé, ses récits loufoques sur un ministre en Velib sur le périph… « Benalla, c’est Rocancourt en politique». https://t.co/TnMsu6iwjg
— Michael Hajdenberg (@mhajdenberg) 19 mars 2019
Point plus polémique, ils ont demandé une saisine de la justice pour vérifier « un certain nombre d’omissions, d’incohérences et de contradictions » relevées lors des auditions des plus hauts collaborateurs du chef de l’État.
« Celles-ci laissent à penser que plusieurs d’entre eux (à savoir MM. Strzoda, Kohler et Lavergne, NDLR) ont retenu une part significative de la vérité », ont-ils souligné.
#TerritoireSenat @GrosdidierSenat Benalla:le Sénat doit-il saisir la justice pour les 3 collaborateurs de l’Elysée ? : « Il y a eu des pressions, surtout dans le cadre de la révision constitutionnelle. Un certain nombre de sénateurs se demandent s’ils n’ont pas beaucoup à perdre. » pic.twitter.com/dnYYBmfCUj
— Public Sénat (@publicsenat) 19 mars 2019
Enfin, ils ont souhaité laisser à l’appréciation du Parquet, au vu du rapport, « s’il y a lieu de procéder à des investigations concernant d’autres personnes et d’autres faits ».
Les conclusions de la commission avaient été contestées par la majorité présidentielle, criant au non-respect de la séparation des pouvoirs.
Le Bureau du Sénat, l’équivalent du conseil d’administration de la haute assemblée, se réunira à 8H30 pour statuer sur les requêtes de la commission qu’a été chargée « d’instruire » la vice-présidente centriste Valérie Létard.
D. S avec AFP
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