Depuis longtemps, la Chine considère la Russie comme son principal allié. Mais l’amitié apparente n’a pas empêché Pékin de recourir à des opérations d’espionnage et de vol de secrets industriels à son voisin du Nord.
Une récente affaire de trahison impliquant des avions de combat a mis en lumière la longue histoire de vol de technologie militaire russe par la Chine.
Team29, une association à but non lucratif d’avocats et de journalistes russes basée à Saint-Pétersbourg, a publié sur son site web un article détaillant le procès contre Roman Dmitriev, un technologue en aéronautique qui travaillait dans une usine gérée par le constructeur d’avions russe SC Sukhoi Co. à Komsomolsk-sur-Amour, une ville de l’Extrême-Orient russe.
Cette usine, qui était une société indépendante appelée Komsomolsk-sur-Amour Aircraft Production Association (KnAAPO) avant sa fusion avec Sukhoi en 2013, est chargée de la fabrication de différents modèles d’avions de chasse Sukhoi, dont les Su-27, les Su-33, les Su-35 et les Su-57, le dernier modèle disponible sur le marché et connu pour sa furtivité.
En octobre 2017, Roman Dmitriev, âgé de 27 ans, a été reconnu coupable de trahison et condamné à quatre ans et demi de prison par un tribunal de Khabarovsk. Il avait été arrêté et détenu depuis avril 2016.
Il a été reconnu coupable d’avoir divulgué des informations confidentielles sur les avions de combat Sukhoi et d’autres « secrets d’État » lorsqu’il a laissé des commentaires sur Airforce.ru, un forum en ligne de l’aviation russe. Dans l’un de ses commentaires, il s’agissait des accords russes de vente d’avions de combat, y compris des Su-35, à la Chine entre 2016 et 2020, ainsi que sur l’acquisition de ces chasseurs envisagée par l’Indonésie et le Pakistan.
M. Dmitriev a commencé à travailler chez KnAAPO comme mécanicien avant d’être promu technologue au département de construction. Selon l’article de Team29, il n’avait pas l’autorisation nécessaire pour accéder aux documents secrets de la société, mais il les a obtenus par le biais du réseau de l’entreprise. Un autre employé a mis ces documents sur le réseau.
Team29 a également noté que deux autres utilisateurs du forum en ligne avaient été arrêtés pour trahison en 2018.
Espionnage militaire chinois
Bien que rien n’indique que le dernier cas de trahison ait été orchestré par le régime chinois, Pékin a un dossier bien documenté de vol de technologie militaire en Russie depuis les années 1990.
Le vol le plus notable concerne le chasseur Su-27, dont les droits de construction ont été vendus par la Russie à la Chine en 1996. Cependant, les Russes ont depuis affirmé que Pékin avait violé l’accord de licence en fabricant des copies contrefaites de l’avion par le biais de l’ingénierie inverse et la modification du matériel original. Selon The National Interest, cela concerne également le chasseur chinois J-11, dont la conception est basée sur l’avion de chasse russe.
Récemment, la Chine a aussi été accusée de copier des avions civils russes. D’après le journal russe en ligne Vzglyad, la société russe OKB Atom a accusé de plagiat la coentreprise qui a construit, dans le cadre de la coopération sino-russe, l’avion de passagers CR929, présenté au salon aéronautique de Zhuhai, dans la province du Guangdong, le 7 novembre dernier. Alors que United Aircraft Corp. de Russie et l’entreprise d’État chinois Commercial Aircraft Corp. avaient créé une entreprise chinoise pour ce projet, OKB Atom a affirmé que la conception du CR929 avait été volée dans ses propres plans, qui avaient été soumis en 2016 pour un autre projet d’avion chinois.
Certains autres cas d’espionnage, découverts par les autorités russes, ont également profité à Pékin.
Le site d’information russe Gazeta a rapporté qu’un tribunal de Saint-Pétersbourg a condamné, en juin 2012, deux professeurs, Svyatoslav Bobyshev et Yevgeny Afanasyev de l’Université technique d’État de la Baltique, à respectivement 12 et demi et 12 ans de prison. M. Bobyshev a été reconnu coupable de « haute trahison pour avoir révélé des secrets d’État » à la Chine. M. Afanasyev était son complice.
Les deux professeurs ont été accusés d’avoir fourni aux responsables des services de renseignement chinois des informations sur le système de missiles balistiques Bulava, utilisé par les sous-marins russes, en échange de 7 000 dollars. Ils ont transmis cette information lors de voyages en Chine pour donner des conférences à l’Université polytechnique de Harbin, dans la province du Heilongjiang, entre 2007 et 2009. Ils ont commencé à donner des conférences à Harbin en 2003 et ont été arrêtés en 2010.
Selon The Guardian, en octobre 2011, le service de sécurité russe FSB avait révélé avoir arrêté, un an auparavant, un présumé espion chinois, Tun Sheniyun, qui s’était fait passer pour un traducteur afin d’obtenir des informations sur le système de missile anti-aérien russe S-300. La Russie a vendu et livré à la Chine 15 systèmes S-300 en 2010.
Ruslan Pukhov, analyste de la défense et directeur du Centre d’analyse des stratégies et des technologies basé à Moscou, a déclaré au quotidien The Guardian que le cas de Tun Sheniyun résultait probablement du fait que Pékin avait eu des difficultés à cloner la S-300 et souhaitait obtenir plus de documents sur ce système de missiles.
Frank Fang
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