Cécile Bourgeon est sortie de prison : la Cour de cassation a ordonné mercredi la tenue d’un nouveau procès en appel pour la mère de Fiona, et annulé sa condamnation à vingt ans de réclusion criminelle pour les coups mortels portés à la fillette en 2013. Elle comparaîtra libre à ce nouveau procès, le quatrième depuis le début de l’affaire.
Vers 20H, Cécile Bourgeon, ayant fini en septembre 2018 de purger la peine de cinq ans de prison prononcée en première instance, a quitté la prison de Lyon-Corbas, dissimulée sous une couverture à l’arrière d’une voiture, conduite par son beau-père.
La haute juridiction, dont les motivations n’étaient pas disponibles dans l’immédiat, a cassé le verdict prononcé par la cour d’assises de la Haute-Loire en février 2018. Le dossier sera donc rejugé en appel par une autre cour d’assises, selon Me Claire Waquet, qui défendait les intérêts de la jeune femme à Paris.
La Cour de cassation avait examiné en matinée les pourvois de Cécile Bourgeon et de son ex-compagnon Berkane Makhlouf contre leur condamnation.
Tous deux soulevaient plusieurs irrégularités procédurales qui avaient émaillé leur procès en appel.
Celui-ci avait abouti, le 11 février 2018, à leur condamnation à vingt ans de réclusion pour coups mortels sur la fillette de cinq ans, dont le corps n’a jamais été retrouvé depuis sa disparition en mai 2013 à Clermont-Ferrand.
L’avocate générale s’est prononcée en faveur de la cassation de cet arrêt de la cour d’assises pour quatre raisons : la défense de Cécile Bourgeon n’avait pas eu la parole en dernier, comme le prévoit le code de procédure pénale, lors d’une demande de renvoi du procès – cette demande de renvoi avait été rejetée sans motivation – Mme Bourgeon avait été condamnée pour coups mortels et non-assistance à personne en danger, deux infractions incompatibles, et un expert avait été entendu par la cour sans qu’on lui fasse prêter serment.
Il n’était pas possible de savoir en fin d’après-midi si la Cour avait retenu l’ensemble de ces motifs ou seulement certains d’entre eux.
« C’est (…) la victoire du droit et des principes cardinaux de notre procédure pénale, sur les a priori et fantasmes véhiculés par l’opinion publique et relayés par les parties civiles », ont réagi ses autres conseils, le cabinet Portejoie, dans un communiqué.
« Désormais libre », Cécile Bourgeon « attend avec sérénité un procès véritablement équitable », ont poursuivi les avocats.
« Je suis en colère, c’est un coup à péter les plombs. Elle comparaîtra libre et cela aura une incidence sur le jury », a regretté le père de la fillette Nicolas Chafoulais au micro de France Bleu Pays d’Auvergne.
« C’est n’importe quoi (…) Dehors pour elle, c’est dangereux, dehors elle est très mal « barrée ». La population va très mal le prendre de savoir qu’une assassin d’enfant se promène à côté de chez eux. Elle est moins en sécurité qu’en prison », a-t-il par ailleurs jugé.
Pour son avocat, Cécile Bourgeon « n’est pas pour autant innocentée » suite à cette décision. « Ce qui peut tout aussi arriver, c’est qu’elle soit à nouveau condamnée pour les faits criminels, à 30 ans de réclusion », a prévenu Me Charles Fribourg.
L’arrêt de février 2018 étant entièrement annulé, Berkhane Makhlouf sera également rejugé, selon une source judiciaire. La question de sa libération ne se pose toutefois pas, puisqu’il avait déjà été condamné à 20 ans de prison en première instance, une peine qu’il n’a pas terminé de purger.
Un premier procès en appel ayant tourné court à la suite d’une querelle entre avocats, il s’agira donc du troisième procès en appel dans ce dossier, qui n’a jamais permis de faire la lumière sur les circonstances de la mort de la fillette de cinq ans.
Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, deux ex-toxicomanes, insaisissables et murés dans leurs dénégations, n’ont cessé de se rejeter la faute ou d’avancer l’hypothèse d’un accident, au fil des 26 jours d’audience cumulés.
En première instance, en 2016, la cour d’assises du Puy-de-Dôme avait acquitté Cécile Bourgeon pour les coups mortels et l’avait condamnée à cinq ans d’emprisonnement pour avoir fait croire à un enlèvement de l’enfant.
D. S avec AFP
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